Fyctia

“ La noirceur, lorsqu’elle vient emplir ton esprit et ton subconscient, ne partira pas aussi aisément qu’elle est apparue. Elle se fait une place, comme si elle avait toujours été là, à ton insu. Tu peux l’éloigner pendant des heures, voire des jours. Mais elle reviendra, jusqu’au jour où tu t'en débarrasseras définitivement.” Jimmy Vernevoy

Orion - 18 ans

2 septembre 2023

Columbus - Ohio

En posant les cartons que j’ai dans les mains sur la table basse, je lève les yeux au ciel tout en secouant la tête. Mon colocataire à eu la mauvaise idée de laisser mon père choisir la playlist qui sera censée nous aider à nous motiver pour ranger toutes nos affaires au plus vite. Motivé ? je n’ai pas choisi le bon mot, je dirais plutôt de nous distraire et de nous retarder. Mon père à la fâcheuse tendance de mettre de la country dès qu’il en à l’occasion. J’ai grandi dans une famille qui à pour passion la musique et la danse country depuis des générations, qui à pour environnement, une maison qui est en ranch aménager. Je n'ai pas les mêmes centres d'intérêt qu’eux, ce monde là n’est pas ce qui m’attire. Pourtant je reste très proche de mes parents et de ma sœur, le vilain petit canard qui connait ce monde sous toutes ses coutures mais qui reste tout de même à part.

Mon paternel sourit en entendant la musique sortir de l’enceinte qui est dans un coin du salon encore vide de meubles. Il marche jusqu'au milieu de la pièce et commence à danser, ma mère le rejoint après avoir posé un carton. Dans un soupire, je me pince l’arrête du nez. Mes parents sont assez atypiques, ils sont décalés contrairement aux autres parents. Au début, quand je voyais mes parents déguisés en cowboy pour venir me chercher à l’école, je faisais tout pour les ignorer. Aujourd’hui, je m’en fous, ils sont comme ils sont et j’aime voir mes parents heureux et bien dans leur peau. Les santiags(1) de mes parents claquent sur le parquet neuf, en se déplaçant dans le salon de gauche à droite, mon père tient son chapeau en l’air et son autre main tient son ceinturon. Liam rigole en les voyant faire et tape dans ses mains pour les encourager à continuer. Maintenant plus de six ans qu’on ce connais et mon meilleur ami est toujours aussi admiratif devant mes parents. Il ne connaît pas grand-chose à la Country mais cela ne l’a jamais empêché d'apprécier passer de moments privilégiés avec ma famille. Je croise les bras sur ma poitrine en les regardant faire, le sourire qu'affiche leur visages irradie dans la pièce de vie.

J’ai la sensation d’avoir un gros nuage noir autour de moi, qu’à la moindre parole ou gestes de travers la noirceur englobe toute cette lumière. Mes paupières se ferment quelques secondes pour remettre mes idées en place, le sourire que je leur rends est sincère pour une fois et je compte bien en profiter.

A peine arriver que je vais déjà me faire remarquer par mes voisins du dessous pour le bruit des bottes et par ceux d’en face pour la musique qui résonne dans le couloir à cause de la porte ouverte. Liam se tient à côté de ma mère, je retient un rire en le voyant essayer de reproduire la danse. Les pas de bases sont plutôt assez simples mais selon le rythme de la musique, il faut s’avoir les enchainés. En poussant un profond soupir, je m’avance vers lui et le pousse doucement pour qu’il délègue sa place. Je lui fait signe de remettre la musique depuis le début et de bien nous regarder, il y a bien longtemps que je n’ai plus danser. Sa ne s’oublie pas, c’est comme le vélo. Je balance mes épaules en me déplaçant sur la droite tout en tenant le bord de mon jeans, nous repartons de l’autre côté. Quand le refrain retentit, nous tapons dans nos mains en faisant des petits sauts et en jetant nos jambes sur les côtés. Dit comme ça, c’est difficile mais la danse n’a rien de bien sorcier, il suffit d'être coordonnée avec ses jambes et de suivre le rythme. A peine j’ai su marcher que mes parents m’ont enseigné la danse, je suis comme Obélix, j’ai plongé la tête la première dans la marmite et j’ai grandi et évolué avec cette coutume. Face à ma mère, je prends ses mains et la fait tourner sur elle même, puis la fait revenir contre moi pour tourner avec elle. Son rire résonne dans la pièce, il déborde d’énergie et de sincérité, son stetson(2) blanc attérit sur ma tête, applatissant mes cheveux sur mon front. Elle pose sa main sur ma joue et la caresse tendrement, un geste qu’elle à l’habitude de faire depuis que je suis tout petit. Souvent cela signifie qu’elle va me dire quelque chose, en regardant ses prunelles briller, je comprends tout de suite que ce qu’elle va dire ne va pas me plaire.

(1)Bottes de Cowboy

(2)Chapeau de Cowboy