Fyctia
Manque à l'appel
Même si nous en savons assez peu sur ce Tugdual, Léa et moi n’imaginons pas que plancko soit un de ses proches. C’est plus instinctif que rationnel. Mais nous sommes maintenant immergées corps et âme depuis presque une semaine dans cette enquête et nous ressentons beaucoup plus de choses avec les tripes que nous pourrions le croire. D’ailleurs, je pense que ce plancko ne répondra plus jamais à Enzo alias Hadès, il a dû passer à autre chose. Je vérifie malgré tout le portable d’Enzo régulièrement, comme un réflexe qui me rattache à lui.
Nous devons donc maintenant attendre l’appel de Karl pour identifier les deux dernières victimes…
Nous nous posons la question d’enquêter sans attendre sur les neuf autres noms que nous lui avons transmis pour mettre à profit chaque heure qu’il nous reste. Quitte à utiliser le fameux FraudGPT dont nous a parlé Chris.
Nous sommes partagées entre l’angoisse de ne rien faire alors que le compteur tourne et l’inutilité de lancer des recherches certainement vaines alors que Karl nous communiquera les deux derniers noms dans quelques heures.
Finalement, nous faisons un compromis et décidons de rester un peu dans Ottakring avant de reprendre notre enquête dans l’après-midi. Nous achetons des börek à un des nombreux stands que nous dégustons sur un banc à l’ombre d’un arbre.
C’est la première fois que je me retrouve seule avec Léa et avec un peu de temps pour nous. Je profite de notre nouvelle intimité pour en apprendre plus sur elle :
- Je ne veux pas être indiscrète Léa mais as-tu quelqu’un dans ta vie ?
Elle se met à rougir.
- Oh non… J’avais un copain en école d’ingénieur mais notre relation n’a pas survécu à l’entrée dans la vie active.
- Et tu as des amies au moins ? Parce que c’est vraiment adorable de sacrifier ton travail et ta vie sociale pour Enzo et moi mais je ne voudrais pas te couper d’elles.
- Non, c’est normal, Enzo est mon meilleur ami tout comme Chris même si nous nous étions un peu perdus de vue. Et non, je n’ai pas beaucoup d’autres amies pour répondre à votre question. Comme vous l’avez remarqué, je suis un peu sauvage…
La tristesse au fond de ses yeux me fait beaucoup de peine.
- En tout cas, après une semaine de « co-location » avec toi, je peux te dire que tu es une fille formidable et que je suis très fière que mon fils ait une amie comme toi !
Son visage s’illumine à nouveau.
- Merci Lisa, vous êtes vraiment quelqu’un de bien.
- Merci pour ce compliment…
Je laisse passer un long silence avant de reprendre un peu gênée :
- Je ne veux pas te mettre mal à l’aise mais je me suis toujours demandé pourquoi tu étais arrivée aussi précipitamment à Ansfelden. Qu’est-ce qui avait nécessité de te changer d’école en pleine année scolaire ?
Je vois Léa se transformer à nouveau. Je savais que je n’aurais pas dû lui poser cette question.
La sonnerie de son téléphone me donne un peu de répit.
- Tiens, c’est Karl, pourtant ce n’est pas son heure ?
Léa décroche en mettant le haut-parleur :
- C’est votre jour de chance ! En me réveillant tout à l’heure, j’avais un message de mon client qui m’informait que la campagne d’intrusion était interrompue et ne reprendrait que lundi. J’ai donc continué à travailler sur votre affaire en prenant mon petit déjeuner.
Léa, qui a commencé à redescendre, me regarde en levant les yeux au ciel !
- Très bonne nouvelle Karl, j’espère que tu n’as pas renversé tes céréales sur ton clavier ?
- Lol, non ! Mais j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle !
- Ah non encore ! Il faut que tu arrêtes avec ça !
- Je commence par la bonne : comme pour Tugdual Kaya, j’ai réussi facilement à relier l’identifiant de Labopharm au dossier d’admission de l’Hôpital Hannouche. Et j’ai donc retrouvé la quatrième victime, le numéro 9182734 correspond à Johanna Luz.
Léa et moi notons religieusement le nom en lui demandant d’épeler chaque lettre.
- Super, et la dernière victime ?
- Voilà la mauvaise nouvelle ! Aucune trace de l’identifiant 8792374. Il n’est jamais rentré dans cet hôpital le 1er août, je peux vous le garantir.
Je regarde Léa perplexe.
- Il était peut-être très éloigné de Vienne quand il a ressenti les premiers symptômes ? Et a été soigné dans un autre hôpital ? Ou il est peut-être rentré quelques jours après à l’hôpital Hannouche ?
- C’est possible mais j’ai quand même l’impression qu’il a eu un parcours vraiment différent de celui des quatre autres victimes.
- Ah bon, qu’est-ce qui te fait dire ça, Karl ?
- Comme cela ne m’avait pris que quelques minutes pour trouver l’information dans l’informatique de l’hôpital Hannouche, je suis retourné sur le serveur de « Nord Wien Lab ». Avec les noms des troisièmes et quatrièmes victimes, j’ai finalement retrouvé la trace de leurs identifiants. Comme quoi quand on sait ce que l’on cherche, c’est toujours plus simple de le trouver !
- Ça je ne te le fais pas dire Karl !
- Mais pareil, dans les fichiers où apparaissent les 4 autres victimes, aucune trace de l’identifiant 8792374. Je peux quasiment vous dire avec la même certitude qu’il n’a jamais mis un pied à Nord Wien Lab non plus.
7 commentaires
Leo Degal
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Il y a 14 jours
MarwanS
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Il y a 19 jours
NohGoa
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Il y a 22 jours
Blanche de Saint-Cyr
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Il y a un mois
DOM75
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Il y a un mois