Fyctia

Toutes excitées par cette nouvelle découverte, nous revenons précipitamment à l’appartement de Léa pour en savoir plus sur le rôle qu’a joué l’hôpital Hannouche auprès de nos victimes.

A peine débarrassées de nos manteaux, je me poste fièrement devant notre « tableau d’enquête » et juste au-dessus de la date de décès, je rajoute la date d’admission à l’hôpital.

Léa s’est déjà replongée dans son ordinateur.

- Alors, il faut que je retrouve la date d’admission de Werner Braun à l’hôpital Hannouche, je suis certaine de l’avoir vue dans mes recherches…

Je fais les cents pas dans le petit appartement de Léa. C’est la première fois que je reste aussi longtemps loin de chez moi mis à part les quelques vacances que nous nous sommes octroyées avec Enzo quand il était petit. Même si l’excitation de l’enquête et l’espoir de sauver Enzo me portent, je ne me sens pas très bien. Mais Léa interrompt mes pensées :

- Ah, ça y est, je savais bien que j’étais déjà tombée dessus ! Il a été admis le 1er août 2022.

- Soit 4 jours avant sa mort…

- Oui, Il faut que je trouve la date à laquelle Eva Kremer a été admise maintenant pour voir si nous pouvons en déduire quelque chose mais ça peut prendre un moment.

- Justement Léa, j’aimerais en profiter pour faire un aller-retour à Ansfelden via Linz rapidement. Je passerai voir Enzo et je récupérerai des vêtements chez moi.

Je m’attendais à un sermon de sa part mais non. Elle est déjà absorbée par ses recherches et marmonne juste un son que j’interprète comme un « d’accord ».

- Très bien, je vais nous préparer quelque chose à manger vite fait et j’irai prendre le train en début d’après-midi. Et je me lèverai tôt demain matin pour être dans le premier train et te retrouver en milieu de matinée.

- Comme vous voulez Lisa.

Je lui prépare des sandwichs pour qu’elle puisse les manger sans s’interrompre et je m’éclipse discrètement. Sur le chemin du retour, je me refais le film de ces derniers jours en essayant de rester calme.

D’abord, je découvre qu’Enzo a retrouvé son père pour une raison mystérieuse et sans m’en parler.

Ensuite, j’apprends que le tuteur de son stage de fin d’étude, Monsieur Dietrich, s’est suicidé. Mais je ne sais même pas si Enzo est au courant.

Et surtout, un de ses anciens collègues m’annonce qu’à cause d’une erreur qu’il aurait commise sur les données des tests pré-cliniques, cinq personnes sont mortes !

J’ai toujours du mal à croire que mon Enzo soit mêlé à cela même si je sens l’angoisse remonter.

J’arrive à la gare de Linz et passe tout de suite le voir. Malheureusement, je ne vois aucune amélioration de son état de santé, même si je n’en attendais pas. Je lui raconte la tournure que prend l’enquête et notre recherche des proches des cinq victimes pour essayer de comprendre comment il est tombé dans le coma. Je lui dis aussi à quel point je suis fière de sa copine Léa et du « coup de pied aux fesses » qu’elle m’a donnée pour me réveiller.

J’attends suffisamment dans la chambre d’hôpital pour croiser le responsable du service qui ne veut rien entendre quant à une prolongation de la prise en charge d’Enzo. Je lui promets de trouver une solution d’ici lundi prochain. Dans la foulée, je passe au service administratif pour récupérer un dossier de prise en charge au cas où je devrais utiliser les vingt mille euros que j’ai de côté pour financer son maintien à l’hôpital pour quelques jours de plus.

J’arrive finalement assez tard dans la soirée à mon appartement d’Ansfelden que je suis contente de retrouver pour une fois ! Tiens Léa m’a appelée et je ne m’en suis même pas rendu compte. Je la rappelle immédiatement. Elle est tout énervée :

- Lisa, Eva Kremer a été aussi admise le 1er août à l’hôpital Hannouche ! J’en ai bavé mais j’ai réussi à trouver l’information en faisant différents recoupements !

- C’est incroyable et du coup tu penses que les cinq victimes auraient été admises le 1er août ?

- Ça se tient. Le traitement leur a été inoculé à toutes le même jour, le 20 juillet. Je ne suis pas médecin mais nous pouvons imaginer que les premiers symptômes se déclarent en même temps chez toutes les victimes.

- Ce serait une information très précieuse. Il nous faut maintenant trouver toutes les personnes qui ont été admises à l’hôpital Hannouche le 1er août.

Je sens un silence gêné de la part de Léa puis elle reprend :

- Je vais en avoir pour des jours et des jours à croiser les quelques données disponibles pour essayer de retrouver ces personnes.

- Je ne me rends pas bien compte mais j’imagine que oui.

- Alors que Karl irait beaucoup plus vite en accédant directement aux serveurs de l’hôpital pour récupérer la liste des admissions, je lui fais tout de suite un message.

Je ne veux pas doucher son enthousiasme mais je ne le sens pas et je n’ai pas envie de griller la possibilité de refaire appel à Karl quand ce sera nécessaire.

- Attends Léa, de ce que j’ai compris du mode de fonctionnement de Karl, il risque de nous envoyer promener.

- Ben, pourquoi ?

- Déjà, il a insisté sur le fait qu’il n’avait pas le temps dans la semaine et ensuite tu vas lui demander de retrouver une liste de noms couverte par le secret médical. Et la majorité des personnes sur cette liste n’auront rien à voir avec notre enquête.

- Je ne pense pas que ça le gênerait mais qu’est-ce que vous proposez ?

- Il faut que nous lui montrions que nous l’appelons car nous avons déjà essayé toutes les autres pistes. Nous étions encore avec lui hier au téléphone. Si nous le rappelons dès aujourd’hui, il va avoir l’impression que nous le harcelons tous les jours et va nous envoyer balader.

- Je comprends votre analyse psychologique du personnage Lisa mais quelle autre piste avons-nous ?

Je repense à mon périple dans les différents services de l’hôpital Kepler qui m’a occupée toute la fin d’après-midi.

- Nous allons faire à l’ancienne Léa, avant que vos réseaux sociaux, hackers et autres IA n’existent ! Nous allons essayer de trouver la liste des admissions du 1er août en nous rendant sur place, à l’hôpital Hannouche.