Fyctia

Je me réveille pour la première fois avec la sensation d’avoir bien dormi. J’attends que Léa se lève également et nous prenons notre petit déjeuner ensemble.

- Je vais appeler l’hôpital ce matin en leur expliquant que nous sommes en train de trouver la raison de son coma pour qu’ils acceptent de garder Enzo encore un peu.

- Je n’ai pas grand espoir mais vous avez raison, il faut essayer de gagner du temps Lisa. De mon côté, je vais continuer à essayer de recouper les dates de décès pour identifier les autres victimes.

J’ai très envie de retourner à Linz pour voir Enzo et serrer sa main, lui raconter tout ce que nous faisons pour lui avec Léa. Depuis qu’il est dans le coma, c’est la première fois que je reste aussi longtemps sans le voir. Mais comme notre enquête progresse, je ne veux pas abandonner Léa.

D’ailleurs, elle avait raison. Malgré toutes mes supplications, l’hôpital a juste accepté d’attendre lundi prochain pour le débrancher pour que nous puissions passer un dernier week-end avec lui. Sinon, il faut payer mille huit cents euros par jour pour qu’ils le maintiennent branché aux machines ! Désespérée, j’en fais part à Léa qui réagit aussitôt :

- Ne vous inquiétez pas Lisa, j’ai quelques économies, cela nous permettra d’avoir quelques jours de plus.

- Ce n’est pas à toi de payer Léa. Moi aussi, j’ai vingt mille euros que j’avais mis de côté pour ma retraite. Mais, cela nous permettra juste de tenir une dizaine de jours en plus.

- Et pourquoi vous ne demandez pas également à son père maintenant qu’ils ont repris contact ?

- Oh non, Léa, je ne veux rien lui devoir…

Mais je suis interrompue par la sonnerie du téléphone de Léa. C’est Karl ! Léa met tout de suite le haut-parleur :

- Bonjour, j’espère qu’à cette heure-ci, je ne vous réveille pas ! dit-il d’un ton enjoué.

- Non, non, nous t’écoutons Karl.

- J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle… Vous voulez que je commence par laquelle ?

Nous nous regardons avec Léa d’un air désabusé. Alors que nous sommes hyper stressées pour essayer de sauver Enzo tant qu’il en est encore temps, Monsieur fait de l’humour ! Je veux mettre fin à ce suspens :

- La bonne Karl, la bonne.

- Eh bien, j’y ai encore une fois passé toute la nuit mais j’ai retrouvé l’identité d’une deuxième victime dans les serveurs de Nord Wien Lab, la 4568123.

- Ah ! Formidable !

- Il s’agit d’une certaine Eva Kremer qui habite Vienne apparemment.

Léa se met immédiatement à rechercher des informations sur elle sur son ordinateur pendant que je continue la conversation :

- Mais quelle est la mauvaise nouvelle alors ?

- Aucune trace des trois autres victimes. Soit, ils ne sont pas passés par Nord Wien Lab, soit tout a été effacé. Pourtant j’ai fouillé partout.

- Encore merci pour le temps passé Karl mais alors comment allons-nous faire ?

- Je n’en ai pas la moindre idée. Si vous avez d’autres pistes, rappelez-moi mais je n’aurais pas le temps avant le week-end prochain. Je suis sur une campagne d‘intrusion pour un gros client toute cette semaine. Je vais déjà y passer toutes mes nuits.

Je raccroche et je ne sais pas trop quoi penser. Je suis excitée à l’idée d’enquêter sur une deuxième victime mais en même temps angoissée à l’idée d’être complétement bloquée ensuite…

Je me lève et vais écrire le nom d’Eva Kremer dans la deuxième case de notre tableau. Léa est concentrée sur son ordinateur et je ne veux surtout pas la déranger avec mes angoisses.

- Alors, tu as trouvé quelque chose sur cette Eva Kremer ?

- Oui, c’était une étudiante à Vienne donc c’est facile, toute sa vie est sur les réseaux sociaux.

- Sherlock Holmes s’ennuierait s’il revenait à notre époque !

- Alors apparemment, elle avait un petit copain et surtout une meilleure amie avec laquelle elle semblait inséparable. J’essaye de trouver leur adresse.

- Très bien, tu as leurs noms ?

- Jakob Hüller pour le copain et Elisabeth Ferrari pour son amie.

Je mets scrupuleusement à jour le tableau. D’ailleurs, je vois que j’avais noté la date de décès de la première victime.

- Et tu as sa date de décès ?

- Le 17 août 2022.

- Le médicament leur a tous été administré en même temps mais ils ne sont pas morts au même moment…

- Cela paraît logique, j’imagine que ça dépend aussi de leur âge ou de leur état de santé me répond Léa en regardant le GPS de son téléphone. J’ai l’adresse de son amie, on y va ?