Nicolasm59 Coma Victime n°1

Victime n°1

Il est seize heures ce dimanche et nous décidons de transformer la pièce principale du petit appartement de Léa en bureau d’enquête. Nous poussons un peu le canapé qui me sert de lit et installons un tableau blanc qui traînait dans un placard sur la commode.


Et comme dans les films, nous commençons à indiquer les éléments essentiels que nous avons récupérés jusqu’à présent et divisons ensuite le tableau en cinq parties pour écrire ce que nous trouvons sur les cinq victimes. J’écris le nom de Werner Braun dans la première case.


- Léa, je te laisse regarder tout ce que tu trouves sur lui et je vais noter les informations essentielles qui nous permettraient d’impliquer un de ces proches dans le coma d’Enzo.

- C’est parti Lisa. Alors je vois déjà sur l’acte de décès qu’il avait 45 ans… Ses parents ne sont plus en vie, il ne semble pas marié… En revanche, il a un frère Helmut.


Je le note scrupuleusement, tout excitée.


- Et qu’est-ce que tu peux me trouver sur cet Helmut Braun ?

- Alors, il n’y a pas grand-chose. Ah si, j’ai accès à son compte facebook !


Je me rapproche et nous découvrons des photos d’Helmut en vacances au bord d’une plage paradisiaque. Nous remontons le temps et nous avons l’impression qu’Helmut enchaîne les voyages aux quatre coins du monde.


- Regarde sur cette photo Léa !


Nous distinguons Helmut avec une jeune femme dans les bras devant une magnifique voiture qu’il venait apparemment juste d’acheter. C’était il y a un peu moins d’un an.


Nous continuons notre voyage dans le passé et l’ambiance change complétement. Toutes les photos plus anciennes d’Helmut sont prises chez lui avec son chien ! Il donne vraiment l’impression d’être un célibataire casanier.


- C’est moi ou l’argent qu’il a touché de Labopharm l’a rendu beaucoup plus heureux ? me demande Léa.

- En tout cas, c’est clairement l’impression qu’il donne sur ses photos. Et Il ne renvoie pas l’image de quelqu’un qui aurait envie de se venger.

- Et tu ne trouves pas de trace d’un autre proche de Werner. Un meilleur copain, une petite amie ?


Léa repart de plus belle dans ses recherches pendant que j’écris Helmut au tableau et que je tire un trait entre Werner et lui en écrivant « frères » au-dessus.


- Non, rien du tout comme si son frère ou Labopharm avait effacé toutes les traces.


Je suis très frustrée et fait les cents pas devant le tableau. Je ne peux pas juste attendre que Karl nous rappelle. Pour m’occuper les mains, je reprends machinalement le portable d’Enzo que j’avais un peu délaissé ces derniers temps et regarde s’il n’y a pas un message de plancko.


Mais non, toujours rien.


- Léa, je ne peux pas rester là à attendre. Je t’invite au restaurant à Korneubourg. Nous en profiterons pour essayer de nous renseigner sur Werner Braun ou son frère Helmut.

- Je ne suis pas certaine qu’il y ait beaucoup de monde un dimanche soir dans une aussi petite ville que Korneubourg, cependant je connais une Gasthaus très sympa. Et ce n’est qu’à une petite demi-heure de train.


Nous nous mettons immédiatement en route.


Pour la première fois depuis longtemps, je me sens vivante, utile. Je reste très inquiète pour Enzo bien sûr. Qu’a-t-il bien pu faire comme fautes pour en arriver là ? Et je ne veux surtout pas le perdre à la fin de la semaine. Mais cette nouvelle complicité avec Léa me fait beaucoup de bien. Elle est peut-être la fille que j’aurais tant aimé avoir ? A moins qu’elle soit la belle fille que j’aimerais tant avoir ?


Prises dans notre enquête, nous réfléchissons toutes les deux dans le train au meilleur moyen d’obtenir des informations sur notre première victime. Comme nous n’avons absolument rien trouvé sur lui sur le net mais qu’il a à peu près mon âge, nous tombons d’accord pour en faire un de mes anciens copains de promo de l’université. Et je cherche à le retrouver pour l’inviter à un repas des anciens. Léa jouera le rôle de ma fille dévouée qui m’accompagne. Ce n’est vraiment pas terrible comme scénario mais nous n’avons rien trouvé de mieux !


Léa ne m’avait pas menti sur la réputation de la Gasthaus. Nous avons très bien mangé mais malheureusement la serveuse est nouvelle et n’a jamais entendu parler d’un Werner Braun. Et le patron n’a pas le temps de discuter avec nous en plein service.


Après le repas, nous nous dirigeons donc vers le seul bar ouvert le dimanche soir. Bien que ça ne me plaise pas du tout, Léa m’a assuré que si nous nous attablons pour boire un verre, des hommes viendraient nous aborder et nous pourrons essayer de leur tirer les vers du nez. Elle semble bien plus expérimentée que moi sur ce genre de choses.


Et effectivement, après quelques minutes d’attente à siroter mon spritz et à observer l’ambiance tristounette et essentiellement masculine du bar, deux hommes d’une trentaine d’année viennent s’assoir à notre table :


- Bonsoir, qu’est-ce que deux charmantes créatures comme vous viennent faire à Korneubourg un dimanche soir ?


Mon dieu, j’avais oublié à quel point cela peut être lourd, un homme, dans un bar, le soir ! J’en reste sans voix. Heureusement Léa semble moins surprise que moi.


- Ma mère essaie de retrouver un de ses copains de l’université pour une fête qu’elle organise.

- Ah bon ! Un habitant de Korneubourg qui est allé à l’université ? Il ne doit pas y en avoir beaucoup, s’esclaffe l’un des deux dom juan.

- Et comment il s’appelle ? demande l’autre


Ayant repris mes esprits malgré le regard lubrique que me jette l’un d’eux, je rentre dans la conversation :


- Werner Braun.

- Lui, être allé à l’université, ça m’étonnerait ! Il savait à peine lire ! Mais vous n’avez pas de chance, il a disparu il y a environ un an.

- Oui, il paraît qu’il a gagné à l’euromillion avec son frère et ils se sont fait la malle tous les deux.


Léa et moi nous regardons d’un air entendu.


- Et vous n’avez pas de nouvelles de son frère non plus, il pourrait peut-être nous aider à contacter Werner ?

- Rien de rien, moi je connaissais bien Helmut et je n’ai plus jamais eu de contact. Je pense qu’il se la coule douce dans une île paradisiaque quelque part.


La situation me paraît limpide. Je laisse Léa trouver l’excuse nous permettant de leur fausser compagnie et nous prenons le train de retour.


Arrivée dans l’appartement, je raye le nom de Werner Braun avant de m’écrouler sur le canapé. Il va falloir trouver notre coupable parmi les autres victimes.


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12 commentaires

alsid_murphy

-

Il y a 16 heures

Like de fin de concours 🙂

Dine79

-

Il y a 2 mois

💞 toujours là !
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