Fyctia
A Grinzing
Quand nous arrivons devant la maison d’Herbert Freudmann, ou plutôt celle de ses parents, nous mettons à exécution le plan que nous avions savamment concocté dans la voiture.
C’est moi qui irais sonner à la porte avec Martha juste derrière. Au cas où ce seraient ses parents qui ouvriraient ou si Herbert était seul pour ne pas l’intimider. Danielo, courageux mais pas téméraire, resterait au volant de la voiture pour être prêt à redémarrer en trombe si la situation l’exigeait. Et Francesco et son cousin s’étaient déployés discrètement dans le jardin de part et d’autre de la maison pour être prêts à intervenir si Herbert alias plancko devenait menaçant.
Encouragée par Martha et malgré mon stress intense, je sonne plusieurs fois avant qu’une lumière ne s’allume à l’étage. J’entends quelqu’un descendre les escaliers et la porte s’ouvre sur un jeune de l’âge de mon fils, les cheveux en pétard et qui vient visiblement de se réveiller.
- Vous devez être Herbert, j’imagine ?
- Oui et vous vous êtes qui ?
- Je suis la maman d’Enzo avec qui vous étiez en stage chez LaboPharm.
- Ah ! C’est bizarre que vous ne veniez que maintenant, vous pouvez entrer…
Je suis très surprise de sa réponse et de son aplomb. Cela ne m’inspire pas confiance. J’ai peur de tomber dans un traquenard mais Martha commence à s’avancer en faisant discrètement un signe d’apaisement aux cousins.
- Et elle c’est qui ?
- C’est mon amie Martha, elle m’accompagne.
Et une fois que nous sommes toutes les deux à l’intérieur, il referme la porte.
- OK, si vous êtes là, c’est que j’imagine qu’Enzo vous a tout raconté ? m’assène-t-il.
- Non, il n’en a pas vraiment eu le temps !
Son arrogance me choque et pour tout dire commence vraiment à m’énerver. Je suis maintenant certaine que c’est lui ce plancko qui a mis mon fils dans le coma.
- Pourtant, ça fait plus d’un an ?
- Il est dans le coma depuis des mois, pauvre abruti ! lui dis-je en criant à bout de nerfs.
La surprise se lit sur son visage. Martha fait signe par la fenêtre aux cousins que c’est une fausse alerte et vient m’entourer de ses bras pour m’apaiser alors que je suis toute tremblotante :
- On se calme, on se calme. Désolé Herbert, Lisa est très tendue depuis qu’Enzo est dans le coma. Dis-nous donc, qu’est-ce qu’Enzo aurait dû raconter à sa maman ?
- Je ne savais pas qu’il était dans le coma… Mais il aurait dû vous dire qu’il avait provoqué la mort de 5 personnes avec ses conneries.
- Comment ça ? dis-je en pleurnichant.
Mes jambes n’arrivent plus à me porter et Martha m’accompagne jusqu’au canapé où elle vient s’assoir à côté de moi tandis qu’Herbert se met face à nous pour continuer :
- Ben, Enzo détestait son stage et il ne pouvait pas saquer Dietrich. Il sentait bien qu’il n’allait pas avoir la moyenne. Et qui dit « pas de stage validé », dit « pas de diplôme ». Et il voulait absolument partir de chez lui, il ne supportait plus sa mère, sauf votre respect M’dame.
- Petit con !
C’est sorti tout seul ! J’ai l’impression qu’il me parle d’un étranger. Comment ça, Enzo ne me supportait plus ? On ne se disputait jamais ! Ce Herbert est un mytho, j’en suis certaine.
- On se calme, continue Herbert, propose Martha
- Comme il ne savait pas comment faire, il a décidé de trafiquer une partie de ses résultats pour avoir une meilleure note.
Ça en est trop, je hurle :
- Je ne te crois pas, pas Enzo !
- C’est pourtant ce qu’il a fait et ça a marché parce que finalement le vieux Dietrich, agréablement surpris par les résultats d’Enzo nous a mis la moyenne à tous les deux.
- Et c’est quoi le rapport avec les 5 morts des essais cliniques ? questionne Martha tout en me serrant dans ses bras de peur que je ne vacille.
- Enzo et moi, nous travaillions sur des données issues des test pré-cliniques. Mais c’était sur une base de test déconnectée du reste, il n’y avait aucun risque. Nous n’étions qu’avec Dietrich ce soir-là, le dernier soir. Enzo m’a demandé d’aller prendre un café avec Dietrich pour qu’il reste seul et puisse modifier ses données. Et Enzo n’a pas remarqué qu’il était sur un poste sur lequel Dietrich était resté connecté. Or lui, c’était le seul à avoir accès aux données pré-cliniques réelles. Et donc en modifiant ses données de test, Enzo a aussi modifié les vraies données pré-cliniques.
Cette histoire me paraît délirante ! Je ne vois pas mon Enzo faire ça et ce serait si simple de modifier des données médicales ? Qui doivent être vérifiées je ne sais combien de fois par je ne sais combien de personnes différentes ! Et le pire c’est que Martha a l’air de gober ce faux témoignage ! Mais je ne me laisse pas faire :
- Mais je ne comprends pas, ce n’est pas possible qu’Enzo ait fait ça ! C’est un accident ! Et toi tu le faisais chanter en te cachant derrière Plancko au lieu de l’aider ! C’est quoi cette « preuve » que tu lui avais envoyée ?
- Je ne sais pas de quoi vous parlez ? Je n’ai plus jamais eu le moindre contact avec Enzo depuis la fin du stage ?
- Tu mens, espèce de salopard, tu as voulu tuer mon fils.
Et je me jette sur lui pour l’étrangler
- Je suis certain que c’est toi qui as falsifié les données et qui fais porter le chapeau à Enzo !
Martha me retient comme elle peut et fait signe à Francesco de venir l’aider.
- Excuse-nous Herbert, comme tu le vois, ça fait trop à supporter pour une pauvre mère. Notre ami Francesco qui vient de rentrer va la raccompagner à la voiture.
- Elle est complétement folle, c’est Enzo l’assassin, pourquoi dit-elle que j’ai voulu le tuer ? répond Herbert, encore sous le choc.
- Elle est très perturbée, excuse-là. Encore merci pour ce témoignage.
29 commentaires
alsid_murphy
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Il y a 17 heures
Leo Degal
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Il y a un mois
Nicolasm59
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Il y a 25 jours
Blanche de Saint-Cyr
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Il y a 2 mois
Nicolasm59
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Il y a 2 mois
Naelly2023
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Il y a 2 mois
ninaracely
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Il y a 2 mois