Fyctia

Je sors de chez Madame Dietrich encore plus perturbée que lorsque j’y suis entrée et retrouve Martha dans sa voiture.

- Martha, c’est affreux, Enzo est peut-être mêlé à des morts accidentelles !

- Quoi ? Je te propose qu’on rentre chez moi se poser comme prévu, tu m’expliqueras en route.

Je fonds en larmes au moment de tout raconter à Martha. Tout cela est beaucoup trop pour moi.

Arrivées chez elle, Martha ouvre comme prévu une bouteille de vin et elle essaye de me remonter le moral, de me rassurer sur le fait qu’Enzo n’a rien à voir avec ces morts. Mais je sens bien qu’elle aussi est très affectée.

Nous avons donc la mine grave et défaite quand Danielo rentre du café en fin d’après-midi.

- Eh bien, je vois qu’on ne se laisse pas aller ici, le vin était bon ? fanfaronne-t-il.

Nous lui expliquons les 5 morts pendant l’essai clinique, la possible implication d‘Enzo et le deuxième stagiaire à aller voir. Martha et moi nous sentons dépassées et nous craignons de découvrir une vérité trop difficile à accepter.

Pour une fois, Danielo fait preuve d’une incroyable clairvoyance :

- De toute façon, ce n’est pas compliqué : soit ce Herbert, le deuxième stagiaire est notre plancko et il vaut mieux couvrir ses arrières.

- Soit ? enchaîne Martha avec un air désabusé.

- Soit, ce n’est pas lui et nous n’avons donc pas grand risque à aller le voir.

- Merci Einstein et donc qu’est-ce que tu proposes ? reprend Martha.

- Comme de toute façon, Plancko ne répond plus, nous n’avons rien d’autre à faire que rendre visite à Herbert ! triomphe Danielo.

- Et si on prévenait la police pour qu’ils viennent avec nous, ce serait plus prudent ? dis-je prise d’angoisse.

- Tant qu’on ne sait pas à quel point Enzo est impliqué, ça ne me paraît pas une bonne idée, tempère Martha.

- Et j’allais justement vous proposer l’inverse : si on prévenait Francesco et son cousin pour qu’ils viennent avec nous, ce serait plus prudent ? conclut Danielo.

Je suis partagée. Je ne pense pas que ce soit la peur de me confronter à ce Herbert ou ce plancko non. Peut-être la peur de me confronter à une vérité sur Enzo que je ne pourrai pas accepter ? J’ai vraiment l’impression de nager en plein cauchemar. Je le revois tout petit jouant sur la plage lors des premières vacances que nous avions pu nous payer. Comment ce petit être insouciant aurait pu se muer en un comploteur, un criminel avec une double vie que je ne soupçonnais pas ? Je sens mes yeux se mouiller.

Martha me prend dans ses bras et pour finir de me convaincre, me rappelle qu’elle et Danielo prennent l’avion tôt samedi prochain pour trois semaines de vacances en Amérique du Sud. Donc si nous n’y allons pas aujourd’hui ou demain, ce sera reporté d’un mois. Et Enzo ne peut plus attendre.

Après un coup de fil rapide à Francesco qui, par miracle, n’a rien d’autre de prévu tout comme son cousin, nous nous mettons donc tous les cinq en route pour Grinzing…