Fyctia

Je m’étais mise d’accord avec Martha pour passer à nouveau un week-end chez elle et aller voir Madame Dietrich samedi.

J’en ai marre de faire la route pour Vienne et cette fois j’ai pris le train tôt samedi matin. Martha a insisté pour que je vienne chez elle dès le vendredi soir, mais je ne voulais pas l’importuner et j’espérais passer une bonne nuit pour être capable d’affronter les émotions du week-end. Et même si ça m’oblige à passer par la gare de Linz, c’est plus prudent.

Dans le train, je regarde machinalement le portable d’Enzo comme chaque jour, mais toujours aucune réponse de plancko. Je commence à psychoter sur ce que va me raconter cette Madame Dietrich. J’espère qu’Enzo n’a rien à voir avec le suicide de son mari !

Martha me récupère à la gare de Vienne et me trouve dans un état de stress intense après être montée en pression pendant tout le trajet :

- Lisa, calme-toi, je ne comprends pas plus que toi ce que cette Madame Dietrich ne peut pas te dire par téléphone.

- Mais tu te rends compte Martha, Enzo ne m’a jamais dit que son ancien tuteur de stage s’était suicidé ! Ce n’est quand même pas rien, ça a dû le bouleverser ! Tu penses que c’est ça qui lui a donné envie de retrouver son père ?

- Je n’en sais rien Lisa. Écoute, ne faisons pas attendre Madame Dietrich et ensuite nous nous poserons devant un bon verre de vin, ça nous aidera à y voir plus clair.

Je ne suis pas vraiment convaincue mais ne sachant pas quoi faire d’autre avec mon cerveau qui va à cent à l’heure, je me dis que Martha doit avoir raison. Il est bientôt 11h, nous nous rendons donc directement de la gare au domicile de Madame Dietrich.

- Bonjour Madame Dietrich, je vous remercie de nous recevoir. Je suis venue avec mon amie Martha.

Elle nous toise d’un air sévère. Elle a un visage émacié et de longs cheveux blancs qui lui donnent un aura presque surnaturel sur son pas de porte.

- J’aurais préféré que vous soyez seule pour ce que j’ai à vous dire.

- Je réponds de Martha comme de moi-même.

- Je suis désolée, je ne veux pas de témoin, je préfère que nous annulions, répond fermement Madame Dietrich.

- N’annulez rien, je vais attendre Lisa dans la voiture, tranche Martha.

- Martha, je suis désolée.

Alors que je suis déjà très perturbée, la rudesse de cette femme me terrifie. Et voilà que je me retrouve seule sans Martha en plus !

- Bon, vous rentrez ou pas ?

- Oui Madame Dietrich, je veux écouter ce que vous avez à me dire. Et je suis désolée si je semble un peu perdue, j’ai eu une semaine assez éprouvante.

- Eh bien asseyez-vous, car ce n’est sans doute pas fini. Mais avant toute chose, j’ai besoin que vous me prouviez que vous êtes bien la mère d’Enzo Gruber, l’ancien stagiaire de mon mari. Avez-vous une pièce d’identité ?

- Pourquoi autant de précautions ? demande Lisa en sortant sa carte d’identité de son sac.

- Ce que je vais vous révéler, je ne l’ai dit à personne. C’est ce que mon mari m’a appris juste avant sa mort. Et je ne veux le dire qu’à ceux qui étaient à Labopharm avec lui à cette période.

Ma main tremble en récupérant ma pièce d’identité. Qu’est-ce que je vais encore découvrir ?