Fyctia

Le vendredi suivant, je reviens au commissariat. Le lieutenant qui s’était occupé de l’enquête est présent aujourd’hui :

- Bonjour Madame Gruber, vous avez eu de la chance de tomber sur mon collègue la semaine dernière !

- Pourquoi donc ?

- Depuis quand ce sont les toubibs qui doivent nous dire ce qu’on doit faire ?

- Vous m’aviez dit que c’était du ressort de la médecine et pas de la police, j’ai agi en conséquence !

- Oui, ça retombe toujours sur nous finalement !

- Et donc vous avez du nouveau ?

- J’ai justement eu le retour de la scientifique tout à l’heure.

- Ah ! Alors ?

- Ils ont effectivement trouvé quelque chose, mais ça risque de ne pas nous mener bien loin.

- Dites-moi ?

- Enzo se connectait régulièrement sur le dark web sous le pseudo « Hadès » et conversait avec un certain « plancko ». Ce dernier lui a justement envoyé un message à 0h30 le vendredi en question ou plutôt devrais-je dire ce samedi matin.

Je suis abasourdie ! Le dark web ? Hadès ? Comme le dieu des enfers ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire, j’ai l’impression que le policier me parle d’une autre personne ! Pas de mon fils ! J’essaye de me maîtriser :

- Et alors qu’est-ce qu’il disait ce message ?

- C’est là tout le problème, ils communiquaient via une messagerie cryptée comme il en existe beaucoup sur le dark web et les messages s’effacent au fur et à mesure. Nos scientifiques ont juste pu récupérer un bout de texte : « la preuve ».

- La preuve, mais la preuve de quoi ?

- Ça Madame, j’espérais que vous me le diriez ! Notre expert pense qu’il devait y avoir un lien temporaire vers une vidéo. Mais impossible de la retrouver et impossible de récupérer les anciens messages.

- Je ne sais pas quoi dire …

- C’est pour ça que je vous disais qu’on n’irait pas bien loin avec tout ça. Mais bon, si ça peut rassurer votre médecin sur le fait qu’il a bien reçu un message à l’heure à laquelle il est supposé être tombé dans le coma, c’est déjà ça…

- Et ce plancko, on peut l’identifier ?

- Ouh là, ma petite dame, sur le dark web c’est très compliqué ! Et comme ce sont souvent des serveurs informatiques situés à l’étranger, il faut réquisitionner Interpol. Nous le faisons pour du terrorisme ou démanteler des réseaux mondiaux, pas pour un diagnostic médical dit-il en ricanant.

Mais je ne l’écoute déjà plus et je rebrousse chemin en le remerciant rapidement, comprenant que je n’obtiendrais rien d‘autre de lui.