Fyctia
Une semaine d'angoisse
Je rentre dans le commissariat encore troublée par la conversation avec Manfred et tous les souvenirs de l’époque qui sont remontés. Je demande le lieutenant qui s’était chargé de l’enquête. Il n’est pas là. Je remets donc le courrier et le téléphone d’Enzo à un de ses collègues qui me demande de repasser dans une semaine, le temps que la scientifique puisse effectuer son travail.
Sur la route de l’hôpital Kepler, j’appelle Martha pour la tenir au courant :
- Alors Lisa ?
- Je viens de terminer une conversation surréaliste avec le père d’Enzo !
- Et tu as appris des choses intéressantes ?
- Pas vraiment, Enzo a cherché à le retrouver il y a un peu plus d’un an. Et comme il a mis du temps à l’identifier, ils se sont vus seulement deux fois avant qu’il ne tombe dans le coma.
- Et de quoi ils ont parlé ?
- A la première rencontre, ils ont fait connaissance et Manfred a essayé de justifier pourquoi il nous avait abandonné avant sa naissance.
- Ah le lâche !
- Et à la deuxième rencontre, Enzo aurait mis fin à la relation car ça n’avait aucun sens pour lui.
- Certainement qu’il voulait retrouver son père pour régler les comptes avec son passé et qu’il a été déçu en le voyant.
C’est vrai que je n’avais pas vu les choses comme ça mais c’est sans doute une explication. Mon pauvre Enzo, lui qui avait dû se faire tant de films sur son père et nourrir tellement d’espoir, cela a dû être une sacrée déception quand il l’a découvert !
- Tu as raison, Il avait de quoi être déçu !
- Tu devrais en parler à ses amis Chris et Léa. Enzo leur a peut-être expliqué pourquoi il voulait retrouver son père ?
- Oui, je n’y avais pas pensé, je vais leur poser la question.
- Malheureusement, je ne pense pas que le rendez-vous avec son père suffise à déclencher un choc traumatique surtout quelques heures après. Et sinon, tu as pu apporter le courrier et le téléphone à la police ?
- Je sors du commissariat. Je dois revenir dans une semaine.
- J’espère que cette piste sera plus concluante.
- C’est affreux d’attendre dans l’incertitude avec Enzo qui est toujours inconscient.
- Tu veux venir passer le week-end chez moi à Vienne, ça te changera les idées ?
- C’est gentil Martha, mais j’ai trop de choses à faire et je dois rester à côté d’Enzo dès fois qu’il y aurait du nouveau.
- C’est comme tu veux, mais surtout appelle-moi quand tu te sens seule.
- Merci Martha !
Ce soir-là, j’ai parlé encore plus longtemps à Enzo. J’avais besoin de lui dire tout ce que j’avais sur le cœur.
- Avec un peu de recul, je comprends que tu aies eu besoin de retrouver ton père mais pourquoi ne pas m’en parler ?
Et j’avais besoin de décharger une partie de ma culpabilité :
- Et je sais que j’aurais dû t’en dire plus sur lui, peut-être que cela t’aurait dissuadé d’essayer de le retrouver et tu aurais certainement été moins déçu…
Le lendemain, comme tous les samedis, je m’occupe du ménage et des courses. J’essaye de m’occuper l’esprit pour ne pas devenir folle. Cela fait deux mois que j’attendais le rendez-vous avec le Docteur Heinrich en croyant bêtement que ça allait être la fin du cauchemar, qu’il allait réveiller Enzo.
Quelle cruche je suis ! Non seulement, le cauchemar est loin d’être terminé mais en plus il s’aggrave avec le « retour » de Manfred.
Je finis la journée en allant voir Enzo et en essayant d’être un peu plus positive. Je lui parle de l’automne qui va bientôt arriver avec son cortège de couleurs. Je m’habitue à son visage apaisé.
Comme tous les dimanches, je vais voir ma mère qui se trouve dans l’aile Alzheimer d’un autre hôpital. Sur le chemin, je me dis que ma vie n’est quand même pas facile. Entre parler à mon fils qui est dans le coma et essayer de parler à ma mère qui est dans une phase avancée d’Alzheimer, je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter cela !
Mais pour une fois ma mère, apathique d’habitude, est très agitée. C’est peut-être lié à la fin de l’été ? Elle s’anime en me voyant comme si elle me reconnaissait. Ou plutôt comme si elle savait que c’était quelqu’un qu’elle connaît. Malheureusement, cela fait un petit moment qu’elle ne sait plus que je suis sa fille. Et depuis qu’elle s’est cassée le col du fémur, elle reste toujours alitée. Des mots lui viennent encore quelque fois mais c’est très difficile à déchiffrer.
Difficile de ne pas sombrer dans la déprime !
Le lundi matin, j’écris à Chris et Léa qui me demandent régulièrement des nouvelles d’Enzo pour leur proposer une visio comme Léa travaille à Vienne et que Chris est resté sur Linz.
Malheureusement, ils semblent aussi surpris que moi qu’Enzo ait renoué avec son père.
La routine de la semaine reprend ensuite le dessus et j’appelle régulièrement Martha pour me donner des forces.
28 commentaires
alsid_murphy
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Il y a 17 heures
SOLANE
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Il y a 23 jours
Nicolasm59
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Il y a 23 jours
Leo Degal
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Il y a un mois
Nicolasm59
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Il y a un mois
Lune34
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Il y a 2 mois
Lune34
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Il y a 2 mois
Nicolasm59
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Il y a 2 mois