Fyctia
Une aide inattendue
Le monde s’écroule pour Lisa. Deux mois qu’elle se raccroche à cet espoir de retrouver son Enzo et maintenant plus rien. Le Docteur, voyant qu’elle tourne de l’œil, réagit rapidement :
- Martha, pouvez-vous s’il vous plaît accompagner Madame en salle de repos et lui apporter un verre d’eau, je pense qu’elle ne se sent pas bien.
- Très bien Docteur.
Martha, petite femme énergique d’une cinquantaine d’année, travaillait pour le Docteur depuis 15 ans maintenant. Mais elle était toujours secouée par l’émotion des patients qui sortaient de son cabinet et se sentait toujours frustrée de ne pas pouvoir être plus utile.
Elle amène Lisa dans la salle de repos pendant que le Docteur enchaîne avec le patient suivant.
- Tenez Madame, lui dit-elle en lui tendant un verre d’eau, buvez un peu et prenez votre temps, je vais rester avec vous.
- Je ne sais plus quoi faire, je suis désespérée. Mon fils c’est toute ma vie.
- Oh je comprends Madame. J’ai entendu votre conversation avec le Docteur et j’ai un fils moi aussi qui a exactement le même âge. Vous n’êtes pas en état de repartir, je peux appeler quelqu’un pour venir vous chercher ? Votre mari ?
- Je ne suis pas mariée et je n’ai pas de famille à Vienne.
- Vous me faites beaucoup de peine. Dans une demi-heure, c’est ma pause. Attendez tranquillement ici et nous irons déjeuner ensemble si ça vous dit. Que je puisse m’assurer que vous alliez mieux ?
- C’est gentil merci, je suis un peu perdue…
A midi pile, Martha conduit Lisa dans sa sandwicherie habituelle à quelques dizaines de mètres du cabinet :
- Vous ne devez pas rester seule Madame, vous n’avez pas quelqu’un à appeler ?
- Appelez-moi Lisa, je vous en prie. Non, mes amies sont toutes à Ansfelden ou à Linz, je ne vais pas leur faire faire la route jusqu’ici.
- Et vous n’avez pas de famille en dehors de Vienne ?
- Je n’ai plus que ma mère qui est hospitalisée à Linz car elle souffre d’Alzheimer. Je suis fille unique et Enzo est fils unique.
- Je suis désolée d’être aussi curieuse mais Enzo n’a pas de père ?
- Il nous a quitté avant la naissance d’Enzo.
- Oh… Mais moi je suis là ! Votre histoire me touche beaucoup Lisa vous savez. Je pourrais être à votre place. Je n’ai qu’un fils et toute ma famille est restée en Amérique du Sud. J’ai juste mon bon à rien de mari qui ne trouve pas de travail !
- C’est gentil mais je ne veux pas vous déranger, on se connaît à peine.
- Ça ne me dérange pas, au contraire ! En revanche, si vous, vous me trouvez trop envahissante, il faut me le dire. Mon mari me dit toujours que je me mêle de tout.
- Oh non, ça me fait du bien de ne pas être seule.
- Si je peux me permettre, il y a quelque chose qui m’a choquée tout à l’heure.
- Oui ?
- Si c’est vraiment un message sur son téléphone qui a mis votre fils dans cet état là, c’est bizarre qu’on n’ait rien retrouvé ! Vous êtes certaine que la police a bien cherché ? Parce que dans ma Télénovela préférée « Policia criminale », il y a une police scientifique avec des experts qui arrivent toujours à trouver dans les téléphones ou les ordinateurs les connexions cachées ou tous ces trucs que nous on ne voit pas ?
- Non, je ne pense pas que la police ait beaucoup cherché… Malheureusement. Comme il n’y avait pas de trace de lutte, ils m’ont dit que c’était une affaire médicale et non criminelle et que ce n’était pas de leur ressort.
- Ah les salopards ! Oups, pardonnez-moi… Les vauriens ! Vous avez toujours son téléphone ?
- Oui, bien sûr, j’ai tout gardé. Il n’est pas mort tout de même !
- Bien évidemment, ce n’est pas ce que je voulais dire, mais j’ai une idée !
- Laquelle ?
- Une fois, le Docteur a rédigé un courrier pour la police en leur demandant d’investiguer pour lui permettre de confirmer un diagnostic. Je peux lui demander de signer un courrier similaire pour que la police examine le téléphone de votre fils de façon plus approfondie. Et pour peut-être confirmer ainsi l’hypothèse du choc psychologique ?
- Vous feriez ça ? répondit Lisa en reprenant un peu d’espoir. Et le Docteur accepterait ?
- Rassurez-vous, je sais être très convaincante !
Lisa, déjà épuisée par sa première demi-heure passée avec la « tornade » Martha, n’a aucun doute à ce sujet !
Après avoir échangé leurs numéros de téléphone, Lisa salue et remercie Martha avant de reprendre sa voiture garée à proximité pour repartir. Elle n’aime pas conduire dans Vienne qui est une ville bien trop grande pour elle et repart prudemment en direction d’Ansfelden.
Sur la route, elle repense à ce que lui a dit Martha et elle s’en veut soudainement de ne pas avoir fouillé plus dans le téléphone de son fils. Mais d’un autre côté, elle avait l’impression de violer son intimité alors qu’il est encore en vie.
D’ailleurs, elle a une irrépressible envie d’aller le voir. Enzo est au service neurologie de l’hôpital Kepler de Linz. Comme tous les jours depuis son « accident », elle va lui rendre visite, lui prend la main et lui raconte sa journée et à quel point elle l’aime et il lui manque. Même si le médecin n’est pas de cet avis, elle était certaine qu’il l’entend.
Heureusement pour elle, la mutuelle de son cabinet d’avocat est généreuse et les frais hospitaliers sont pris en charge pendant 3 mois mais il ne lui reste pas beaucoup de temps…
30 commentaires
alsid_murphy
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Il y a 16 heures
Leo Degal
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Il y a un mois
Nicolasm59
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Il y a un mois
Krissa Danos
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Il y a un mois
Bedite
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Il y a 2 mois
Renée Vignal
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Il y a 2 mois
Lune34
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Il y a 2 mois
Océane Ginot
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Il y a 2 mois