Fyctia
36. Victoria & Sebastian
Victoria
Ce que je lis dans les iris marine de Sebastian me fait perdre pied. Je pose une main sur son bras, comme pour me rattraper. Le bruit de mon cœur qui bat à une allure folle emplit la pièce.
Ses doigts se déplacent sur ma joue, un frisson me parcourt. Je serre plus fermement son bras dans ma paume, il se lève et se retrouve face à moi. Agrumes et poivre noir, son parfum m’enivre. Son pouce caresse ma lèvre inférieure, ses yeux me posent une question silencieuse à laquelle je réponds par un bref hochement de tête.
Alors qu’il attend encore, je n’y tiens plus et écrase ma bouche contre la sienne. Nos langues se rejoignent, timides puis voraces. Ma respiration se coupe l’espace d’un instant, mais pas parce qu’un homme prend son plaisir sans se soucier du mien. Non, cette fois, mon plaisir, et mon envie, s’accordent avec celui de mon partenaire et c’est bon à en perdre la tête.
Les mains de Sebastian passent dans mes cheveux, les miennes sur sa taille. Elles tirent sur sa chemise et se faufilent en dessous. Sa peau douce me surprend. Je frôle ses abdos, il grogne et me mord la lèvre. Son désir pulse contre le mien. Je m’assois pour de bon et le rapproche de moi. Je n’ai pas peur, je me sens bien, à ma place.
Nos bouches ne se quittent pas. Ses doigts m’explorent aussi : ils abandonnent mes cheveux, descendent dans mon cou puis sur mes bras. Ils atteignent mes cuisses nues et passent sous ma jupe. Ça palpite dans mon ventre. Lorsqu’il pétrit mes fesses et me serre encore plus contre lui, je gémis et commence à m’attaquer à ses boutons de chemise.
— Attends, Victoria, on ne peut pas… marmonne-t-il. Hum, je suis navré.
Haletant, il s’est reculé. Il tient ses mains devant lui, comme s’il avait peur de moi. Le sang bourdonne à mes tempes, je peine à reprendre mon souffle. Qu’est-ce qu’il lui prend ?
— Quoi ? Navré de quoi ?
— Je n’aurais pas dû, excuse-moi.
Je saute au bas du bureau, m’approche de lui et prends sa main dans la mienne.
— Arrête de t’excuser. J’en avais envie.
Il n’ose même plus me regarder. Une idée soudaine me glace le sang. Est-ce que je me suis plantée du tout au tout ?
— Euh, rassure-moi, tu en avais envie aussi ?
— Bien sûr ! déclare-t-il en relevant le visage. Mais j’aurais dû garder la tête froide. Heureusement que j’ai repris mes esprits avant qu’il ne soit trop tard.
Mon ventre se serre. Il se trompe : c’est déjà trop tard. Je me rends alors compte que nous nous trouvons toujours dans une salle de cours à Columbia. L’espoir se ravive en moi.
— Attends, c’est parce qu’on se trouve ici que tu préfères arrêter ?
Son regard, qui s’était teinté d’affolement, devient plus tendre. Il place sa main libre sur le côté de mon visage.
— Non… je suis désolé, c’est... Je ne peux pas commencer quelque chose de sérieux avec toi, je n’avais donc aucun droit de t’embrasser ainsi. Et sinon, oui, on devrait sortir d’ici.
— Pourquoi ?
— Eh bien, quelqu’un pourrait nous voir et…
— Non, je veux dire : pourquoi tu ne veux pas d’une relation avec moi ?
L’affection qui habille ses traits me bouleverse. Il caresse ma joue de son pouce.
— Je n’ai pas dit que je ne voulais pas, Victoria… lâche-t-il dans un murmure. Tu me plais beaucoup, pourtant c’est délicat, avec Columbia...
— Tu ne fais pas partie du staff de l’université, techniquement. On ne craint rien, en tout cas.
— C’est un peu limite, quand même. Et j’ai dix ans de plus que toi, deux enfants, une ex-femme… C’est trop compliqué.
— Je m’en fiche, de tout ça.
— Pas moi et tu ne devrais pas non plus, affirme-t-il sur un ton plus ferme. Tu as la vie devant toi. Après ce que tu as vécu avec ton ex, il te faut quelque chose de pas prise de tête. Tu devrais t’amuser, d’abord.
Il est attentionné, comme toujours. Or, dans cette situation précise, il m’énerve. Je ne suis néanmoins pas sûre de savoir ce que je voulais en initiant ce baiser : seulement continuer à me reconnecter à mon désir et à ma sexualité ? Ce que je sais, c’est qu’il me plaît et que j’ai confiance en lui.
— Je peux m’amuser avec toi.
Il secoue la tête, descend ses mains sur ma taille et serre fort.
— Je suis navré, ce n’est pas ce que je recherche. Je suis une personnalité publique, en quelque sorte, dans un certain milieu du moins. Je ne veux pas qu’on raconte n’importe quoi dans les journaux, je dois penser à mes enfants.
Mince, ses arguments sont valides. Savoir que je lui plais aussi me permet de me rendre compte à quel point il m’attire. J’ai soudain envie de jouer à la sale gosse, de hurler qu’on s’en fiche, qu’on peut quand même sortir ensemble ; or, je comprends ses raisons. Le nœud dans ma gorge m’empêche de parler. Je suis plus chamboulée que je ne le pensais. Mes yeux picotent, j’essaie de retenir mes larmes. Trop tard. Il pose son front contre le mien.
— Ne pleure pas, s’il te plaît. Je ne voulais pas te causer de la peine.
— C’est raté, chuchoté-je dans un reniflement.
— Je suis navré.
D’un coup, j’en ai marre de l’entendre s’excuser. Son contact me brûle, et pas de la bonne manière. Pas comme tout à l’heure, pendant notre baiser. Je me recule afin d’échapper à son étreinte.
— Je vais rentrer chez moi, déclaré-je d’une voix lasse.
— Je te raccompagne.
— Frank, tu veux dire ?
— Eh bien, oui…
C’est la goutte de trop qui fait déborder le pot de peinture. Je serre les poings.
— Je veux pas que ton chauffeur me raccompagne, Sebastian !
— Désolé, je…
Il esquisse un geste vers moi et se ravise.
— Arrête de t’excuser ! J’ai bien compris, tu veux pas d’une relation avec une petite étudiante telle que moi, c’est très clair et tout à fait justifié.
— Victoria… ce n’est pas ce que j’ai dit...
Il attrape l’une de mes mains, je la retire sans hésiter. Tout tremble en moi. Mes jambes, mes bras, mes lèvres.
Mon cœur.
***
Sebastian
Son petit museau tout triste me retourne le ventre. J’aimerais la prendre dans mes bras et la réconforter. Je serre les poings pour m’en empêcher, car, même si elle me laissait faire, cela ne résoudrait pas notre problème, bien au contraire.
Tout à l’heure, ce que j’ai ressenti lors de notre baiser était incroyable. Sa peau me brûlait, son parfum de vanille m’enivrait, son souffle et ses gémissements contre moi m’affolaient complètement. J’ai craqué, je le regrette à présent quand je vois la peine que je lui inflige. Toutes les raisons que je lui ai données sont pourtant valides. Il ne peut rien se passer de sérieux entre nous, donc je préfère ne rien commencer du tout.
— Ce n’est pas ce que j’ai dit… répété-je avec douceur. Tu me plais beaucoup. J’aimerais que les choses soient différentes…
— Je crois que ça fait encore plus mal, quand tu dis ça, avoue-t-elle dans un soupir. Je veux juste rentrer chez moi, là.
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Hello! Il restait quelques caractères, j'en profite pour vous remercier de votre fidélité et de votre soutien ! ❤️
Et... désolée ? 😁 Pour Victoria et Sebastian, le chemin est encore long... J'espère que vous resterez auprès d'eux jusqu'au bout... 💕
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