Pjustine Coeurs en équilibre Après la tempête

Après la tempête

Mamie vient de sortir de l'hôpital. Le trajet du retour en taxi est calme, ponctué seulement par le ronronnement monotone du moteur et les bruits étouffés de la ville qui se déploie derrière les vitres. L'air extérieur semble trop net après l'oppression de l'hôpital.


Elizabeth est là, dans le siège passager, son regard perdu dans le paysage qui défile. Son visage est serein ou du moins il essaie de l'être. Lorsque nous arrivons devant sa maison, le cœur me serre. Le chauffeur se gare lentement, à l'entrée du jardin, juste avant la grande allée. Et là, à l'angle de la rue, je les vois : deux paparazzis. Leur présence, aussi réduite soit-elle, semble irréelle. Je me sens soudain prise d'un mélange de colère et de découragement. Cela fait à peine quelques minutes que nous avons quitté l'hôpital, et déjà, ces ombres se profilent à l'horizon, prêtes à s'immiscer dans l'intimité de notre retour.


Le moteur se coupe et on reste un instant dans le silence de la voiture. Je scrute leurs silhouettes : l'un est penché sur son appareil, l'autre essaie de cacher son regard derrière une paire de lunettes noires. Leurs postures sont calculées et leurs mouvements, des gestes répétitifs de chasseurs aguerris. On sait tous ce qu'ils veulent, ce qu'ils attendent. Leur simple présence est une intrusion et la vue de leurs visages me déplaît.


Mamie, elle, n'a pas l'air perturbée. Elle semble même avoir retrouvé un peu de contenance. Son regard reste calme, ses mains reposent sur ses genoux avec tranquillité.


L'homme installé au volant s'impatiente. Je règle la somme demandée et le remercie brièvement. Un dernier coup d'œil à ces deux intrus, puis je descends de la voiture. Je marche, sans hésiter, dans leur direction, consciente du poids de mes pas sur l'asphalte.


L'un des deux lève son appareil photo. Il me dévisage, sans gêne. Je fais un pas en avant, droit, ferme, sans détour.


- Vous avez encore deux minutes pour partir. Sinon, je préviens la police.


Le deuxième esquisse un rictus, une provocation silencieuse. Son sourire est celui d'un prédateur. Il tente de m'intimider mais je ne cède pas. Je ravale ma rage et je fais un pas en avant, plus déterminée que jamais.


- Si vous ne bougez pas, je vais appeler la police, je répète, cette fois plus fort, pour que l'ampleur de ma décision soit claire.


Un silence lourd s'installe et je vois leurs yeux se fixer sur moi, hésitants. Ils n'osent pas bouger. Leurs regards, pleins de défi et de curiosité malsaine, se croisent. Puis, au bout de quelques secondes, l'un des photographes baisse son appareil, l'autre soupire avant de ranger son matériel. Aucune réplique, juste une résignation. Celle de ces gens qui savent pertinemment que la chasse aux images peut aussi se retourner contre eux.


- Allez, on y va, marmonne finalement l'un d'eux.


Un dernier regard furtif et ils finissent par tourner les talons. Leurs pas bruyants sur le pavé résonnent dans la rue déserte. Je reste là, immobile, mes doigts encore crispés sur le portail et mes yeux fixés sur les silhouettes qui s'éloignent. Je les suis du regard, une dernière fois, pour m'assurer qu'ils ne reviendront pas. Pourtant, ils laissent derrière eux une promesse vide de revenir. Mais pour l'instant, le danger se retire.


La porte se referme derrière nous et immédiatement, un silence envahit la maison. Je pose la clé sur le meuble métallique à l'entrée et un frisson me parcourt. À l'intérieur, la maison semble figée. Mais je sais que ce n'est pas vrai. Rien n'est jamais figé, même dans les foyers les plus tranquilles.


- Eh bien, ma chérie, je vois qu'on a bien fait de revenir ici. Le monde extérieur est un véritable cirque, un vrai spectacle à ciel ouvert. Ils se sont fait un malin plaisir de transformer ma rue en plateau de télé-réalité. Un seul mot de ta part, et hop ! Ils se sont envolés comme des mouettes sous l'effet du vent !


Je suis à la fois amusée et troublée par sa remarque. Je m'assois à côté d'elle et jette un dernier coup d'œil vers la fenêtre. Les rues sont calmes maintenant. Je baisse les yeux, encore un peu abasourdie par les derniers événements.


- Allons, allons, ne fais pas cette tête ma poupette. Tu crois vraiment qu'ils peuvent m'impressionner ? Moi, je suis une femme du monde, je les connais, ces petites bestioles. Et même si le cirque a commencé devant ma porte, tu sais quoi ? Ils n'ont pas fait long feu. Comme des mouches, elles arrivent, mais elles repartent vite.


Je ris malgré moi. Mamie sait rendre légers les moments où l'on pourrait sombrer dans la gravité. Elle n'a pas peur de se frotter à l'absurde et c'est ce qui la rend si vivante.


J'ai à peine le temps de me laisser aller à mes pensées qu'un bruit de sonnette retentit à l'entrée. Un claquement sourd. Je tends l'oreille. Mamie, d'un coup, se redresse, toute de vivacité retrouvée.


- Tiens, voilà la comédie qui continue ! Qui donc viendrait troubler notre tranquille retraite ? Un fan ? Un autre paparazzi venu nous prendre en photo ? Ça m'étonnerait !


Elle lève les bras dans un élan de théâtralité, prête à accueillir le prochain imprévu. Je lui jette un coup d'œil mais quelque chose m'arrête. Un instinct. Une intuition.


- Qui c'est ?


Je finis par me précipiter vers la porte avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit de plus.


Et là, c'est lui. Edward.


Ses traits sont tirés, marqués par la fatigue et les inquiétudes. Son regard cherche le mien sans oser vraiment m'affronter. Il est pâle, presque transparent.


Je voudrais le rejeter, l'envoyer bouler, lui dire que ce n'est pas le moment.


- Mia... il commence enfin, sa voix à peine audible, chaque syllabe annoncée dans un effort. Je suis désolé. Vraiment. Je n'ai pas pu te joindre et quand j'ai appris ce qui s'était passé, j'ai... je n'ai pas réagi à temps. Je n'ai pas pu être là pour toi.


Je le regarde, déstabilisée. Il est là, dans l'entrée, tout tremblant de nervosité, de panique et de culpabilité. Et c'est la première fois que je le vois aussi fragile.


Mamie, son regard toujours fixé sur Edward, intervient d'une voix pleine de bonhomie.


- Eh bien, mon petit, tu vois enfin où le vent nous mène, hein ? Entre donc, il n'y a plus de paparazzis à l'horizon. Viens, installe-toi, on dirait que tu as couru tout le chemin ! Amélia, fais-lui une place ! Après tout, il s'excuse. Et tu sais ce qu'on dit : un homme qui s'excuse, c'est déjà un homme qui se redresse !

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13 commentaires

CécileIsabelleK

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Il y a 3 mois

Bien à jour et beau week-end :)

Soäl

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Il y a 3 mois

Petit passage sur ta story 😊

Laetitia B

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Il y a 3 mois

🩷🥰

NICOLAS

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Il y a 3 mois

❤️🤩🫶

lorrely

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Il y a 3 mois

❤️❤️❤️ à jour

M.B.Auzil

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Il y a 3 mois

Hello ! Je suis passée chez toi ✨️💜 Il me manque 11 petits 💜 de mon côté pour débloquer le dernier chapitre 😊🙏

Alexandra ROCH

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Il y a 3 mois

💕

TammyCN

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Il y a 3 mois

Like💝

Salma Rose

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Il y a 3 mois

🌹🌹

Renée Vignal

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Il y a 3 mois

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