Pjustine Coeurs en équilibre S.O.S d'un terrien en détresse

S.O.S d'un terrien en détresse

Margaret s'attarde dans l'entrée. Son air nerveux et son regard oscillent entre la porte et moi. Elle semble peser le pour et le contre, chaque seconde écoulée augmente sa culpabilité à l'idée de me laisser ici, sans elle.


- Tu es sûre que ça va aller ? Je peux rester, tu sais, propose-t-elle, sa voix douce et teintée d'inquiétude.


- Non, Margaret, ça ira. Je t'assure. Je suis avec mamie.


Elle croise les bras et ses sourcils se froncent d'une manière presque maternelle. Elle cherche encore une excuse pour ignorer ma réponse. Je devine la bataille intérieure qui l'agite. Sa loyauté balance entre ses obligations professionnelles et son instinct protecteur envers moi.


- Écoute, reprend-elle après une pause hésitante, j'ai promis de rentrer à Seattle demain matin pour une réunion importante, mais...


- Margaret, vraiment, dis-je en posant une main ferme sur son bras et avec toute la sérénité que je peux feindre. Tu as déjà assez fait.


Elle soupire longuement, secoue la tête et détourne les yeux. Je sens qu'elle lutte pour ne pas insister davantage, son besoin de m'aider contrarié par la fermeté de mon refus.


Je m'approche pour déposer un baiser léger sur sa joue et espère dissiper son malaise.


- Je vais juste me reposer ici, le plus loin possible de tous ces... dis-je en esquissant un sourire fragile, accompagné d'un geste vague vers l'extérieur. Promis. Je reviens la semaine prochaine et on se retrouve pour notre nouvelle et dernière année universitaire.


Elle finit par acquiescer, bien que son regard soit encore chargé d'un doute poignant.


- Si jamais tu as besoin de moi, à n'importe quelle heure, appelle-moi. Je viendrai, murmure-t-elle enfin, dans une ultime tentative pour rester.


Je hoche la tête et lui offre un sourire forcé, un masque mal ajusté qui trahit mes propres incertitudes et qui, je le sais, ne trompe pas vraiment Margaret. Elle s'éloigne à contrecœur, se retourne une dernière fois, son visage encore marqué par l'inquiétude.


Lorsque la porte se referme derrière elle, le silence retombe lourdement dans la maison. Je m'appuie contre le bois froid comme si sa solidité pouvait m'ancrer. Mon souffle tremble et un soupir s'échappe, chargé d'épuisement.


- Tout ira bien, murmuré-je dans un écho fragile. Tout ira bien...


Je finis par m'assoupir dans le fauteuil du salon mais mon sommeil est troublé, agité par une tension qui ne s'évanouit jamais complètement. Lorsque je me réveille, quelques minutes plus tard, l'air semble chargé d'une présence oppressante. Je m'approche de la fenêtre et l'ouvre discrètement, juste assez pour entrevoir l'extérieur. Instantanément, des flashs éclatent et le cauchemar prend de nouveau forme. Une pluie de lumières aveuglantes fend la lumière extérieure. Un bourdonnement de voix et de cliquetis de caméras montent en intensité. Les photographes sont de retour, plus nombreux et postés devant la porte telle une meute affamée.


Je recule brusquement, le cœur battant. C'est irréel. Des silhouettes errent même dans le jardin, leurs objectifs braqués sur la maison, prêts à capturer chaque mouvement, chaque ombre.


Tout à coup, les bruits s'intensifient et une marée sonore menace d'engloutir tout mon calme. Je ferme les yeux un instant et espère que le tumulte disparaisse. Mais lorsque je les rouvre, tout est encore là : les éclats de lumière, les murmures insidieux, le fracas des pas sur le gravier. Je m'apprête à m'éloigner quand j'entends des pas précipités juste derrière moi. Je me retourne, la gorge nouée. Mamie fait son entrée dans le hall. Sa silhouette, habituellement solide et rassurante, me semble soudain plus fragile.


Je m'approche d'elle à pas de velours mais elle se tourne vers moi avant que je n'aie eu le temps de la rejoindre.


- Amélia, qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi ces gens sont-ils ici ? Pourquoi sont-ils dans mon jardin ?


Sa voix tremble dans un mélange de choc et d'indignation. Mais sous son trouble perce une pointe de colère et elle ne perd rien de sa lucidité.


- Mamie, je... je ne sais pas comment ils sont arrivés là. Je vais appeler la police. Ils n'ont pas le droit de rester ici.


Elle ne me répond pas, ses yeux fixés sur les flashs lacèrent les rideaux, ses poings se serrent et une lueur de défi illumine son regard.


- Tsss, des gamins qui se croient tout permis, marmonne-t-elle. Ils ne vont pas me faire peur, tu sais. Je suis chez moi. Et je ne laisserai personne envahir ma vie comme ça.


Je la vois s'approcher de la fenêtre, les épaules droites. Son souffle est court mais son attitude reste inflexible. Et finalement, elle se dirige vers la porte d'entrée. Je m'élance pour l'arrêter.


- Mamie, non ! Ce n'est pas à toi de gérer ça. Laisse-moi appeler quelqu'un, s'il te plaît.


Elle se tourne vers moi, ses yeux clairs brillent d'une détermination farouche.


- Écoute, ma chérie, ils ne vont pas m'effrayer. Tu sais, je suis une femme de caractère et je suis plus vieille qu'eux tous réunis. S'ils pensent qu'ils vont me faire reculer, qu'ils aillent se rhabiller.


Elizabeth a une démarche assurée mais ce n'est qu'une façade. Je la suis, trop rapidement, sans vraiment réfléchir. Mes pensées tourbillonnent dans ma tête. Je veux l'empêcher de sortir, mais à cet instant, elle a décidé de n'en faire qu'à sa tête. Je comprends que ce n'est pas de l'inquiétude qui la traverse. Non, c'est de l'indignation pure. Elle se sent violée dans son espace, dans sa maison et sa fierté lui dicte de ne pas se soumettre.


Elle ouvre la porte d'un geste brusque, m'arrache un cri d'effroi.


Je vois le premier photographe faire un geste pour s'approcher. Il est tout près, trop près. Elle lève une main et je sais que ça ne va pas bien se passer.


- Vous n'avez pas honte ? tonne-t-elle. Vous pensez que c'est ça, votre métier ? Détruire la vie des gens pour quelques photos ?


Sa voix résonne. Les photographes reculent légèrement, surpris par sa fougue. Mais certains continuent de déclencher leurs appareils, hypnotisés par cette scène inattendue.


Puis tout bascule. Je vois mamie vaciller, ses épaules se contracter, sa main se porter à son cœur. Un cri s'échappe d'entre ses lèvres.


- Mamie ! crie-je, me précipitant pour la tenir.


Son visage pâlit, ses jambes fléchissent et elle s'effondre dans mes bras. Le monde semble se figer.


- Aidez-moi ! hurle-je à l'adresse des silhouettes.


Mais personne ne bouge. Tout est devenu un enchevêtrement de sons et de silences, de lumières et de ténèbres. Je continue de crier à l'aide mais ma voix est noyée par le tumulte extérieur. Quand je regarde à nouveau autour de moi, il est trop tard. Les photographes sont absorbés par leurs clichés comme si rien d'autre n'existait.


Les caméras continuent de cliqueter, indifférentes, presque cruelles. Les larmes brouillent ma vision tandis que je serre mamie contre moi et m'efforce de la maintenir consciente.

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11 commentaires

flavieLEJ

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Il y a 3 mois

À quand la suite ?????? J’ai hâte

CécileIsabelleK

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Il y a 4 mois

Bien à jour, je commenterai très bientôt :)

Anaïs Tehci

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Il y a 4 mois

😘

Alyssa Well

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Il y a 4 mois

<3 :)

Laetitia B

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Il y a 4 mois

à jour :)

Alexandra ROCH

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Il y a 4 mois

💕

illusiona

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Il y a 4 mois

a jour :) ♥

NATEY

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Il y a 4 mois

un like de plus pour te débloquer :-)

AetherOnIce

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Il y a 4 mois

Oh non 🥺🥺🥺

Sofia77

-

Il y a 4 mois

☺️
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