Pjustine Coeurs en équilibre Les masques tombent

Les masques tombent

Soudain, James Bradley change de ton et son sourire prend une teinte plus malicieuse. L'atmosphère à travers l'écran se densifie, se transforme instantanément. Le public se redresse, l'air électrisé. Un frisson traverse l'assemblée, signal universel que quelque chose d'inédit se prépare. Je sens mes muscles se tendre.


- Edward, tu sais que je ne peux pas te laisser partir sans aborder LE sujet.


Un murmure d'excitation parcourt le public. L'anticipation est palpable et je sens une montée d'adrénaline en moi. Il y a quelque chose de grinçant dans cette phrase. Quelque chose qui, au fond, me fait déjà deviner ce qui va suivre.


Edward, lui aussi, se redresse sur son fauteuil. Son sourire, jusque-là engageant, vacille imperceptiblement. Une faille presque invisible que seuls les plus attentifs pourraient capter. Je vois un éclat d'hésitation dans son regard mais il parvient à le masquer rapidement, comme toujours.


- Quel sujet, James ? demande-t-il d'un ton faussement innocent.


Sa voix est impeccable mais son regard s'assombrit légèrement et trahit une nouvelle fois une nervosité qu'il ne parvient pas à dissimuler complètement.


- Ta vie privée, évidemment ! Tu es l'un des célibataires les plus convoités au monde et pourtant, tu restes si mystérieux. Alors, soyons directs : qui est cette femme avec qui tu as été vu sur une île de l'archipel de Washington ?


Mon cœur se serre brutalement, pris dans un étau. Chaque battement résonne. Mes doigts se crispent autour de ma tasse et l'objet m'échappe presque des mains. C'est comme si tout mon corps se préparait à l'impact de ce moment. Une vague d'angoisse m'envahit et je sens mes joues devenir chaudes.


Les fameuses images apparaissent à l'écran et défilent comme des éclats d'un miroir brisé. Edward et moi lors de ce moment que j'avais cru privé, secret, désormais exposé devant un public anonyme et implacable.


- Je savais que tu ne résisterais pas, dit-il avec un sourire forcé.


- Alors, recommence James, qui est cette femme avec qui tu as été vu récemment ?


La caméra zoome sur le visage d'Edward. Ses yeux ne brillent plus avec la même intensité. Il se fige puis éclate finalement de rire mais ce n'est pas un rire sincère. Il a ce regard que je connais bien, celui qu'il arbore lorsqu'il esquive une question et je sais que le public le perçoit aussi.


- Oh, ça, c'était juste une amie, répond-il, nonchalamment, son aisance frôlant presque le mépris.


Une "amie". Ce mot semble creux, désespérément vide de sens.


- Une amie, vraiment ? insiste James, levant un sourcil. Parce que, selon les photos, vous aviez l'air très proches.


Le public explose de rire, bruyant, presque indécemment bruyant. Cette hilarité collective amplifie ma gêne. Je me sens nue, exposée, vulnérable. Mes joues s'embrasent, une honte brûlante me submerge. Je veux disparaître. Je veux fuir cet instant. Je veux que l'écran cesse de diffuser.


Margaret serre les poings, outrée.


- Il ment, souffle-t-elle, hors d'elle.


De mon côté, ce n'est pas de la colère qui m'envahit. C'est un sentiment plus lourd, plus sourd. Une douleur, une humiliation, une trahison qui me laisse un goût amer.


Edward, secoue la tête, l'air exaspéré.


- Tu sais, James, les médias adorent inventer des histoires. Mais il n'y a rien à raconter. Je suis bien trop occupé pour ce genre de distraction.


Le mot distraction me frappe de plein fouet. Chaque syllabe claque comme une insulte. Une douleur sourde envahit ma poitrine. Je n'arrive pas à le croire. Est-ce tout ce que je suis pour lui ? Une distraction ? Un simple échappatoire à son monde parfait de célébrité ? Mon esprit se brouille et mes pensées se heurtent les unes aux autres. Ce mot, distraction, se répète en boucle, obsédant.


- Quel connard ! fulmine Margaret, rouge de colère, les yeux toujours rivés sur l'écran.


James ne lâche pas l'affaire et semble presque amusé de voir Edward se forcer à répondre là où il avait pensé s'échapper.


- Donc, tu es totalement célibataire ? Personne dans ta vie en ce moment ?


Edward sourit, un sourire glacial cette fois.


- Absolument personne et surtout pas cette fille, dit-il, son ton dégoûté.


Sous ces mots d'une violence inouïe, je sens la colère finir par me submerger. Une colère brûlante et incontrôlable. Comment ose-t-il me mentionner ainsi ? Après tout ce qu'on a partagé, aussi bref que cela ait été... Chaque souvenir, chaque baiser, chaque regard.


- Mia, proteste Margaret en se levant brusquement, il ne peut pas s'en tirer comme ça ! Ce type mérite qu'on lui dise ses quatre vérités ! Tu ne vas pas le laisser faire, j'espère !


Je ne réponds pas. Je suis paralysée. Ma gorge est nouée, mes yeux sont fixés sur l'écran, mais je ne vois plus rien. Les images se brouillent, remplacées par un vide assourdissant. Je suis incapable de continuer à regarder ce spectacle. Je prends la télécommande, mes mains tremblent encore, et j'éteins brusquement l'écran. Le noir m'envahit, une obscurité salvatrice qui apaise mes nerfs à vif.


- Mia, qu'est-ce que tu fais ? s'écrie Margaret.


Elle est inquiète mais je n'ai plus la force de la rassurer. Je me tourne vers elle.


- Je ne veux plus regarder, dis-je simplement, ma voix réduite à un murmure.


- Quel connard ! répète Margaret.


Sa colère devient un bruit de fond. Je me sens seule, presque vide. Dans ma tête, une certitude glacée s'installe. Edward n'était qu'une illusion. Une illusion parfaite, mais cruelle. Tout ce qu'il a fait, tout ce qu'il m'a fait croire, tout cela s'effondre, réduit en poussière par ses mots.


Face à mon silence, Margaret fronce les sourcils.


- Tu vas bien ?


Je secoue la tête, mes poings serrés.


- Non, je ne vais pas bien. C'est humiliant, Margaret. J'ai cru qu'il était différent mais il est exactement comme Jack. Toujours prêt à dire ce qui l'arrange même si ça blesse les autres.


Margaret me rejoint et pose une main réconfortante sur mon épaule.


Les larmes au bord des yeux, je refuse de pleurer. Pas maintenant. Pas pour lui. Pas pour cet homme qui m'a manipulée, qui a piétiné mes sentiments avec autant de facilité.


- Mia, souffle Margaret, viens, on va en parler. Et donne moi ton téléphone, je vais lui faire regretter ça !


- Je n'ai pas son numéro et j'ai besoin d'être seule, dis-je en secouant la tête.


Je quitte le salon et laisse Margaret derrière moi. Les battements de mon cœur résonnent dans mes oreilles. Trop forts. Trop douloureux.


Je monte dans ma chambre, ferme la porte derrière moi, m'assieds sur le lit et respire profondément. Edward Johnson. L'homme qui m'a fait croire que je comptais pour lui.


Plus jamais, je me promets. Plus jamais.

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10 commentaires

IvyC

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Il y a 4 mois

🥰

Camilla_Melodie

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Il y a 4 mois

Plus que 2 likes !! =)))

Renée Vignal

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Il y a 4 mois

🥰😍

lorrely

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Il y a 4 mois

🎄🎄🎄

K.C Sankr

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Il y a 4 mois

❤️🌸

Ally P

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Il y a 4 mois

💕🤗🫶🏻

Sofia77

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Il y a 4 mois

☺️

TammyCN

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Il y a 4 mois

Like 💝

aurora.R

-

Il y a 4 mois

😉

illusiona

-

Il y a 4 mois

a jour :) ♥
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