Fyctia
Confidences sous l'oreiller
La lumière blafarde du petit matin commence à s’immiscer doucement à travers les grandes fenêtres de la chambre d’Edward. Tout est calme, presque immobile et son souffle est régulier à mes côtés. Je le contemple, son expression est adoucie par le sommeil. Ses cheveux sont légèrement ébouriffés et des mèches épaisses tombent sur son front.
Je ne bouge pas. Même un léger frémissement pourrait briser la magie de cet instant fragile. La nuit que nous venons de partager a été une parenthèse, un moment hors de toute logique. Presque irréelle.
Edward remue légèrement et son bras glisse sur ma taille. Je souris malgré moi. Cette proximité a quelque chose de rassurant, de naturel.
- Tu es déjà réveillée ? murmure-t-il, sa voix encore alourdie, rauque et chaude.
Je croise son regard à demi-ouvert, ses yeux brillent d’une douceur que je n’avais encore jamais vue. Ce n’est pas l’écrivain adulé qui s’adresse à moi, mais un homme, simplement.
- Oui, je crois que je n’ai pas vraiment réussi à me rendormir, dis-je en haussant les épaules.
Il se redresse lentement, s’adosse à la tête de lit et ajuste un oreiller. Puis, sans un mot, il tend la main pour m’inviter à venir contre lui. Hésitante, je finis par céder, ma tête se pose contre son torse. Sa chaleur m’enveloppe, je ferme les yeux pour profiter pleinement de l’instant.
- Qu’est-ce qui te tracasse ? demande-t-il après un long silence, sa voix presque murmurée.
Ses doigts jouent distraitement avec une mèche de mes cheveux.
Est-ce que je peux lui avouer mes craintes ? Lui avouer que j’ai peur de ce que tout cela pourrait signifier ?
- Je... Je ne sais pas, finis-je par répondre. Peut-être que je réfléchis trop.
Il ne répond pas immédiatement. Ses doigts continuent leur danse, caressent mes cheveux avec une tendresse infinie. Puis, il brise le silence, sa voix plus grave, plus profonde.
- Tu sais, Mia, tu n’es pas la seule à te poser des questions. Moi aussi, je doute. Mais cette fois, je fais quelque chose que je ne fais jamais. Je laisse les choses venir, sans essayer de tout contrôler.
Je lève les yeux vers lui, surprise par cette confession.
- Toi ? L’homme aux intrigues parfaitement ficelées, qui a toujours un coup d’avance, tu te contentes de laisser faire ?
Un sourire discret, presque amusé, étire ses lèvres.
- Avec toi, oui. Parce que tu n’es pas une héroïne de roman. Tu es imprévisible, complexe. Et c’est précisément ce qui me plaît.
Edward pousse un léger soupir et semble hésiter à se livrer davantage.
- Mes livres, mes interviews, tout ça, c’est une façade. Mais toi, tu vois au-delà. Et ça, c’est à la fois effrayant et libérateur.
Je reste silencieuse. Ces confidences, je ne les attendais pas.
- Tu sais, dis-je finalement, je pensais que tu étais intouchable. Comme si rien ne pouvait vraiment t’atteindre.
- C’est ce que je laisse croire, répond-il dans un éclat de rire. Mais la vérité, c’est que je suis aussi perdu que n’importe qui. Parfois même plus.
Je me redresse légèrement et pose une main sur son torse pour capter son attention.
- Et moi, qu’est-ce que tu vois en moi ? murmuré-je, craignant presque la réponse.
Edward baisse les yeux et pendant un instant, tout semble s’arrêter.
- Je vois une personne rare. Une personne qui ne cherche pas à être autre chose que ce qu’elle est. Tu es sincère, vraie et authentique.
- Tu es sûr que tu ne te trompes pas ? Parce que moi-même, je ne suis pas toujours certaine de savoir qui je suis.
Edward rit franchement et ses doigts effleurent, de nouveau, ma joue.
- Tu es Mia. Et ça suffit largement.
Le silence qui suit est chargé de sens. Nos mots semblent flotter dans l’air, plus puissants encore que les gestes.
Puis je lui parle de mes insécurités, de mes doutes sur l’avenir, de cette impression d’être parfois perdue dans ma propre vie. Edward m’écoute, attentif.
En retour, il me parle de ses débuts en tant qu’écrivain, de ces nuits passées à douter, à se demander si ses mots auraient un jour un écho. Il me parle aussi de sa famille, de cette distance qu’il a toujours ressentie et de cette peur constante de ne jamais être assez, malgré son succès.
La lumière dans la chambre change, devient plus vive, plus chaude.
- Tu sais ce qui me fait peur ? finit par dire Edward.
- Non, dis-moi.
- M’attacher, répond-il après une pause. Parce que je sais que rien n’est éternel. Et que les choses les plus belles sont souvent les plus fragiles.
Ses mots résonnent et je sens une boule se former dans ma gorge.
- Moi aussi, j’ai peur, avoué-je. Mais je crois que c’est justement cette fragilité qui rend tout ça si précieux.
Edward me regarde et dans ses yeux je vois une multitude d’émotions. Sans un mot, il se penche vers moi et m’embrasse. Un baiser tendre qui traduit tout ce qu’il ne parvient pas à dire. Puis je le sens glisser hors du lit. Un courant d’air froid s’infiltre sous les draps, je frissonne.
- Il faut que j’y aille, murmure-t-il en passant une main dans ses cheveux.
Son ton est calme, presque résigné mais je devine à la tension dans ses gestes qu’il n’aime pas cette idée plus que moi. Je me redresse à mon tour, appuyée sur un coude.
- Tu es prêt pour ton aventure new-yorkaise ? demandé-je en essayant de masquer la pointe de tristesse dans ma voix.
Il esquisse un sourire, un peu mélancolique.
- Aussi prêt qu’on peut l’être pour une semaine d’interviews et de mondanités. Mais ce n’est pas ça qui m’embête.
- Qu’est-ce qui t’embête alors ? je demande en penchant la tête.
Il s’assied au bord du lit, son dos tourné vers moi.
- C’est de te laisser ici.
Je me redresse complètement et passe mes bras autour de mes genoux nus.
- Promets-moi de ne pas trop penser à moi, ajoute-t-il dans un sourire.
Je ris doucement, un peu nerveusement.
- Je ne promets rien, dis-je, feignant une mine sérieuse.
Il commence à rassembler ses affaires. Sa démarche est rapide, presque mécanique.
- Est-ce que je peux t’aider ? proposé-je en me levant, à la recherche de mes vêtements.
- Non, c’est bon merci, dit-il en secouant doucement la tête.
Son regard s’attarde un instant sur moi.
- Tu es sûre que tout ira bien ? ajoute-t-il, une pointe d’inquiétude dans la voix.
- Bien sûr, Edward. Vas-y. Concentre-toi sur ton travail. Je serai là quand tu reviendras.
Il sourit mais je vois bien que ses yeux disent autre chose.
- Pas pour longtemps, murmure-t-il, presque pour lui-même. Il ne te reste que deux semaines ici, n’est-ce pas ?
Je reste silencieuse, soudainement frappée par la gravité de cette réalité. Une part de moi redoute déjà les adieux à venir.
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CécileIsabelleK
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Sofia77
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