Pjustine Coeurs en équilibre Entre passé et présent

Entre passé et présent

Alors que grand-mère Élizabeth commence à débarrasser, Edward se lève pour l'aider. Je l’observe un instant, amusée par son empressement. Lui, si sûr de lui d’habitude, semble chercher à bien faire. Et pour la première fois, je détecte une certaine maladresse dans ses gestes.


Je me lève à mon tour pour l’imiter.


- Ne vous embêtez pas, jeune homme, je peux m'en occuper, lance mamie d’un ton ferme mais bienveillant.


Edward insiste avec un sourire désarmant et bien que cela ne lui ressemble pas, mamie capitule rapidement.


Une fois les assiettes déposées dans la cuisine, Edward tourne instinctivement la tête en direction du salon. Ses yeux s’agrandissent, émerveillés par ce qu’ils découvrent.


- Eh bien, ça... c’est unique, lâche-t-il avec un mélange de fascination et d’amusement.


Je me place à ses côtés et croise les bras.


- Bienvenue dans le monde farfelu de mamie Élizabeth, dis-je avec un sourire. Prépare-toi, on peut se perdre ici pendant des heures.


Edward s’avance lentement, absorbé par chaque détail. Une sculpture massive, faite de métal tordu et de céramique brute, retient son attention. Il s’arrête devant elle et penche légèrement la tête comme pour mieux en comprendre la logique.


- Ta grand-mère est une artiste ? demande-t-il en effleurant la surface irrégulière du bout des doigts.


- Oui, une vraie de vraie. Elle a créé la plupart des œuvres ici. Certaines viennent de voyages qu’elle faisait avec mon grand-père mais toutes racontent une histoire.


Son expression change. Ses doigts continuent d'effleurer la sculpture avec une délicatesse inattendue puis il finit par acquiescer dans une sorte de respect silencieux.


- On sent une énergie, presque une présence, murmure-t-il, le regard toujours rivé sur la sculpture.


- C’est exactement ça, dis-je, touchée qu’il le ressente aussi clairement. Peu de gens comprennent la dimension artistique de ma grand-mère.


Je l’observe alors qu’il parcourt les étagères chargées de livres, de bibelots et de petits objets anciens. Ses mains frôlent les reliures poussiéreuses des livres, explorent une lampe à huile délicatement ouvragée et s’arrêtent sur un cadre contenant une photo jaunie par le temps.


- Elle n’a pas changé, s’amuse-t-il en montrant l’image.


Je m’approche pour voir de quoi il parle. Un cliché de mes grands-parents, pris à San Juan Island dans les années 70.


- Oui, avec mon grand-père, dis-je plus bas. Ils étaient inséparables.


Edward détaille encore davantage la photo, son expression devenue douce, presque rêveuse.


- On ressent leur complicité, dit-il, devinant l’intensité du lien qui unissait mes grands-parents. Cet endroit respire leur histoire.


Un étrange sentiment de fierté et de nostalgie m’envahit. Edward semble capter chaque nuance, chaque vibration de cette maison.


- Ce salon... je suis impressionné. Il y a tellement de choses ici. C'est presque comme un musée, ajoute-t-il, toujours aussi ébahi.


Je ris doucement.


- Oui, mais c’est un musée vivant. Ce bureau-là, ajouté-je en désignant le petit meuble près de la fenêtre, c’est son coin pour écrire ou dessiner.


Edward s’approche du bureau et examine la vieille plume posée sur un carnet de croquis.


Nous poursuivons la visite et passons de pièce en pièce. Edward commente ici une peinture, là un objet bizarrement façonné. Son enthousiasme est communicatif.


Soudain, il s’arrête et semble hésiter, peser soigneusement ses mots avant de parler.


- Mia, j’aimerais te proposer quelque chose, dit-il finalement.


Je fronce légèrement les sourcils, intriguée, puis me tourne vers lui.


- Oui ?


- Je dois partir demain pour New York. Quatre jours de réunions, d’interviews et de rendez-vous. Mais ce soir, je suis libre. Que dirais-tu d’un dîner ? Juste toi et moi.


Son regard cherche le mien.


- Un dîner ? Pourquoi pas... dis-je avec précaution. Mais où ?


- Chez moi, répond-il aussitôt. Disons que ce serait... plus discret. 19 heures, ça te va ?


Sa proposition me fait plaisir mais la mention de la discrétion ravive une inquiétude que j’essaie d’étouffer depuis ce matin.


- Discret, vraiment ? Parce qu’ils n’ont pas encore trouvé précisément où nous sommes ? Et si ça arrivait ?


Je sens ma voix trembler et je déteste qu’il le remarque. Edward s’approche, les traits adoucis, conscient que le sujet est délicat.


- Mia, je sais que tout ça est intimidant. Ces photos, ces articles... Je voudrais que tu saches que je m’en occupe.


Je croise les bras, tendue.


- Mais comment ? Les photos sont déjà partout.


- Je fais tout pour que ça ne dégénère pas davantage. Les photos sont déjà là, oui, mais ce ne sont que des images. Rien de plus.


Je détourne les yeux et me mord la lèvre pour essayer de contenir mes émotions.


- Ils parlent déjà de moi comme si j'étais... j'étais...


Je m’interromps, incapable de terminer ma phrase. Edward devine le mot qui reste coincé dans ma gorge.


- Comme si tu étais ma petite amie ? termine-t-il, un sourire en coin.


Je hoche la tête, ouvre la bouche mais aucun son ne sort.


- Mia, calme-toi, dit-il en posant une main sur mon avant bras. Les gens adorent parler. Mais ils ne savent rien et surtout ils ne savent pas qui tu es. Ce qu’ils disent ou pensent n’a aucune importance, crois-moi.


Sa main est chaude, réconfortante. Une ancre à laquelle me raccrocher.


- Facile à dire pour toi, soupiré-je malgré moi. Tu es habitué à être dans la lumière et ils ne savent peut-être pas qui je suis mais ils connaissent mon visage.


Edward recule comme pour mieux comprendre mon point de vue.


- Tu as raison, je suis habitué. Mais ça ne veut pas dire que je prends ça à la légère. Je veux te protéger de tout ça, Mia. Et je ferai tout ce qu’il faut pour que tu te sentes en sécurité.


Ses paroles me touchent plus que je ne veux l’admettre. Pourtant, une partie de moi reste sceptique.


- Et si ça empire ? Si d’autres photos apparaissent ?


Edward pousse un soupir mais son regard reste chaleureux.


- Alors, on gérera ça ensemble. Je te promets que je ne te laisserai pas affronter ça seule.


- Mais pourquoi est-ce si important pour toi ? demandé-je, presque à bout de souffle.


Il sourit comme si la réponse était évidente.


- Parce que tu comptes pour moi.


Je sens mes joues s’empourprer, ma poitrine se soulever. Son regard ne me quitte pas. Il s’approche un peu plus.


- Écoute, je comprends que ça te fasse peur. C’est normal. Mais je veux qu’on profite du moment présent. Ce soir, c’est juste toi et moi. Pas d’appareils photo, pas de journalistes.


- Tu as une drôle de façon de convaincre les gens, murmuré-je.


- Et ? Ça marche ? demande-t-il de son ton taquin.


Je ris doucement, détendue pour la première fois depuis ce matin.


- Peut-être.


- Alors, disons 19 heures. Promis, pas de mauvaises surprises.


Je hoche la tête, un léger sourire aux lèvres.


- D’accord, Edward.


Ce soir, c'est juste toi et moi.

Tu as aimé ce chapitre ?

11

11 commentaires

Samantha Beltrami

-

Il y a 4 mois

Et je suis a jour ☺️

Estelle Miccoli

-

Il y a 4 mois

À jour ! ☺️

Dystopia_Girl

-

Il y a 4 mois

petit coup de pouce:)

lorrely

-

Il y a 4 mois

👋👋💖

Cindy V.

-

Il y a 4 mois

Sa main est chaude, réconfortante. Une ancre à laquelle me raccrocher. >> C'est une belle image !

Pjustine

-

Il y a 4 mois

Merci beaucoup, ton commentaire me fait vraiment plaisir !

K.C Sankr

-

Il y a 4 mois

🫶🏻 🫶🏻

aurora.R

-

Il y a 4 mois

A jour 😁

Andrée Martin

-

Il y a 4 mois

🫶🏻
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.