Pjustine Coeurs en équilibre Une histoire à inventer

Une histoire à inventer

Edward semble remarquer mon trouble, un éclat amusé dans le regard, mais il n'en fait aucun commentaire.


- Alors, Charlotte, reprend-il doucement, qu'attend-elle de votre mystérieux accompagnateur ?


Je reste un instant silencieuse. Les mots se bloquent dans ma gorge. À quoi s'attend Charlotte ? Une part de moi sait très bien ce qu'elle espère : rencontrer l'homme avec qui je partage ma vie, celui que j'aime, qui m'aime en retour et avec qui je peux envisager un avenir. Mais comment expliquer cela sans paraître désespérée ?


- Elle... elle espère probablement que je vienne avec quelqu'un d'intéressant, dis-je enfin, évasive.


- Intéressant ? répète-t-il, feignant une moue sceptique. Je ne sais pas si je remplis ce critère.


- Vous plaisantez ? rétorqué-je, presque sans réfléchir. Vous êtes... enfin, vous savez...


Edward éclate de rire, un rire cristallin, sincère et je me maudis intérieurement pour ma maladresse. Son rire résonne dans la pièce, léger et sans effort. Malgré moi, je ressens un mélange d'embarras et d'excitation.


- D'accord, Amélia, dit-il en levant une main pour m'arrêter. C'est bon, j'accepte.


Je le regarde, surprise par sa réponse. Une part de moi s'attendait à ce qu'il refuse, qu'il me dise que c'était une mauvaise idée, qu'il ne voulait pas se retrouver dans une situation aussi inconfortable. Mais non.


- Vous acceptez ? répété-je, incrédule.


- Oui. Pourquoi pas ? Ça pourrait être amusant. Et puis, je dois avouer que je suis curieux de rencontrer cette fameuse Charlotte.


L'idée de passer une soirée avec Edward me procure soulagement et appréhension.


Ce dîner, qui me semblait être un véritable fardeau et qui s'annonçait comme la plus grande honte de ma vie, vient de prendre une toute nouvelle dimension.


- Merci, Edward. Vraiment. Ça compte beaucoup pour moi, dis-je, sincère. Je veux dire, je... je ne sais même pas comment vous remercier.


- Avec plaisir, répond-il, son sourire se transformant en une expression plus douce. Mais, attention, il y a des règles à suivre, ajoute-t-il avec un éclat malicieux.


- Quelles règles ? demandé-je, méfiante mais amusée. Qu'est-ce que vous voulez ?


Il me regarde un instant, énigmatique, et semble savourer la situation.


- Eh bien, pour commencer, si je suis censé être votre « plus un », il va falloir m'expliquer ce que je suis censé être. Votre collègue ? Votre ami d'enfance ? Votre... fiancé ?


- Fiancé ? m'exclamé-je, étouffant un rire nerveux. Certainement pas !


- D'accord, alors petit ami, propose-t-il en haussant les épaules. Ça pourrait fonctionner, non ?


Je reste un instant abasourdie. Il parle d'une manière tellement fluide, tellement sérieuse, comme si cette idée n'avait rien d'inhabituel. Petit ami. C'est simple, direct et pourtant...


- Petit ami ? répété-je, un peu choquée. Vous vous rendez compte de ce que vous dites ?


- Oui, je sais ce que je dis, répond-il en riant légèrement. Mais au fond, c'est un petit rôle à jouer, non ? On se fait passer pour un couple. Pas besoin d'en faire tout un drame. Vous voulez bien que ce soit moi, n'est-ce pas ?


Je déglutis, sentant la chaleur me monter au visage. Ce n'est pas que l'idée de jouer le rôle de la petite amie d'Edward Johnson me dérange, c'est juste que tout ça devient plus réel que je ne l'imaginais. Je me surprends même à me demander ce que cela signifierait réellement si, dans un autre contexte, Edward et moi étions un véritable couple. Je chasse rapidement cette pensée.


Pourquoi ai-je accepté ce dîner en premier lieu ? Je ferme les yeux un instant et essaye de mettre de l'ordre dans mon esprit.


- Cette Charlotte, tu cherches à l'impressionner ? Ah oui, nous allons commencer par nous tutoyer pour plus de crédibilité. Cela te convient ?


Je fronce les sourcils, perplexe. Depuis combien de temps n'ai-je pas vraiment parlé avec quelqu'un de cette manière, sans barrières ni formule de politesse ?


- Oui et d'accord, dis-je finalement, un peu résignée. Petit ami, alors.


- Parfait, conclut-il, visiblement satisfait. Mais dans ce cas, il faudra qu'on travaille notre histoire.


- Notre histoire ? répète-je, surprise par la tournure que prennent les événements.


- Bien sûr. Si ta copine Charlotte est aussi perspicace que tu le laisses entendre, elle posera des questions. Où nous sommes-nous rencontrés ? Depuis combien de temps sommes-nous ensemble ? Des détails comme ça. Tu ne veux pas que ce soit suspect, n'est-ce pas ?


Je reste bouche bée un instant. Edward semble prendre cette affaire très au sérieux. Il construit une véritable fiction autour de ce faux couple. Son implication dans le processus est troublante, déstabilisante et passionnante.


- Je... je suppose que vous avez raison, admis-je, encore un peu déstabilisée. Mais je ne suis pas sûre de savoir par où commencer.


- Si tu veux que ça fonctionne, il va vraiment falloir que tu me tutoies, Amélia.


Il me fixe un moment avant de se redresser et d'aller chercher un carnet. Il s'assoit de nouveau et commence à écrire. Je le regarde, observe la manière dont il se concentre sur cette tâche. Tout à coup, il ne s'agit plus simplement de deux personnes qui jouent un rôle, mais de deux personnes qui façonnent une réalité commune. C'est étrange, presque... intime.


- Très bien, dit-il en souriant. Continuons.


Je prends une profonde inspiration et m'assieds à côté de lui. Nous passons en revue les détails de notre « histoire ». Nous nous sommes rencontrés dans un café et nous avons immédiatement sympathisé. Cela fait seulement quelques mois que nous sommes ensemble, mais tout semble si fluide, si naturel entre nous.


Edward note tous les détails.


- Et si on disait qu'on s'est rencontrés lors d'un voyage, propose-t-il soudainement. Tu sais, un weekend à Paris. C'est toujours romantique, non ?


Je le regarde un instant, un sourire involontaire étire mes lèvres.


- Paris... c'est cliché, mais ça pourrait marcher.


Il hoche la tête, visiblement satisfait.


- D'accord. Un weekend à Paris. Un coup de foudre en plein cœur de la ville lumière. Tout ce qu'il y a de plus classique, mais ça sonne juste, ajoute-t-il, l'air amusé.


Je rigole et secoue la tête. Le ridicule de la situation me frappe. Mais il y a aussi quelque chose de délicieux à se laisser emporter par l'imaginaire. Chaque détail que nous ajoutons nous rapproche un peu plus l'un de l'autre.


À mesure que l'heure avance, ma nervosité initiale s'efface, remplacée par une légèreté que je n'avais pas ressentie depuis longtemps. Nous continuons à imaginer des scénarios de plus en plus élaborés et rions aux éclats à chaque nouvelle idée farfelue. Ce qui avait commencé comme un simple jeu se transforme en une expérience inattendue, empreinte de complicité.

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4 commentaires

lorrely

-

Il y a 4 mois

Hop à jour 🍀

Pjustine

-

Il y a 4 mois

Merci beaucoup !
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