Fyctia
Chapitre 13 3/3 - Mélissa
Mes bras se referment contre mon ventre comme en un geste protecteur. Pourquoi faut-il que je repense à tout ça maintenant ?
— Comment peut-on trop rêver ? dis-je d’une voix forte, cherchant à me raccrocher au présent. Nous sommes des auteurs, les rêves font partie de notre quotidien.
Un mouvement dans le dos, mais j’y prête à peine attention.
— Pas faux. Je te donne le point.
Je sursaute lorsque je sens un plaid se poser sur mes épaules. Mes yeux croisent ceux d’Eric. Il m’offre un vague sourire avant de s’installer à mes côtés. Des regards se tournent vers nous, mais je ne sais comment réagir. Cette fois-ci, si certains avaient encore des doutes, désormais, c’est terminé après cette simple démarche. OK, il a aussi fourni des couvertures à nos collègues, mais avec moi… tout semble si différent. Le moindre geste amplifie… mes frissons. Je ne tremble plus de froid, mais d’autre chose. De peu, je me retiens de m’approcher un peu plus du jeune homme.
— Ça va mieux ? murmure-t-il avant de river son attention vers le ciel. Si tu veux, je…
Il ne poursuit pas. Mes doigts se crispent sur le délicat tissu du plaid. Je cherche de toutes mes forces à calmer mon corps, transi d’une vague de frémissements.
— Je me sens mieux, mais toi ? retourné-je, une pointe d’inquiétude dans la voix.
Il a pensé à tout le monde, sauf à lui. Comment est-il possible d’être aussi attentionné et se mettre à l’écart ? Et si… Et si je le recouvrais, si on se cachait ensemble ? Non, non et non. Je ne peux pas, je ne dois pas.
— Je n’ai pas froid.
Pourtant, il me semble l’avoir vu trembler à l’instant. Ça signifie donc qu’il me ment. Sans doute n’a-t-il pas réussi à trouver d’autres plaids. D’autant que certains de nos collègues se rapprochent pour partager leur chaleur comme une bande de joyeux lurons.
— Je ne suis pas très convaincue par ton petit jeu d’acteur, soufflé-je.
Mes bras s’étirent alors que je suis à deux doigts de proposer la couverture à Eric. Il m’observe avec de grands yeux, la bouche entrouverte, avant de fixer l’infini du ciel une nouvelle fois, comme pour me fuir. À ce rythme, je me demande qui de nous deux va manger en premier une mouche.
— Je vois bien que tu trembles, chuchoté-je.
Sa paume d’Adam remonte tandis qu’une de ses mains effleure la mienne sous le tissu. Je frissonne et cherche à m’approcher davantage de ses doigts pour les prendre dans les miens. Le contact me donne un choc électrique et mon sang ne fait plus qu’un tour dans mes veines.
Mon visage se penche en direction du sien. Il est près. Beaucoup trop près de moi. Je peux presque sentir son souffle chaud contre ma peau.
— Tu es… sublime, murmure-t-il du bout des lèvres avant de subitement prendre conscience de ses paroles. Pardon.
Bon sang, pourquoi est-ce que le Vésuve est en train de hurler en moi ? Pourquoi ai-je soudain envie de goûter à ses lèvres ?
— Finalement, Ptikouik aura servi à quelque chose aujourd’hui, lance joyeusement Angélique.
Une vague de froid remonte mon échine et je détourne rapidement mon attention, la magie brisée entre mon collègue et moi. Il n’y a plus rien de la tension avec Eric, juste quelques battements de cœur encore affolés. Si seulement le papillon pouvait se taire…
— Qu’est-ce que tu veux dire par là ? demande Marie.
— Eh bien, il nous aura divertis et prouvé qu’on est une bonne équipe soudée.
J’ai un peu de mal à suivre son raisonnement, mais soit. S’il y a le moindre sous-entendu dans ses paroles, je préfère éviter de le comprendre. Pas après ce qui a failli arriver à l’instant. Eric, si tu souhaites vraiment qu’il se passe quelque chose entre nous, décide-toi, mais ne fonce pas tête baissée…
Un soupir s’échappe d’entre mes lèvres, et je m’accroche davantage à la couverture.
— Tu as encore froid ? me demande le jeune homme dans un murmure.
— Je suis juste un peu fatiguée, réponds-je avant de poursuivre d’une voix plus forte. Je vais vous quitter. Bonne nuit tout le monde.
Sur ces mots, je me lève, et laisse glisser sur le sol le plaid. Je me retiens de voir si mon collègue le récupère pour recouvrir ses genoux ou tout son corps, craignant de ne pas être capable de supporter encore un de ses regards. Surtout à la vue de tous.
Veillant à faire attention à ne pas claquer la porte-fenêtre, je m’engouffre dans le chalet et m’avance d’un bon pas en direction de ma chambre. Du revers de la main, j’essuie les larmes qui commencent à couler. Si seulement tout était plus simple. Si seulement on ne m’avait jamais brisé le cœur…
7 commentaires
NICOLAS
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Il y a 9 jours
Gottesmann Pascal
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Il y a 9 jours
KoalAline
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Il y a 9 jours
Carl K. Lawson
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Il y a 10 jours