Fyctia
Chapitre 13 2/3 - Mélissa
— J’ai juste un conseil à te donner : suis ton cœur.
Ma bouche s’entrouvre, mais je la referme aussitôt, incapable de savoir quoi dire. Au fond de moi, je dois bien avouer avoir trouvé une bonne confidente. Je ne sais comment la situation si quelqu’un d’autre était à la place de Marie, Estelle, par exemple. Cette jeune femme, bien qu’elle soit un véritable rayon de soleil pour l’équipe, est un peu trop éclatante à mon goût. Elle croque la vie à pleines dents et ne passe pas par quatre chemins. Elle est bien la seule à finir une journée de dédicaces avec encore la tête sur les épaules. Et ce n’est pas l’unique tasse de café qu’elle boit dans la matinée qui l’aide à tenir debout, ou plutôt assise, du matin au soir. Son corps doit être shooté à je ne sais quel énergisant naturel.
Je soupire puis secoue la tête avant de soudain prêter attention au gargouillis de mon estomac.
— On dirait bien que c’est l’heure de préparer le dîner, s’amuse Marie.
Alors que je m’apprête à me relever, ma coloc se redresse d’un seul coup et me fait signe de la main de ne pas bouger.
— Ce soir, c’est moi qui régale. Tu peux faire la table si tu veux, mais je me garde les fourneaux.
Ce serait mentir que de dire que ce plan me dérange. Après tout, depuis notre arrivée, je ne cesse de vanter sa cuisine. Avant d’avoir la chance de vivre de sa passion pour l’écriture, ma collègue travaillait dans la restauration. Pour autant, elle est loin d’avoir perdu son amour pour la nourriture. Dommage cependant qu’elle ne révèle pas ses secrets.
— Oui, cheffe, à vos ordres, cheffe, m’amusé-je avant de me rallonger confortablement sur le canapé.
Autant profiter de quelques minutes de repos. J’ai tout le temps de m’occuper de la table plus tard. La soirée s’annonce interminable, mais j’ai déjà hâte de retrouver toute l’équipe réunie pour l’observation du ciel.
Tous massés dehors, nos tasses de chocolat chaud supplément marshmallows désormais vides, nous installons sur le sol froid de la terrasse. Mes mains s’enfoncent dans les poches de mon manteau. Malgré la présence de gants, le vent me mord les doigts, mais je ne me plains pas. Étudier les étoiles, tous ensemble, c’est tout ce qui compte pour moi.
— Une photo ne serait même pas capable de capturer la beauté de la nature, s’exclame rêveusement Angélique.
La jeune femme, détendue, plante ses mains derrière elle, dans le bois. Ses longues boucles à l’anglaise tressautent dans son dos. Elle a tout l’air d’une héroïne de romantasy comme ça.
— Effectivement, confirme Pablo, à ses côtés.
Du mieux que je peux, j’évite de regarder en direction des caméras au risque de finir aveugle. Leurs lumières, je ne sais comment s’appellent leurs appareils, me donnent l’impression de sortir tout droit d’un parc d’attractions. Ils me font aussi penser au flash d’une autrice-créatrice que je suis et qui, ces derniers jours, partage une histoire en story.
Je frotte mes mains, comme pour les réchauffer. Comment font les stars du cinéma pour se détacher du matériel de tournage ? Le temps doit sans doute les aider à s’y habituer.
Près de moi, Eric se lève d’un bon et j’évite de peu de tomber de la terrasse, surprise par son geste.
— Je reviens dans cinq minutes, s’exclame-t-il en nous disparaissant à toute vitesse.
S’il compte nous laisser bel et bien cinq minutes, c’est qu’il a terriblement besoin d’aller au petit coin. Le froid doit sacrément me tourner le cerveau pour que la première pensée qui me vienne soit pour les toilettes.
— Vous savez ce qu’il manque ? demande Cynthia.
— Quoi ? lance Hector.
— Un peu de chaleur ? suggère Estelle. Une nouvelle tasse de chocolat ? Une fondue ? Un igloo ?
Un rire nous échappe tous. À ce rythme, elle va finir par nous soumettre une liste de courses. OK, pas complètement réalisable, mais ça reste tout de même amusant.
— Une tente, tant qu’y est ? pouffe Hector.
Estelle lève les yeux au ciel sans pour autant se départir de son sourit.
— Et pourquoi pas ? J’aime bien l’idée.
Mon corps se recroqueville, en quête de chaleur alors que le froid commence à remonter petit à petit mes pieds. Je suis tentée de proposer un chauffage ambulant, mais je doute que ce soit ça la réponse à la question.
— Des étoiles filantes, conclut Cynthia. Mais je suppose que ce serait trop rêver ?
Arquant un sourcil, je dévisage la jeune femme. Ses jambes s’agitent devant elle. Tout chez elle respire la joie de vivre, et son bonheur est plus que communicatif. J’ai vraiment bien de la chance d’être aussi bien entouré. Je n’aurais pu désirer mieux à cette période. La présence de mes collègues pour les fêtes de fin d’année est bien plus agréable que ma famille. J’ai beau les aimer très fort, je ne peux m’empêcher de songer à tous les espoirs qu’ils posent sur moi. Non seulement ils ne considèrent pas sérieusement mon travail, mais en plus, je ne veux pas me marier et avoir des enfants. Ils n’ont jamais compris pourquoi j’ai quitté ce rat de Maxime, et encore moins Théo. Quand je pense à tout ce que m’avait caché Maxime, à l’époque…
13 commentaires
Gottesmann Pascal
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Il y a 10 jours
lovelover
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Il y a 10 jours
petites.plumes
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Il y a 11 jours