Fyctia
Chapitre 13 1/3 - Mélissa
Le même jour…
Décidément, la journée aura été plus mouvementée que prévu et je ne sais si je serai capable ce soir ou plutôt, cette nuit, de poser le moindre mot sur mon manuscrit. Mon dos craque alors que je m’étire avant de me laisser tomber sur l’immense canapé. Un coussin atterrit au sol, mais je ne cherche pas à le récupérer. Tout ce que je souhaite, c’est du calme et une bonne tasse de chocolat chaud, même si d’après certains, déguster une telle boisson en fin de journée est une mauvaise idée. Il n’y a pas d’heure pour du chocolat, non, on devrait pouvoir en savourer à n’importe quel moment, surtout quand le moral est dans les chaussettes.
— Heureusement qu’on a reporté la fondue à demain soir, marmonne Marie en se jetant sur le fauteuil voisin.
Tendant le bras, je récupère le coussin au sol et le sers contre moi, comme s’il s’agissait d’une peluche.
— Tu l’as dit, soufflé-je. On aurait fini encore plus en compote. Je doute même que les hommes se seraient proposés pour nettoyer les appareils.
Un soupir m’échappe et je m’enfouis davantage dans le canapé. Autant profiter le plus possible de la chaleur de l’intérieur avant de rejoindre le froid glacé du monde extérieur.
— Tu es un peu trop cruel avec eux.
Je fronce les sourcils et dévisage ma camarade.
— Tu n’es pas d’accord avec moi ?
— Si, mais je doute que ce soit une bonne idée de faire des généralités. Et puis, je trouve qu’on est tombé sur le gros lot. Regarde, on s’entend vachement bien avec Hector, Pablo et Eric.
À la mention de ce dernier nom, la jeune femme plisse les yeux, comme pour scruter la moindre de mes réactions. Elle ne va tout de même pas rentrer dans le jeu d’Estelle, si ?
— Je ne te cache pas que c’est très beau à voir la complicité que vous avez ensemble. On ne peut pas faire plus adorable.
J’arque un sourcil, confuse. Au fond de moi, je prie pour que mes joues ne virent pas à l’écarlate. Je ne sais de quand date la dernière fois qu’on m’a fait une telle remarque. Je crains même de ne jamais avoir eu le droit à ça avec mes ex. Sans doute avait-on déjà compris que quelque chose n’allait pas dans mes relations.
— Tu trouves vraiment qu’on est complice ?
— À voir comment vous êtes souvent accroché l’un à l’autre, oui. Il y a quelque chose entre vous.
Mes doigts s’enfoncent dans mon coussin. Les battements de mon cœur s’accélèrent avant de finalement se détendre.
— C’est juste du respect. Eric m’a avoué qu’il aime beaucoup ma plume.
Tout comme ma mystérieuse binôme d’écriture. Ils devraient peut-être créer ensemble un club… Non, non, surtout pas. Ce serait beaucoup trop creepy. Je ne suis pas adepte des groupes autour d’une personnalité, surtout quand certains cherchent à imiter leur idole. La chirurgie esthétique fait quelques ravages au point qu’on se retrouve avec quelques clones un peu partout dans le monde. Certains oublient qui ils sont pour ne plus être qu’une copie dans le moindre fait et geste, l’apparence et la parole. Ariana Grande a même peur d’une de ses fans…
— Il n’a pas tort, me ramène à l’instant présent ma collègue. Tu as des doigts de fée en plus d’une imagination débordante. Sauf que là, excuse-moi de te le dire, mais il y a plus que du respect.
Elle secoue la tête avant de se reprendre. Un rictus étire ses lèvres en coin alors qu’une boule de tension se forme dans mon estomac.
— Je suis même certaine que tu vois ce que je veux dire, mais que tu n’oses juste pas te l’avouer. C’est plus facile de faire comme s’il n’y avait rien, sous un faux prétexte.
Comment répondre à ça ? Là est la question.
— C’est…, commencé-je avant de finalement abandonner. J’aurai beau essayer de débattre avec toi, je vais juste m’enterrer plus qu’autre chose.
— Tout à fait. Tu vois que j’avais raison ! Il y a bel et bien quelque chose.
Marie plante un coude dans son canapé et me dévisage d’un air un peu trop semblable à un GIF de chien. Une comparaison pas très flatteuse, je le confirme.
— En es-tu vraiment sûre ? murmuré-je, pas certaine de ma question.
J’ai cru à deux reprises aimer par le passé et aujourd’hui, je le regrette amèrement. Je ne veux plus jamais être la poupée qu’on raccommode avant de blesser et de récupérer. Plus de relation toxique et de manipulation. Tout ça doit rester derrière moi. Mon cœur est désormais enchaîné, comme ceux des princes maudits. OK, Eric est peut-être quelqu’un de bien, mais en vérité, je ne sais rien de lui. Nous ne sommes que de parfaits inconnus animés par la même passion : l’écriture.
Marie agite négligemment la main avant de détourner le regard pour fixer le plafond. On se croirait presque j’ai le psy. Faudrait vraiment que je reprenne rendez-vous avec la mienne le mois prochain. Repartir sur de bonnes bases après le Nouvel An, il n’y a rien de mieux.
— Je dis ça juste comme ça. Ce n’est pas à moi de prendre les décisions, mais toi. Je ne peux pas savoir ce que tu ressens et ce dont tu as besoin.
Relation sérieuse ou aventure… Voilà ce qu’elle sous-entend à travers ces ultimes paroles, mais moi, je n’ai jamais été friand de ce dernier cas de figure. Je crois au véritable amour. Ce joyau rare et précieux. Même s’il n’est fort probablement pas fait pour moi.
7 commentaires
Gottesmann Pascal
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Il y a 11 jours
Anna C
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Il y a 10 jours
petites.plumes
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Il y a 11 jours
Anna C
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Il y a 11 jours