Anna C Co-auteur au premier clic Chapitre 12 3/3 - Eric

Chapitre 12 3/3 - Eric

— Tu veux de l’aide ? proposé-je, regrettant aussitôt mes paroles.


S’il dit oui, je… Je ne sais pas ce que je vais faire. Mais je ne doute pas une seule seconde que la bestiole va sentir ma peur et me courir après pour me mordre les pieds puis les fesses une fois que je serai étendu à moitié mort sur le sol. Ça fera un sacré scoup pour le journal et une belle montée de tourisme pour le village.


— Si tu veux, mais je peux très bien me sortir tout seul. Je t’assure que ça va aller. Il faut juste ne pas le brusquer sinon il va stresser encore plus.


Il tape doucement le sol d’une main et essaye de se rapprocher, toujours à quatre pattes. Ptikouik agite la queue, la gueule grande ouverte. À ses côtés, le sapin perd quelques-uns de ses épis. Risque-t-il de se faire mal avec ? Je ne sais pas et, je suis, il est fort probable, un monstre, mais je pense que je préfère très largement sauver le conifère que le petit chien.


— Vous lui avez fait quoi ? me demande dans un murmure Mélissa.


Elle se poste près de moi, mais je lui prête à peine attention, mon regard concentré sur la scène qui me semble sans fin. Pour une fois, ce ne sera pas moi qui serai tourné au ridicule à la télé.


— Rien du tout, on l’a retrouvé comme ça après qu’il est rentré des courses, réponds-je dans un soupir.


Estelle, debout une nouvelle fois sur le canapé, dans une posture semblable à un suricate, fixe Hector et le chihuahua. Un peu plus loin, Cynthia et Angélique rangent quelques boules de Noël que Ptikouik a dû renverser, je ne sais comment, plus tôt. Il n’y a aucun signe de Marie, qui, je suppose, à dû prendre la fuite.


— Sachez que ce n’était pas notre idée, à Eric et moi, lance Pablo alors que personne n’a rien dit.


Hector grommelle et se penche davantage, révélant un morceau de son caleçon sapins de Noël sur fond rouge alors que son pantalon glisse. Ptikouik lui fonce dessus comme une chèvre en furie puis enfonce ses crocs dans la manche de son pull. Alerte. Situation critique. La bête est enragée.


— Mais aidez-moi, putain ! finit-il par hurler, perdant tout sang-froid d’un seul coup.


J’inspire profondément et m’approche d’un pas méfiant. Tout mon être se concentre sur ma respiration et sur ma cible. Mélissa m’abandonne, rejoint le chemin inverse pour aller je ne sais où. Malgré son grand calme, la tempête gronderait-elle en elle ? Préfère-t-elle choisir la fuite comme Marie ? Bon sang, pourvu qu’ils ne se mettent pas tous à prendre leurs jambes à leur cou, sinon je vais donner Hector en pâté pour le démon.


— Ptikouik, tu as faim ? tonne la voix de Mélissa.


Mes pas se stoppent brusquement à quelques foulées du sapin. Je suis à deux doigts de me pencher, mais doute que cela ne soit une bonne idée. Soudain, le chihuahua arrête de mordiller la manche de mon collègue pour tourner son attention derrière moi. Avant même que je ne puisse crier gare, il hurle et passe entre mes jambes, aussi rapide que l’éclair. Il va peut-être falloir que Lucky Luke prenne sa retraite, parce que la concurrence est rude.


Lorsque je me retourne, je découvre Mélissa, inclinée, donnant un modeste morceau de jambon au monstre. Bien évidemment… Qui ne serait pas attiré par l’appel de la nourriture ? Voilà un problème de réglé, mais il est trop tôt pour crier victoire. Tant que Ptikouik n’aura pas retrouvé sa maîtresse, nous sommes ses esclaves. Pourvu que le pire soit passé.


— Ce n’était pas si compliqué que ça au final, tente de nous rassurer ma collègue.


Pas besoin d’être savant pour comprendre qu’à travers ses paroles elle cherche juste à détendre l’atmosphère et à se tranquilliser elle aussi.


— Vous…, commence Angélique avant de se reprendre. On est censé le garder jusqu’à quand ?


— Oh, jusqu’à quatre heures, quelque chose comme ça, répond d’une voix lente Hector.

Encore un peu moins de cinq heures…


— Bon, la fondue attendra demain soir du coup, conclut Marie en descendant les escaliers, enfin de retour parmi nous.


— Pauvre programme préparé avec tant de soin, gémit Pablo. À moins que…


Il tourne sur ses talons et un sourire étire ses lèvres. Avant même qu’il ne puisse ajouter quoi que ce soit, je me laisse tomber sur une des chaises de la salle à manger. Mon regard glisse un vague instant du côté de Mélissa. Elle attrape le chihuahua, désormais calme, je ne sais pour combien de temps, et lui caresse les oreilles. Un sourire digne d’un ivrogne étire les traits de Ptikouik.


— On pourrait déplacer le programme de demain à ce soir, sinon, non ? Ça ne demande rien de compliqué d’admirer le ciel, alors autant en profiter.


— Allez, on fait ça, sifflote joyeusement Angélique.


— Ça annonce un ciel dégagé en plus pour la fin de journée, c’est parfait, complète Cynthia.


Reste plus qu’à survivre d’ici là, et puis, observer les étoiles, ce sera une belle récompense après cette épreuve. Surtout si… Mon regard s’attarde sur Mélissa et je retiens mon souffle.

Eric, cette mascarade a assez duré. L’heure est venue de cesser de te voiler la face. Oui, d’ici quelques heures, ce sera le moment idéal pour tenter une première approche.


— Tout va bien ? me demande la jeune femme en fronçant les sourcils.


Je cache mes mains sous la table.


— Très bien, affirmé-je dans un souffle.


Peut-être que cela n’aboutira à rien, mais au moins essayer, ça ne me fera pas de mal. En outre, quelque chose de non sérieux, cela me convient, je pense. Tant que c’est consenti, tout me va. Ce n’est pas comme si j’avais trouvé une boîte de préservatifs dans le tiroir de ma table de chevet, et quelques curieuses lignes dans le contrat… Le programme devait se douter qu’on arriverait à une telle étape, les malins. C’en est même presque flippant.

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4 commentaires

Gottesmann Pascal

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Il y a 12 jours

Gérer Ptikouik est, pour moi, une excellente activité pour souder le groupe.

Anna C

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Il y a 12 jours

Voilà, exactement ! :D

KoalAline

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Il y a 12 jours

Pourquoi tous les hommes ne sont pas des Éric ? Que des greenflags ça fait du bien !

Anna C

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Il y a 12 jours

Aux armes, prenons nos plumes et écrivons les hommes que nous voulons ! Battons nous pour un monde meilleur ! 🫡
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