Anna C Co-auteur au premier clic Chapitre 9 1/2 - Mélissa

Chapitre 9 1/2 - Mélissa

1er décembre 2024


Désormais équipés, nous nous approchons d’une première piste, la plus simple pour commencer, d’autant que Marie, Cynthia et Estelle n’ont encore jamais skié de leur vie. Autant éviter de prendre le risque de les perdre et qu’elles se blessent. Nous sommes un groupe et un groupe digne de ce nom se doit d’être soudé.


— Je vais vous montrer comment faire, annonce Pablo à l’intention des débutantes.


Le jeune homme s’agrippe à ses bâtons et entame une première glissade le long de la couverture blanche qui tapisse le sol. Je prête à peine attention à ce qu’il dit, mon regard tournant en direction d’Eric qui me semble… être dans la lune ? En quelques mouvements, je m’approche d’elle avant de me planter dans les rayures incrustées dans la neige, à ses côtés.


— Belle journée, n’est-ce pas ? lancé-je en guise d’ouverture.


On a vu mieux, mais autant commencer par quelque chose de banal pour tâter le terrain. D’autant que c’est loin d’être dans mes projets de lui faire peur.


Il m’offre un coup d’œil, un léger sourire aux lèvres, avant de reporter son attention sur sa propre ligne de glissade.


— On aime le froid et la neige ? retourne-t-il avant d’adopter une courte pause.


Une douce lueur d’amusement s’allume dans ses yeux.


— J’avoue que j’aime bien ce temps, poursuit-il. Je ne suis pas quelqu’un de compliqué. Peu importe qu’il fasse soleil ou non, je m’adapte.


Je fronce les sourcils, ayant un peu du mal à suivre son raisonnement, même si je vois ce qu’il veut dire.


— Je préfère très largement le soleil, mais c’est vrai qu’assister à un aussi beau paysage, ça fait énormément de bien au moral et à la santé, prononcé-je en tendant un bâton autour de moi.

Eric demeure silencieux, mais hoche la tête. Un peu plus, Cynthia, ses longues mèches sombres au vent, s’aventure à une pente. Elle tremble, mais réussit à garder son équilibre avant de s’arrêter. Marie la suit, mais tombe. Je peux l’entendre grogner de ma place.


— Tu penses qu’on va pouvoir tester toutes les pistes ? s’amuse le jeune homme en glissant avec infinie légèreté sur la neige.


Du bout des doigts, j’effleure puis rajuste mon écharpe autour de mon cou.


— J’en doute, mais longer au moins un sentier, ce serait déjà pas mal.


Mon attention coule des immenses arbres aux différentes voies où des groupes, des familles avec enfants ou des couples s’élancent. À notre rythme, il est fort probable qu’on n’avance pas très loin, mais rien ne nous presse, alors autant prendre notre temps.


— Allez, c’est le petit Louis, Louis la star, Louis la flèche*…, commence Pablo en imitant un animateur.


Est-ce que j’ai maintenant la musique du générique d’Oggy et les cafards en tête ? Oh que oui.


— S’il te plaît, pas ça, gémit Estelle en s’aventurant, à moitié confiante, en direction de la descente.


Sur ces mots, elle se jette dans le vide et à la différence de la précédente, elle ne tombe pas et retrouve assez vite Cynthia et Marie.


— Bravo ! crie Pablo avant de les rejoindre tout en prenant une accélération.


Heureusement qu’il n’est pas sur la même ligne des filles, sinon je crois bien qu’il aurait fait un strike. Il les dépasse sans problème avant d’agiter les bras, comme un champion du monde du ski de fond. En même temps, je pense que cela fera plaisir à voir aux téléspectateurs. Anticipant les descentes, un des caméramans s’est jeté d’un bon pas sur la plaine. L’un d’eux tourne justement dans mon dos, ce qui a de quoi me tendre. Comment les gens de la télé font-ils pour être aussi détendus ?


— On y va ? me propose Eric après le passage de Hector.


Le jeune homme me dévisage, la tête penchée de côté. Il serait presque tentant de faire une course ensemble. Une douce pointe de compétition gronde en moi.


— Allons-y, réponds-je.


Je m’agrippe à mes bâtons, prends de la vitesse, puis descends. Mon collègue a un peu d’avance sur moi, mais je finis par le rattraper depuis ma propre piste, et rejoins Pablo et Hector. L’adrénaline hurle au plus profond de mon être et je regrette presque de ne pas sauter sur un sentier plus complexe pour longer d’immenses pentes.


— Je m’avoue vaincu, s’amuse Eric.


— C’était génial ! s’exclame joyeusement Estelle.


Pablo rit et rouvre la marche, imité de près par une caméra.


— Vous voyez que ce n’était pas si compliqué que ça ! rugit-il fièrement.


Sur ces mots, il s’avance ou plutôt, il glisse, parcourant le chemin parfaitement tracé de la piste pour débutants. Le trio de novices le succède, me donnant l’impression pendant un infime instant de suivre le petit canard. Toujours aux côtés d’Eric, j’attends que les autres aient bien progressé. Je prends le temps de respirer l’air frais et admirer encore et encore le paysage. Ce n’est pas parce que le cadre est pratiquement identique d’un coin à l’autre que je ne vais pas profiter de la beauté de la nature.


— Tu réfléchis à ton roman ? me demande brusquement mon confrère.


Je secoue la tête.


— Du tout, soufflé-je en voyant une brume se former devant mon visage. J’aime juste savourer l’instant présent et prendre mon temps.


Mes doigts resserrent mes bâtons, et je me laisse bercer par le vent dans mon dos.


— Nous ne sommes pas pressés et avec les trois autres, autant baisser le rythme au lieu de leur mettre la pression.


— C’est vraiment gentil de ta part.


Je hausse les épaules, ne sachant pas trop quoi répondre à ça.


— Il n’y a rien de gentil dedans, c’est juste normal.


Le jeune homme s’arrête et tourne son visage vers moi. Il ouvre grand la bouche, mais ne souffle mot.


— Mmh, il est vrai que certaines notions se perdent aujourd’hui, finit-il par dire.


— Et pas qu’un peu. Il y a tellement de choses à corriger dans ce monde.


Je me mords la lèvre inférieure et serre à peine plus fort mes poings contre mes bâtons, comme cherchant à m’accrocher à quelque chose pour ne pas perdre l’équilibre. Un groupe nous dépasse, mais j’y prête vaguement attention alors que mon sang ne fait plus qu’un tour dans mes veines.


— J’ai bien de la chance de travailler avec une femme, laissé-je échapper avant de regretter mes paroles.




* Référence à un certain même d’Internet, Louis et sa médaille d’ourson.

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8 commentaires

Leonie Lonval

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Il y a 15 jours

Ooh vivement la suite!

Gottesmann Pascal

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Il y a 15 jours

J'aime bien cet interlude sur les pistes. Ça change. Et, non Melissa tu bosses pas avec une femme. Il peut aussi y avoir des hommes sensibles.

Anna C

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Il y a 15 jours

Tout à fait !

MelinaSANYA

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Il y a 15 jours

Bon... et bien me voilà accro... J'attends la suite avec GRANDE impatience et j'espère que mes commentaires ne t'embêtent pas trop (je suis autant bavarde à l'écrit qu'à l'oral... défaut ou trait de caractère ? ^^'). Bon courage pour la suite et à très vite !

Anna C

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Il y a 15 jours

Merciii infiniment, ça me fait vraiment chaud au coeur tes retours ! Ce n'est absolument pas un problème, tu peux écrire autant que tu veux ! J'espère très fort que la suite te plaira tout autant ! :3

ElisaCB13

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Il y a 16 jours

Je n'ai pas compris la dernière phrase ... 😥

ElisaCB13

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Il y a 15 jours

J'ai compris ... !

Anna C

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Il y a 15 jours

Aaash ouf alors !
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