Fyctia
Chapitre 8 1/2 - Eric
27 novembre 2024
Installé sur la terrasse du chalet, mon regard s’attarde sur la beauté des montagnes qui m’entourent avant de retourner sur l’écran de mon ordinateur. Entre deux notes, je savoure mon chocolat chaud. Certains peuvent penser que je suis fou de travailler dehors, selon moi, cela m’aide à garder l’esprit frais. Le paysage est assez inspirant, même si mon roman est loin de se dérouler dans un tel environnement.
J’étire mes doigts recouverts de fins gants. J’aurai sûrement tapé plus vite dans la salle à manger, mais cela ne me dérange pas de prendre mon temps. Plus les jours passent, plus le projet grossit. J’alterne entre écriture, lecture, suggestions et échange avec ma binôme. Actuellement, c’est à mon tour de faire avancer le récit. Le cadre a été posé et maintenant, les personnages évoluent et poussent le jeu de rôles de plus en plus loin. L’héroïne a déjà pu croiser à deux reprises le love interest, ce monarque puissant et respecté par ses sujets, mais qui garde ses distances avec les siens.
Je m’aventure le long du chemin, le visage baissé, tentant de fuir le regard des autres joueurs. Tout ceci a beau être une vaste comédie, je sais que certains ressentent derrière leur masque une véritable haine envers moi. Pourquoi ? Juste parce que « le roi » m’a adressé la parole. Oui, notre objectif à tous est de gagner ce jeu en s’élevant, mais moi, je préfère prendre mon temps et observer autour de moi avant d’exécuter la moindre action qui range d’influencer l’histoire principale. Était-ce vraiment une bonne idée de participer à ce programme où la fiction et la réalité s’entremêlent ? Comment faire confiance aux autres quand on ne sait pas si on est honnête avec nous ou nous ?
Mes doigts s’enroulent une nouvelle fois autour de ma tasse de chocolat. Je profite non seulement pour me réchauffer la gorge, mais aussi les mains. Je commence petit à petit à me sentir engourdi, pour autant, je suis bien trop absorbé par mon texte pour me lever.
— Mademoiselle Hortensia, quel plaisir de vous voir ! me lance Pénélope.
La jeune femme, entourée de ses deux acolytes, m’observe avec une lueur sournoise dans les yeux.
— Avez-vous entendu la nouvelle ? Sa Majesté prévoit une fête dans le village dans les semaines à venir, à l’occasion du solstice d’hiver. Vous imaginez ? Une véritable chance pour nous autres, le petit peuple !
Tiens donc, l’équipe qui veille au déroulé du jeu est-il derrière ce projet ? Je suis certaine qu’il s’agit là d’une idée qu’ils ont soufflée à Xavier ou plutôt, devrais-je dire, Sa Majesté Théodore. Combien d’argent ont-ils pu dépenser pour mettre en lumière un tel jeu grandeur nature ? Je ne sais pas et je n’ose imaginer le nombre de zéro.
— Non, je n’étais pas au courant, réponds-je d’une voix calme. Voyez-vous, je n’ai pas le temps comme vous de veiller aux rumeurs.
Je tourne le dos, bien décidée à ne pas poursuivre cet échange, et reprends ma marche pour regagner la librairie.
Le doute s’immisce en moi. Cela a beau être un premier jet, je ne suis pas convaincu, mais j’aurai tout le temps de compléter et retravailler plus tard.
Mes sourcils se froncent lorsqu’un flocon se pose sur ma main et je lève les yeux vers le ciel. Comme par hasard, la magie de Noël arrive au bon moment. Je ne dirai pas de nom à un peu de neige, voire plus. Je n’ai pas oublié le fait qu’il y a des pistes de ski pas loin et ce serait une super occasion de pouvoir ressortir tous ensemble.
Je décide d’éteindre mon ordinateur et le prends sous le bras avant de toquer contre la porte-vitre. Pablo et Hector tournent la tête d’un même rythme puis le second se lève pour m’ouvrir.
— Préparez-vous à skier demain, annoncé-je.
— Pardon ? hoquette Pablo.
Je souris et penche la tête en arrière après m’être engouffré dans le chalet.
— Il commence à neiger.
D’un geste rapide, je dépose mes affaires sur la table puis j’enlève mes gants et mon manteau. Je ne prends pas la peine de les ranger à leur place, mais pour le moment, je les abandonne sur une des chaises libres. Trop idées fleurent dans mon esprit en cet instant, réclament d’être couché sur mon Doc.
— Tu crois vraiment que les pistes seront ouvertes d’ici là ? me questionne Hector.
J’inspire à pleins poumons avant de répondre.
— Pas faux, je n’y avais pas pensé.
Pablo passe une main dans ses cheveux et de l’autre, m’invite à m’asseoir à leurs côtés, mais en gardant tout de même une certaine distance. Il est presque tentant de jeter un coup d’œil à nos différents fichiers.
— Dire qu’il y a à peine quelques jours tu avais pour objectif de rester enfermé pendant deux mois à l’intérieur, s’amuse le jeune homme.
— Je n’ai jamais dit que j’étais contre un projet de sortie, marmonné-je.
— Certes, mais ça m’étonne quand même venant de toi.
Je hausse les épaules et rallume mon ordinateur. Peut-être bien que j’ai vite retourné ma veste, mais comme tout humain parfaitement constitué, je… Non, ça n’a aucun sens. J’ai beau ressentir le besoin de traîner dehors, je ne dois pas transformer ça en cas général. Néanmoins, il faut absolument que je me trouve un café où me poser pour travailler ou une promenade à faire.
— On pourrait peut-être rendre visite aux filles, non ? propose Pablo. Je suis curieux de savoir quelle ambiance il y a cette fois-ci.
Je ravale ma salive de travers et prête soudain conscience que j’ai oublié sur la terrasse mon mug de chocolat chaud. D’un bond, je quitte ma chaise et me précipite dehors pour retrouver, sans surprise, mais déçu quand même, ma boisson désormais froide. Je vais être obligé de passer cette douceur au micro-ondes, quel gâchis.
— Moi je suis partant, et toi, Eric ? me questionne Hector. Tu viens avec nous ou tu restes là ?
9 commentaires
Sunny NDV
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Il y a 5 jours
Gottesmann Pascal
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Il y a 16 jours