Fyctia
Chapitre 7 3/3 - Mélissa
De l’autre main, elle attrape un stylo à plume et très vite, en prenant le dos de Pablo pour appui, elle note nos huit noms. Une fois fait, elle déchire du mieux qu’elle peut la feuille et roule les morceaux. J’en profite pour terminer en quelques gorgées mon vin chaud avant de jeter moi aussi le carton.
— Que le sort vous soit favorable, s’amuse-t-elle.
Marie s’approche la première, récupère une boulette puis s’écarte pour lire ce qui y est écrit. Je suis l’avant-dernière à suivre le mouvement, et je tourne le dos aux autres pour découvrir le nom de… Eric. Décidément, je trouve le hasard assez curieux. Depuis mon arrivée en Isère, je me retrouve parfois à discuter ou à échanger des coups d’œil avec le jeune homme. Soit, je vais devoir lui dénicher un cadeau maintenant.
Sans prévenir, je m’écarte du groupe avec la sensation qu’une caméra est toujours braquée sur moi. Je me faufile dans la foule et étudie attentivement les chalets en quête du cadeau idéal. Mon regard passe des chaussettes, aux figurines illustrant des personnages d’animés jusqu’aux bougies. Et… Bingo. Quelques pas plus loin, je tombe sur le meilleur stand pour nous autres auteurs. Le hic, c’est que sans doute mes collègues auront la même idée que moi, mais comment peut-on ignorer de la papeterie ? On n’est pas obligé d’être architecte ou jarditecte pour aimer les carnets.
— Bonsoir, vous avez une question ? me demande une jeune femme dans un large sourire.
— Bonjour, ça ira pour le moment, merci, réponds-je en me reconcentrant sur sa marchandise.
Je me mords la lèvre inférieure puis pose mes yeux sur un coin débordant de tampons. Voilà le cadeau parfait. C’est original et en plus, ça commence petit à petit à être à la mode que ce soit pour les auteurs ou les lecteurs.
— J’aimerai ce timbre, s’il vous plaît, demandé-je en pointant du doigt l’un d’eux.
— Celui-ci ?
Elle attrape le petit objet et me le présente. En dessous du manche, le tampon adopte une forme de couronne de laurier. Parfait pour encadrer une modeste dédicace.
— C’est ça. Et je vais prendre avec un pot d’encre aussi, s’il vous plaît.
La vendeuse hoche la tête puis pivote pour ranger mes achats tandis que j’extirpe un billet de vingt euros et un de dix. Une fois le paiement réglé et le paquet glissé dans mon sac, je décide de déambuler le long des stands et d’admirer les décorations. Je suis presque tentée de sortir mon téléphone pour prendre une photo, mais je m’abstiens. À vrai dire, je ne me sens pas très à l’aise à l’idée de faire un selfie au milieu de la foule, comme craignant qu’on me juge alors que je ne fais rien de mal.
— Pardon ! lance une voix familière en me rentrant dedans.
Je fronce les sourcils et dévisage Cynthia qui cherche à se faire minuscule. Je comprends aussitôt ce qui se passe et je referme mes bras autour d’elle, comme pour le dissimuler. Du mieux que je peux, j’évite les quelques regards qui se tournent vers nous, veillant à cacher la jeune femme de son ex-petit ami qui se trouve sans nul doute possible dans le coin.
— Il est parti ? murmure ma collègue après quelques secondes de silence.
Drôle de question alors que je ne sais pas à quoi le concerné ressemble.
— Pardon, j’allais oublier… Cheveux noirs, assez courts… à la Tchoupi. Il porte une veste à la Johnny Rockfort.
Je crois bien n’avoir jamais entendu une description aussi farfelue, mais soit. Mon regard passe de ma gauche à droite et je découvre finalement le jeune homme, les mains enfoncées dans les poches de sa veste, s’avancer sans prêter attention aux familles et couples qui l’entourent.
— Attention ! rugit une personne âgée à l’attention de l’ex sans que ce dernier ne se retourne pour s’excuser.
Comment Cynthia a-t-elle bien pu faire pour aimer un individu pareil ? Je ne sais pas, mais en tout cas, cela ne me concerne pas et je ne vais pas lui en poser la question.
— C’est bon, annoncé-je en desserrant mon étreinte.
— Tu en es sûre ? demande-t-elle en se redressant de tout son long.
Elle regarde vite de tout côté puis soupire, une main appuyée sur le cœur.
— Seigneur, j’ai eu chaud… Je vais pouvoir reprendre mon shopping maintenant.
— Tu es certaine que ça va aller ? poursuis-je, un brin inquiète.
La jeune femme hoche la tête.
— Je pense que oui. Merci beaucoup, Mélissa.
— Pas de souci. En cas de pépin, je suis là.
Ses yeux se baissent en direction de mon sac à main.
— Tu as trouvé ?
Elle n’a pas besoin de compléter pour que je comprenne ce qu’elle veut dire, et je m’écarte de quelques pas pour éviter de me faire bousculer.
— Oui, c’est tout bon, réponds-je. Je vais en profiter pour me promener encore un peu avant qu’on remonte.
— Dac, à tout à l’heure dans ce cas, termine-t-elle avant de m’abandonner.
Je l’observe encore un instant, au cas où elle décide de faire demi-tour, ce qui n’est finalement pas le cas. Bon, je vais peut-être me laisser séduire par une dernière sucrerie. Je ne dirai pas non à une petite crêpe avant de retrouver les autres. Autant en profiter.
9 commentaires
Nora Rosen
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Il y a 7 jours
MelinaSANYA
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Il y a 15 jours
Gottesmann Pascal
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Il y a 16 jours
vi brown
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Il y a 16 jours