Anna C Co-auteur au premier clic Chapitre 7 1/3 - Mélissa

Chapitre 7 1/3 - Mélissa

22 novembre 2024


— Dommage que le château du Touvet est fermé en cette période, soupire Cynthia, étendue sur l’un des canapés.


Elle pousse son ordinateur grand ouvert à ses côtés et glisse une main, lasse, sur son front. À croire qu’elle va défaillir après sa découverte.


— Ils ne peuvent pas le laisser ouvert toute l’année, non ? Le décorer en mode Noël ou contes de fées comme font certains châteaux ?


Je fronce les sourcils et pose la tasse de chocolat chaud désormais vide sur la table basse.


— Je ne te cache pas que je préfère qu’on les préserve au lieu de les dénaturer pour notre simple petit plaisir, me risqué-je à avouer.


La jeune femme sursaute et agrippe un des coussins qui l’entourent. Elle m’observe comme si des cornes avaient soudain surgi sur mon crâne.


— Tu le penses vraiment ? me questionne-t-elle.


Je hoche la tête, parfaitement accrochée à mes convictions.


— Ça a beau faire rêver, j’aime la fidélité à l’histoire, commencé-je avant de poser mon attention sur mon ordinateur. Et justement, voilà à quoi sert la fantasy. On écrit pour rendre réel nos idées les plus folles.


C’est sans doute mal formulé, mais je veux croire qu’elle comprend où je souhaite en venir. À ce propos, cela me rappelle mon projet en cours avec mon binôme. On a encore quelques points à voir sur le décor qui gravite autour de nos personnages. Peut-être que c’est exagéré, mais fixer des limites et un budget sur l’environnement du récit, ce serait vraiment bien. Même si nos deux protagonistes ont payé une fortune pour participer au jeu de rôles. Ne pas faire figurer l’information dans l’ouvrage ne veut pas dire ne pas devoir y songer. Le sens du détail, ça change tout dans une histoire, et le lecteur ne doit pas voir le squelette, mais l’admirer.


— Si seulement on pouvait étendre le projet à un roman polaire en général, soupire Cynthia. Ne pas juste s’arrêter à la romance.


J’entrouvre la bouche, prête à poser une question avant de me raviser et de récupérer mon ordinateur de la table basse pour le planter sur mes genoux.


— Tu as besoin de stimuler ton imagination ? finis-je par demander sans lâcher du regard mon écran.


— C’est ça. Sauf que ces derniers jours à rester enfermée pour brainstormer, ça n’aide pas. C’est pour ça que je te parlais du château.


— Il y a peut-être un autre endroit sympa à visiter dans les parages, non ?


Mes doigts effleurent mon clavier tandis que mon document Doc s’ouvre là où je l’ai laissé un instant plus tôt. Je prête à peine attention aux bulles de suggestions qui s’étendent dans un coin de l’écran.


— En dehors des cafés ? J’en doute.


Elle n’a peut-être pas complètement tort, mais…


— Si tu cherches à dire qu’on est dans un trou perdu, c’est un peu exagéré. Grenoble n’est pas loin si je ne me trompe pas.


— Parce que tu vas me faire croire que tu es prête à visiter Grenoble ?


Je lève les yeux au ciel. Que dirait-elle si je lui annonce qu’une partie de ma famille y a étudié il y a seulement quelques années ? OK, c’était plutôt dans une ville voisine, mais ça revient au même. Dommage qu’ils ne soient pas dans le coin… et qu’ils ne puissent pas venir pour les fêtes de fin d’années étant donné qu’ils comptent tous se réunir à Sète. 2024 va se finir sur une curieuse note douce-amère sans eux.


— Et pourquoi pas ? rétorqué-je. Tu as regardé dans la pochette s’il n’y a pas un marché de Noël sympa à visiter ? Ce serait déjà pas mal, je trouve.


— Peut-être, mais… Je ne sais pas. Ça ne m’attire pas du tout cette ville.


Absorbée par les paroles de la jeune femme, j’ai du mal à me concentrer sur ce qui est écrit devant moi. Diverses couleurs s’étendent sur le fichier et des bulles d’annotations s’étirent sur le côté droit. Le prologue est loin encore d’être parfait, mais en tout cas, j’ai déjà esquissé les grandes lignes à partir des quelques indications qu’on s’est échangé mon binôme et moi au cours de ces derniers jours.


— Alors ce serait une excellente occasion d’y aller, affirmé-je avant d’ouvrir un nouvel onglet. Laisse-moi juste deux secondes pour me renseigner.


Prêtant à peine attention aux protestations de la jeune femme, je tape à toute vitesse sur mon clavier. Un sourire s’étire sur mes lèvres au moment où je tombe nez à nez avec l’information espérée. Le timing est décidément parfait. Ne me reste plus qu’à convaincre les autres, surtout Cynthia.


— Le marché de Noël commence aujourd’hui, tu es vraiment chanceuse.


Mon regard se détourne de mon ordinateur pour se poser sur ma collègue qui demeure la bouche grande ouverte avant de la refermer. Un peu plus et je crains qu’elle aurait avalé une mouche.


— Tu plaisantes, n’est-ce pas ?


Pendant un bref instant, je redoute qu’elle finisse absorbée par le canapé tandis qu’elle se recroqueville sur elle-même.


— Pas une seule seconde. Qu’est-ce qui te fait peur tant que ça ?


Elle déglutit puis baisse les yeux, fuyant mon regard. Serait-il possible que j’aie touché un fil sensible ?


— Tu as besoin de parler ? demandé-je d’une voix douce.


Le silence plane entre nous pendant quelques secondes. L’atmosphère se fait lourde tout autour de nous.


— Mon ex est grenoblois.

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7 commentaires

Sunny NDV

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Il y a 5 jours

Oups, donc Grenoble ne doit pas réveiller des souvenirs très sympa..

Gottesmann Pascal

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Il y a 16 jours

Ah ouais, il vaudrait peut être mieux, pour Cynthia, visiter une autre ville. Quoi que, tous les grenoblois ne sont pas son ex. Il y en a peut être des sympas et beaux garçons.

Vana Aim

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Il y a 16 jours

Chapitre débloqué 😉
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