Fyctia
Chapitre 3 1/2 - Mélissa
Le même jour…
— Incroyable ! C’est aussi beau que chez nous ! s’exclame joyeusement Angélique en sautillant dans le chalet des garçons.
Sans faire gaffe, la jeune femme aux boucles à l’anglaise blonde rentre par mégarde dans Hector. Ce dernier l’empêche de tomber en l’attrapant, mais la relâche aussitôt avant de s’éloigner de quelques pas. Ils se dévisagent et me donnent l’impression pendant un infime instant d’être des jumeaux. Leur chevelure, si semblable, pourrait presque n’en faire qu’une.
— Pardon, lancent-ils en chœur avant d’étouffer un éclat de rire.
Mon attention remonte le long des marches de l’escalier, et je croise le regard d’Eric. Il me salue d’un bref geste de la tête que je réponds de la main. Aujourd’hui, il me semble bien silencieux comparé à la fois où nous nous sommes retrouvés lors de la réunion à Paris, mais de mon côté, je ne peux pas dire mieux. Depuis que je suis arrivée, je suis la foule comme un vulgaire mouton, perdue. Était-ce vraiment une bonne idée cette coloc d’écriture ? Je commence petit à petit à douter, sauf qu’il n’est plus possible de retourner en arrière. Je ne sais même plus pourquoi avec mes consœurs nous sommes allés envahir l’espace réservé à la gent masculine, un peu comme si c’était un quartier défendu. À si… c’était pour comparer leur chalet à la nôtre et accessoirement, passer le bonjour au jeune homme qui ne semble toujours pas décidé à nous rejoindre en bas. Que peut-il bien avoir en tête ? Il ne nous fait tout de même pas le Grinch, si ?
— Et si on fêtait le projet ? propose Pablo en se dirigeant vers le coin cuisine. Je crois avoir vu une bouteille de champagne dans le frigo…
Minute papillon, est-ce qu’on a vérifié nos tiroirs ? Le congélo ? Non, non et non. Pourquoi n’avons-nous pas pensé à l’essentiel ? Il faudra à tout prix qu’on s’organise tout à l’heure pour savoir comment gérer les courses.
— Est-ce qu’on ne pourrait pas…, commencé-je.
— Avec plaisir ! répond Estelle en me coupant la parole. C’est une excellente idée.
Bon, je crois bien qu’il n’est plus possible de refuser. L’affaire alimentation va devoir attendre encore un peu. Pour autant, je ne perds pas de vue mon objectif de contacter dans la journée mon ou ma partenaire d’écriture sur Discord. Le livre ne va pas se rédiger tout seul, sans compter que j’ai retourné dans tous les sens mon cerveau ces dernières semaines en quête de concepts innovants ou non pour la romance. L’été n’a pas été de tout repos et l’hiver approche. Je ne comprendrai jamais par contre pourquoi il commence en fin décembre, le plus correct serait de le décaler au mois de novembre.
— Mélissa ? Tu ne viens pas ? me ramène au présent Cynthia.
Je sursaute, surprise, et pose la paume de ma main sur ma poitrine, là où mon cœur bat la chamade. La jeune femme se tient devant moi, une mèche sombre caressant sa joue, à deux doigts de cacher son œil d’un vert émeraude profond.
— Si, pardon, j’étais dans la lune, m’excusé-je.
Elle attrape ma main et m’encourage à m’installer à table avec les autres, tandis que Pablo tapote la bouteille qu’il a entre les mains. Un mauvais pressentiment me ronge à l’idée que ce soit lui qui sabre le champagne. En revanche, je suis bien incapable d’expliquer pourquoi.
À deux doigts de me recroqueviller sur moi-même, je fixe le bouchon s’envoler en direction du plafond. Force alerte, tout va bien.
— Vite, une coupe ! gémit Pablo alors que de la mousse s’échappe de la bouteille.
Aussitôt, Marie, la petite dernière de l’équipe, tend son verre qui se remplit à vue d’œil du doux liquide ambré. Elle sourit puis remercie le jeune homme avant qu’Angélique poursuive le mouvement. En seulement quelques secondes, les coupes débordent. Huit verres pour huit amoureux de la littérature. En cet instant, le moindre doute que je peux avoir vis-à-vis de cette retraite d’écriture disparaît. J’en oublie presque la présence des caméras que je n’ai pas cherché à repérer dans le chalet de nos confrères.
— Aux éditions Minerve ! clame Hector.
— Aux éditions Minerve ! répète-t-on en chœur.
Les coupes s’entrechoquent avant de rejoindre nos lèvres. Il est peut-être un peu trop tôt pour savourer de l’alcool, mais soit. Dans ce cadre, cela ne fait pas de mal.
— Il faudrait qu’on voie où il est possible d’acheter les sapins, s’exclame brusquement Marie.
Je manque de m’étouffer et Estelle tape dans mon dos. Le seuil des priorités est assez curieux dans notre équipe. Ne songent-ils pas une seule seconde à la quantité de boulot qui nous attend ? Est-ce que l’ambiance des fêtes de fin d’année à venir leur a retourné le cerveau ? Et si… Et si c’était en fait un moyen pour travailler leur créativité ? Oui, cela aiderait sans doute à activer les machines, mais de mon côté, j’ai déjà quelques prototypes à transmettre à mon acolyte.
— Très bonne idée, confirme Cynthia. Je suppose que ça ne ferait pas de mal de contacter nos chères éditrices pour en savoir plus.
— Vous n’avez pas reçu le document ? s’étonne Pablo en reposant son verre devant lui.
De quoi est-ce qu’il parle ? Ne peut-il pas s’exprimer plus explicitement ? Nous sommes des auteurs, oui ou non ?
— Quel document ? répète Estelle tout en rajustant une mèche blonde derrière son crâne.
Décidément, il semblerait qu’on a bien besoin de faire un tour général de notre chalet. Entre le frigo et ça…
— On ne vous a rien laissé ?
10 commentaires
Scriptosunny
-
Il y a 14 jours
Anna C
-
Il y a 13 jours
MelinaSANYA
-
Il y a 15 jours
Gottesmann Pascal
-
Il y a 17 jours
Anna C
-
Il y a 17 jours