Fyctia
Chapitre 2 1/2 - Eric
Une main dans les cheveux, j’observe l’horizon. Des « chalets » m’entourent. Comment peut-on appeler une maison qui est davantage en pierre qu’en bois comme ça ? Il faudrait peut-être que certains revoient la définition d’un chalet. En tout cas, de l’extérieur, ça me donne envie d’explorer.
Au loin, mon éditrice, Nicoles, me fait signe de m’approcher, l’air aussi heureuse qu’un enfant qui vient de recevoir le cadeau de ses rêves. La situation doit beaucoup l’amuser alors que pour moi, j’ai juste l’impression d’entrer dans les portes de l’enfer.
— Bienvenue ! s’exclame joyeusement mon aînée tout en continuant d’agiter la main.
Ça se voit que ce n’est pas elle qui va devoir écrire un livre en quatre mains sans connaître son partenaire et en plus, sous le feu des caméras. J’ai beau avoir signé les documents envoyés par mail le mois dernier, je pourrai très bien faire demi-tour si on me demande d’apprendre un texte. Rien ni personne ne pourra me détourner de mes valeurs. Je ne suis pas un comédien, mais un agent de l’ombre armé d’un stylo ou plutôt, d’un ordinateur.
— Alors ? C’était comment ce voyage ? me questionne Nicoles au moment où je parviens à ses côtés.
Je dépose ma valise à mes pieds et hausse les épaules.
— Ça allait, lancé-je. Par contre… Comment ça se fait que tu sois seule ? Je ne suis pas le dernier arrivé, si ?
Ma supérieure secoue la tête puis esquisse un large sourire. Je devine d’avance sa réponse avant qu’elle entrouvre ses fines lèvres peintes d’un rouge carmin.
— Du tout, tu es juste le premier à être arrivé.
Elle jette un bref coup d’œil dans mon dos avant de poursuivre.
— Tes petits collègues ne devraient plus tarder, en attendant, je vais te montrer le chalet où tu vivras pendant ces deux prochains mois avec Pablo et Hector.
Je me disais bien qu’une maison par tête serait impossible, un rêve bien trop fou et coûteux. En même temps, ça me donne encore plus l’impression d’être dans une télé-réalité, davantage que dans une grande coloc. En plus, comment suis-je censé rester calme alors qu’un homme auquel j’ai remarqué la présence après être descendu de mon taxi me suit avec une caméra ? À peine arrivé, je me sens déjà agressé. J’ai beau essayer de ne pas trop y prêter attention, pour le moment, être ainsi épié me dérange.
— Bien, allons-y dans ce cas, encouragé-je Nicoles. Je suis curieux de savoir ce que vous nous avez réservé.
Peut-être que j’aurai pu prononcer quelque chose de plus… intéressant, sauf que je n’avais pas d’autres mots sous le coude. Le silence qui s’installe entre nous est loin de me satisfaire. Maintenant que j’y pense, le programme sera tout public, non ? Faudra-t-il qu’on fasse attention pendant tout le séjour à notre langage et la manière dont on est vêtu en intérieur ? Je doute que ce soit une bonne idée de se promener en caleçon sous le feu des caméras. OK, ce n’est pas mon genre, mais rien ne me garantit que Hector ou Pablo ne soient pas de fervents amoureux du « tous à poil ».
Valise de nouveau en main, je suis ma supérieure qui se dirige droit vers l’une des demeures les plus grandes de la rue, ce qui est presque vertigineux.
— Et voilà ton nouveau chez toi, conclut mon éditrice en tendant le bras vers un joli chalet qui a un étage. Comme tu es le premier, tu vas pouvoir choisir ta chambre parmi les quatre qui sont proposés en haut.
Une de plus que ce qu’on est, soit.
Mon aînée ouvre la porte et s’engouffre dans l’endroit tout en m’invitant à la suivre. Le caméraman demeure sur place et je comprends automatiquement que des appareils tournent sûrement dedans.
— Le frigo est déjà rempli pour information. Cela devrait tenir deux ou trois jours, poursuit-t-elle.
Prêtant à peine attention à ce qu’elle me raconte, je ne cesse de penser aux caméras. Du moment qu’il n’y en a pas dans les chambres, les toilettes et la ou les salles de bain, cela me va. Et puis, je suppose que cela aurait été inscrit dans les documents que j’aie lus et relus si c’était le cas. Je veux croire que l’homme qui contrôle notre maison d’édition ainsi que quelques autres en plus de certaines chaînes de télévision ne fait pas partie de quelque milieu obscur. On est jamais trop prudent, surtout dans notre monde. Oui, non, je ne dois pas oublier l’essentiel. Ce programme sera diffusé l’hiver prochain, juste après la sortie des romances dans les librairies. Je ne dois surtout pas négliger ce détail.
— Ça a l’air assez douillet, m’exclamé-je en observant tout autour de moi.
Comme je m’en doutais, des caméras se trouvent un peu partout dans le salon qui fait aussi office de salle à manger par la grandeur de la pièce, ainsi que dans la cuisine qui s’ouvre dans un angle.
— Ça a l’air, mais surtout, ça l’est. Le patron a réussi à vous décrocher les meilleurs chalets, lance fièrement mon éditrice avant de s’approcher de l’imposante table en bois. Pour rendre le plus agréable possible votre séjour, on vous a laissé en plus à disposition une pochette avec tout un tas de documents pour que vous puissiez vous amuser le plus possible. Si cela ne vous inspire pas, je ne comprends pas.
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Gottesmann Pascal
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