Fyctia
Chapitre 1 2/2 - Mélissa
Est-ce que j’ai maintenant en tête Astérix et Obélix Mission Cléopâtre ? Oui, peut-être. Si ce film ne finit pas cité prochainement dans un roman, je ne comprends pas. Il y aurait un fort potentiel à écrire une histoire autour de cette folie éditoriale et connaissant mon collègue, il est capable du pire. Je me demande bien qui va être son ou sa binôme. En tout cas, qu’on ne vienne pas me proposer de parier, je suis nulle à ce jeu-là.
— Non, deux. Mais si vraiment vous avez du mal, on pourra peut-être négocier. Dans tous les cas, les publications sont prévues dans un an et ouvriront notre nouvelle collection dédiée aux romances de Noël.
Rester calme. J’aurai tout le temps de réfléchir plus tard si oui ou non je suis partante. Il n’empêche que je me sens tout de même un brin tendu, et je rajuste ma posture.
— Nicoles, tu veux bien envoyer les mails, s’il te plaît ? demande Isabeau en se tournant vers sa collègue.
Le regard rivé vers l’écran de son ordinateur, elle agite la tête.
Maintenant que j’y pense… Ce concept a beau être un peu fou, ça m’aidera peut-être à raviver la flamme de ma créativité. L’année a été assez calme niveau écriture en dehors des dernières vérifications de mon roman qui sortira en octobre prochain. Et puis… Je dois avouer que je suis assez curieuse. Je n’ai jamais travaillé sur un quatre mains. Il y a un début à tout, non ?
Mon téléphone vibre sur la table et je l’allume, brusquement ramené à la réalité. Sans surprise, le mail est arrivé à destination et je me retiens de l’ouvrir.
— Voilà, vous avez maintenant le récapitulatif de la réunion et toutes les informations nécessaires, annonce Isabeau. Le reste est entre vos mains, on compte sur vous.
À croire que la tâche qui nous est donnée est aussi simple que… Je n’ai pas d’exemple. Mais bref, pour revenir à nos chevaux, il va falloir s’armer de patience et en organisation pour être à la hauteur de cette épreuve. Peut-être que cela m’aidera à offrir une seconde chance au concept de travail de groupe. Je n’ai jamais été très fan de ça à l’école. C’est loin d’être facile de se mettre à l’échelle des autres, surtout quand les égos s’échauffent.
— À oui, j’ai oublié un détail crucial, se force à rire Isabeau. Vos familles seront les bienvenues pendant les fêtes dans les chalets que nous vous avons réservés. Ne posez pas de question, vous aurez quand même vos droits d’auteurs. Vous devrez juste gérer vos dépenses sur place, mais le logement, c’est la maison qui offre.
Un large sourire étire ses lèvres et je fonds. Comment pourrai-je me mettre en colère contre une si charmante femme qui a développé sa collection depuis bientôt vingt ans et se bat chaque jour pour montrer que la romance n’est pas une sous-littérature ? Je lui dois beaucoup si aujourd’hui j’ai la chance de pouvoir vivre de ma passion. Les éditions Minerve n’ont cessé de s’étendre avec le temps au point de finir par être rachetées par une grosse boîte.
— On tenait à vous féliciter pour tout le travail que vous avez accompli à nos côtés au cours de ces dernières années.
Elle adopte une courte pause et jette un bref coup d’œil derrière son épaule.
— Et puis, vous avez non seulement beaucoup donné en écriture, mais aussi durant les rencontres en salons et librairies. Nous sommes fiers de vous.
Que quelqu’un lui remette un prix entre les mains. Pour motiver les troupes, là, il n’y a pas meilleur qu’elle. Ma décision est prise, je vais tout faire pour qu’elle puisse s’enorgueillir de sa collection de romance de Noël. Même si je ne sais pas encore de quoi mon roman va traiter et si je vais réussir à me mettre d’accord avec mon ou ma futur partenaire. Je suis prête à relever le défi.
— Ça me paraît tout de même suspect cette histoire de chalets. Aucune maison d’édition ne pourrait se permettre une telle dépense, soupçonne Estelle. Avouez la vérité.
Isabeau plisse le front et passe une main à l’arrière de sa tête. Le nuage où je commençais à planer disparaît d’un seul coup.
— Bon, d’accord, tu as raison, confesse-t-elle. Le patron voulait attendre un peu avant de vous l’annoncer, mais je pense qu’il vaut mieux maintenant que plus tard.
Elle adopte une courte pause et je retiens mon souffle.
— En vérité, vous serez filmé dans le cadre d’une nouvelle émission télé, Co-auteur au premier clic. Oui, oui, tu as bien deviné Eric.
L’aînée agite la main et encourage mon confrère à garder son calme alors qu’il est à deux doigts de renverser sa chaise.
— Bien entendu, on vous l’aurait dévoilé avant le départ afin que vous puissiez signer un document qui donne votre accord au projet. En cas de refus, bien évidemment, on ne vous forcera pas la main.
Je ne sais comment prendre l’information. D’un côté, je trouve cela intéressant de mettre en lumière notre travail, mais de l’autre, l’idée d’une télé-réalité me fait flipper plus que tout. En général, même si je n’en regarde pas, il me semble que ce genre de programme est basé sur du mensonge. Tout est écrit et immonde. Honnêtement, je déserte de plus en plus la télé.
— On vous enverra tout ça normalement d’ici deux semaines. Nous avons encore une dernière réunion à préparer. Si jamais il y a du changement, on vous préviendra en temps et en heure. Mais en attendant, on vous invite à garder le silence.
Mon attention glisse sur mon téléphone. Jusqu’à présent, je n’avais pas remarqué à quel point j’avais serré l’appareil entre mes doigts.
— Est-ce que vous avez d’autres questions ? Sinon, on peut s’arrêter là, enchaîne Imène. Je hausse les épaules et observe mes collègues à tour de rôle. Rien. Nous n’avons plus rien à dire. À moins que les demandes soient trop nombreuses pour être formulées. Soit, j’ai déjà hâte de déserter les lieux pour retourner dans mon précieux sud. Avant le froid de l’hiver, je compte bien profiter de l’été au soleil pour bronzer à la mer, l’esprit vide. Ma pile à lire déborde et cela m’exaspère. Cela fait quelques mois que j’ai promis de parcourir certains titres.
— Bien, merci beaucoup d’avoir pu vous libérer, commence Isabeau en quittant sa chaise pour nous accompagner à la sortie.
Je ne sais ce qui en est pour les autres, mais de mon côté, la raison de ma présence à Paris est loin d’être seulement pour cette réunion qui aurait pu se faire, à mon humble avis, sur Zoom. Non, moi, je suis en partie là pour dédicacer quelques services de presse. Plus vite j’en aurai terminé, plus vite je pourrai faire un petit tour dans la capitale avant de rejoindre mon train. Quelle idée d’oublier de prendre un livre pour un aussi long trajet ! Mais peut-être que je pourrais profiter du voyage retour pour réfléchir sur mon prochain roman. Comme ça, le jour J, je pourrai exposer quelques esquisses à mon futur binôme. Ça nous fera gagner un temps précieux vu le peu qu’on aura pour écrire…
— Imène ? interpellé-je mon éditrice. Est-ce que tu pourrais me donner le dernier stock à dédicacer, s’il te plaît ?
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