Ophélie Jaëger Close(d) to me track 20-Spice Up Your Life🌶️

track 20-Spice Up Your Life🌶️

Mes doigts s’accrochent à sa nuque, caressant, massant cet épiderme perlé de sueur, tandis que leurs semblables s’évertuent à embêter, tourmenter, torturer les antipodes. Un supplice qu’il supporte vaillamment, jusqu’à ce que d’un geste vif et impétueux, de ses grandes mains sur mes épaules, il me fasse pivoter sur mes talons. Ma main s’échappe de la prison de tissu, et c’est de soulagement qu’il soupire contre cette bouche qu’il prend d’assaut avec fermeté. Sa poigne s’empare de mes cuisses, soulevant mon bassin pour le ramener jusqu’au sien. Ma fierté explose au constat de ce que je sens sans voir. Un sourire étire le coin de ma bouche qu’il baise dans un grommellement.


Un rire m’échappe et il m’éjecte contre le matelas en représailles. Mes bras s’étirent, mes mains le réclament, et c’est sur ses lèvres que se retrouve le coin de sourire. Armé d’une lenteur volontaire, son pouce et son index font danser une fermeture éclair contre ses crans. J’ai déjà une idée du cadeau sans avoir eu besoin d’en défaire le paquet, mais j’en mordille l'intérieur de ma joue avec envie. Mon impatience est à la hauteur de son impertinence alors que l’ouverture achevée, il suspend ses gestes sans plus rien dévoiler. Ses mouvements se font félins tandis qu’il progresse sur le matelas jusqu’à moi.


De ses deux bras tendus, il me surplombe et son sourire s’efface. Il hésite, ferme les yeux un instant comme pour mieux se concentrer, et sans la chaleur de son regard, j’ai froid. D’une caresse le long de ses bras, je le ramène à moi et d’un mouvement de tête lui désigne le tiroir de droite. À l’aveugle il tâtonne, repère, attrape puis s’informe. Il a sa réponse, ma confirmation, sous la forme de cette boîte à peine entamée.


Il n’en fallait pas plus pour que le pacte soit signé de sa bouche contre ma bouche, de mes phalanges déroulant et protégeant à gestes habiles son excitation dressée. Un cadeau que je me suis offerte toute seule comme une grande. Jamais je ne me suis sentie si belle et puissante. Forte. Si forte. Et c’est à son regard que je le dois. Celui dont il me nimbe lorsque je l’accueille en moi. Ce regard qui ne lâche pas le mien. Ce regard que je soutiens malgré la mélopée suffocante qui fait vibrer mon souffle. Je ne veux rien rater de cet instant aux saveurs d’éternité. Je pourrais y passer ma vie, juste là en cette communion frôlant la perfection. Je pourrais m’y abandonner aussi. Rendre mon dernier souffle, arracher à mon cœur un dernier claquement sinistre. Mais la patience me manque, l’agonie s’étire depuis trop de temps, et mon insatiabilité réclame plus. Elle réclame tout.


D’un mouvement empressé, je nous fais basculer et prends le dessus. Je suis une Valkyrie. J’impose le rythme de mon désir à son paroxysme. Ses mains pétrissent mes hanches et accompagnent mes mouvements. Je ne les module et les modère que lorsqu’il m'impose son contrôle de ma frénésie. D’impétueuse je deviens impérieuse et me sustente de ses grognements frustrés. Mes ondulations apaisent l’outrage, tempèrent la privation. J’entâche ces quelques instants d’un peu de cette impatience qui gonfle entre mes reins. Soudain, je suis Pénélope ne réalisant l’existence d’Ulysse qu’une fois emprisonné entre ses cuisses. Cela fait des mois qu’il me démange, des mois que je m’enlise dans un déni qui m’explose au visage et m’écartèle de l’intérieur. Ma réalité tressaute et moi avec elle. Tout à mon euphorie, je n’en ai pas encore une conscience nette. Mais le constat est là, latent, ondulant à la surface de mon plaisir. Un plaisir qui me submerge, qui ricoche sur chacun de mes organes pour venir se ficher comme un poignard dans toute la profondeur de mon crâne. La lumière jaillit de mes entrailles, elle se fait un chemin en ligne directe jusqu’à cette bouche et s’échappe d’entre mes lèvres en un gémissement teinté de perpétuité.


Puis c’est la chute. Une chute douce et amortie, un cocon qui m’entoure et m’enlise dans une étreinte salutaire. Il y a ce cou contre lequel je respire douloureusement. Il y a ces bras, ces doigts qui s’épuisent à tenter de recouvrir chaque centimètre de peau nue. J’ai chaud, j’ai froid. Mon corps ébouillanté grelotte contre le sien. Je ne bouge pas, je reste là, son pouls contre mes lèvres, son cœur battant sous ma paume. L’esprit accablé par cet enchaînement volontaire et subi, sa puissance insoupçonnée et sa violence désarmante, je comprends soudain la nécessité de Barry White. Moi non plus, après ça, je ne bouge plus de là.


Du bout des doigts, Idris trace de délicates arabesques dans mon dos, obligeant les frissons à renaître de leurs cendres. J’extirpe un œil de ma cachette, puis le deuxième que je plante dans ce miel apaisé. Ma langue ourle son prénom. Je ne sais pas ce que je m’apprête à lui dire, j’ai juste conscience de vouloir verbaliser quelque chose, mettre des mots et nuancer l’ébranlement profond.


— Non, soupire-t-il contre ma bouche qu’il bâillonne d’un baiser délicat. Pas encore, pas tout de suite…


La raison prête à m’éclabousser reflue sous l’assaut tendre de ses lèvres. Je tente bien d’y échapper, de souffler une protestation ou deux, son prénom encore quelques fois, mais bientôt son bras se glisse entre lui et moi, et ses doigts munis d’un GPS filent droit vers le centre de commande de mon système nerveux. J’expire un gémissement de surprise contre ce sourire qu’il étire.


— J’ai trouvé le bouton “mute”, se félicite-t-il.


Et je ne peux guère le contredire, j’ai oublié tout ce que je voulais dire.


Tu as aimé ce chapitre ?

6 commentaires

Gottesmann Pascal

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Il y a 3 mois

Rita assume complètement son désir et le revendique même. Ça apporte une très chouette scène intime.

Alexandra Prevel

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Il y a 3 mois

Ce chapitre était très bien écrit, avec une certaine poésie dans les détails et je ne me suis pas sentie gênée pendant la scène. Ta plume est délicate et j'ai passé un bon moment en lisant. J'ai hâte de découvrir la suite <3

Ophélie Jaëger

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Il y a 3 mois

Pourquoi, d'habitude t'es gênée ?

Alexandra Prevel

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Il y a 3 mois

dans certains livres les scènes sont ultras gênantes et là je n'ai pas eu ce ressenti
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