Ophélie Jaëger Close(d) to me track 20-Spice Up Your Life🌶️

track 20-Spice Up Your Life🌶️

Rita



Son regard me nimbe d’une aura délicate, ses mots s’insinuent dans mes veines que les battements affolés de mon palpitant transforment en autoroute direction mes neurones. C’est le 14 juillet sous mon crâne. Je n’entends plus aucune de mes pensées cohérentes, elles sont occultées par les détonations du feu d’artifices. Les alarmes se sont tuent, les murailles sont percées. Ne subsiste que le soulagement. Un soulagement qui n’a rien d’apaisant. Il cavale dans mes entrailles, agite mes organes vitaux, sonne le tocsin pour éveiller, un à un, mes cinq sens endormis. L’alcool s’est dissipé, mais dans mon système nerveux, quelques gouttes de courage poussent des cris d’encouragement. Mes esprits retrouvés, je devrais fuir à toutes jambes, me satisfaire de sa réponse et m’en tenir là. Mais sa réponse se ponctue d’une question, et cette question entrouvre une fenêtre vers un univers des possibles.


Qu’est-ce que je veux ?


Je pourrais tout aussi bien lui répondre que je n’en ai pas la moindre idée. Ce ne serait pas un mensonge. Ou alors, un demi. Je veux tout et son contraire, je veux l’inertie et le mouvement, l’inchangé et le changement, je veux sortir, rester, partir, demeurer. Mais en cet instant, c’est surtout lui que je veux. Avec tant d’avidité qu’il m’est simplement impossible de le dissimuler. Mes regards, mes gestes, l’intégralité de mon corps trahissent ce besoin si évident, si latent. Depuis quand ? Depuis combien de temps je nourris ce désir ? Plus je me recroqueville, plus je fuis dans une posture de repli, et plus l'incendie, déclaré depuis un moment, redouble d’intensité.


Qu’est-ce que je veux ?


Lui, évidemment que c’est lui que je veux. Comment pourrait-il en être autrement alors que même mes angoisses se taisent à son contact ? Idris ne s’est pas contenté d’entrer dans ma vie, il en refait la déco avec autant de légèreté qu’une boule de démolition. Un jour j’ignorais son existence et le lendemain il était partout chez moi, autour de moi, en moi. Il a marqué son territoire sans que je n’y prenne gare. Non, c’est pire, je lui ai offert l’asile sans même m’en apercevoir. C’est lui que je veux. Ce constat établi, il entraîne nécessairement un aveu. Le courage ne me manque pas, il agite mes nerfs, me pousse à toujours plus d’audace. Alors pourquoi ne vient-il pas ? Pourquoi la barrière de mes lèvres semble infranchissable à ces trois petites lettres ? J’ai peur de quoi ?


Je le veux.


Mais en rien ça ne l’oblige. Il peut tout aussi bien ne pas nourrir le même désir. Il peut parfaitement m’éconduire et détruire l’instant. Mon regard versatile ose et se pose. Juste pour voir, savoir, s’affranchir du doute ou sonner la déroute. Il croise le sien et s’en empare. Il n’y a pas l’ombre d’une hésitation sur ses iris. N’y danse que sa propre réponse à cette question que je n’ai pourtant pas formulée. Ce miel si changeant n’est plus que douceur et onctuosité. Il m’englobe, m’enrobe, il me caresse sans jamais me toucher. Un frisson parcourt mon échine, le désir lacère mon bas ventre. Tant pis pour l’aveu, c’est un ordre qui s’échappe de ma bouche.


Un ordre qu’il laisse s’étirer dans le temps. Un ordre qu’il ne refuse pas d’exécuter, mais dont il semble savourer les sonorités à son oreille. Il ne bouge pas d’un pouce, mais d’un index qui s’approche d’un menton et d’une tendresse, me ramène jusqu’à lui. Bouche entrouverte, je suis la donneuse d’ordre docile qui se laisse mener par le bout d’un doigt. J’ai clos mes paupières, je sais qu’il ne tardera pas, mais mes canines impatientes mordillent mes lèvres esseulées. Mon cœur bat la mesure de mon courroux, mes tempes résonnent des tambours de guerre. Il se joue de moi et… j’adore ça.


J’ai juste le temps d’une expiration douloureuse avant que ses lèvres ne capturent mon souffle. Délicatement, Idris picore une commissure, chatouille une lèvre inférieure, honore un arc de Cupidon. Il promène sa bouche contre la mienne, comme parfaitement conscient du tonnerre qu’il fait rouler en moi. Un grommellement m’échappe et son rire s’écrase sur mes lèvres. Enfin. Un baiser tarde à s’y former. Il cueille ma frustration, l’alimente plus qu’il n’apaise. Il toque, demande une permission inutile, s’assure d’une légitimité que personne ne saurait remettre en question. Mon estomac n’est plus qu’un organe froissé, mon cœur fureur colérique. Chacun réclame un dû qu’il n’offre qu’à peine avant de s’écarter. Pas assez pour interrompre la communion des souffles. Juste assez pour me mettre au supplice et questionner ma santé mentale.


Lorsqu’il y revient, baisant avec déférence cette bouche offerte, mes mains en coupe accrochent un visage pour que plus jamais il n’ait l’audace de s’évaporer. Le ton change et le baiser se fait morsure. Mon pouls s’affole à mesure que la respiration me manque. D’un mouvement preste, Idris s’accapare une hanche, flatte de sa paume un épiderme en surchauffe. Sous la laine, ses doigts s’établissent dans une chute de reins qui se cambre à son contact. D’un bras, il me ramène, me rapproche, et soudain j’ai quitté mon tabouret au profit de ses cuisses. Sa paume remonte à plat le long de ma colonne vertébrale, pour ne s'exfiltrer de la laine qu’une fois ses doigts enroulés autour de ma nuque.


On ne toque plus, on prend d’assaut. Mes doigts accrochent, se raccrochent à ses mèches brunes, et anéantissent toute tentative de fuite. L’otage sécurisé, mon appétit décuple, ma voracité s’anime contre sa bouche. Le gémissement qui s’en échappe résonne jusque dans mon bas ventre dont l’incendie redouble. Son rire me réanime. Un rire ténu, nerveux, qu’il promène de mes lèvres jusqu’à ma joue, puis l’angle d’une mâchoire qu’il picore avant de s’établir dans mon cou.


Le bout de son pouce s’égare derrière mon oreille, dans cette zone à l’épiderme si délicat et d’ordinaire passablement inaccessible à la confluence d’un lobe et d’une mâchoire, qu’il marque de son empreinte digitale. Au sein de l'œil du cyclone qu’est mon esprit, émerge la notion diffuse que cette zone lui appartient désormais.


— Attends, soupire-t-il contre ma peau.


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15 commentaires

Gottesmann Pascal

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Il y a 3 mois

Non mais quel baiser, il est brulant tout en restant parfaitement tendre et respectueux. Absolument pafait. Idris sait que Rita demande à être embrassée mais ce n'est pas une raison pour s'emparer brutalement de cette bouche offerte. Il y va en douceur, quitte à augmenter le désir plutôt que de l'apaiser mais le feu d'artifice ne tarde pas à suivre. Une écriture remarquable où on suite chaque microseconde de ce moment intime et les sensations d'une Rita complètement chamboulée. Que dire sinon que ça donne hâte de découvrir la suite.

Marion_B

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Il y a 3 mois

Me dis pas qu'il a pas de Capote?

Ophélie Jaëger

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Il y a 3 mois

Au pire, Rita aura ça...

Alexandra Prevel

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Il y a 3 mois

Je remercie l'autrice pour ce chapitre coupé de manière gentille et attentionnée envers ses lecteurs...OPHÉLIE J'ESPÈRE QUE TU COURS VITE PARCE QUE JE VAIS T'ATTRAPER CAR ON NE COUPE PAS UN CHAPITRE COMME ÇA moi j'avais les papillons dans le ventre. J'adore ton style d'écriture et tes descriptions. Je suis fan de ton histoire

Ophélie Jaëger

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Il y a 3 mois

Ceci est un commentaire bipolaire, il monte très haut puis redescend très bas xD

Alexandra Prevel

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Il y a 3 mois

non tu crois ahaha

MarionH

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Il y a 3 mois

Mais qu’est-ce que c est beau 😍😍😍

Ophélie Jaëger

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Il y a 3 mois

Qu'il est rassurant ton commentaire ! :coeur: :coeur: (ouais, j'ai pas les emot sur le PC xD)

Sneyllou

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Il y a 3 mois

C'est quand même génial, joli coup de clavier

Sneyllou

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Il y a 3 mois

C'est poétiquement chaud, hâte pour la suite.
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