Ophélie Jaëger Close(d) to me track 15 - I'll Stand by You

track 15 - I'll Stand by You

J’ai la démarche d’un Sims incontinent tandis que je me déplace comme je peux entre mon trône majestueux et le seuil. J’entrebâille à peine la porte, m’assure qu’Idris ne se trouve pas dans une zone d’ombre, puis avise ses offrandes. Il y a au moins une dizaine de paquets de serviettes. Différentes marques, différents flux, jour, nuit, avec et sans parfum. Les vêtements sélectionnés par ses soins sont également parfaitement cohérents dans le contexte. Un bas de jogging, un sweat ample et… Oh, il a eu la présence d’esprit de m’éviter la culotte en dentelle.


Quand je sors enfin des toilettes, courbée en deux, une main contre mon bas ventre et l’autre en fil d’Ariane le long du mur, Idris est dans ma cuisine, s’affairant autour de je ne sais trop quoi.


— Je te prépare juste une bouillotte. T’inquiète pas, j’attends que tu t’installes et je dégage de ta vue, lance-t-il avec sérieux.


Et ça m’agace parce que… Bah force est de constater que je n’ai absolument pas envie qu’il parte. Trois jours de silence de ma part malgré ses textos d’excuses, et tout mon être hurle son indignation. J’aime qu’il soit là. J’aime sa présence en ces lieux même si elle est quelque part, douloureuse. Je ne sais pas si ce sont les hormones ou ce mal qui irradie jusque dans mes reins, mais le vide était bien plus supportable lorsqu’il n’existait pas.


— Reste… je soupire malgré moi en m’enroulant dans le plaid qui, je le jure, ne se trouvait pas sur le canapé quelques minutes plus tôt.

— T’as dit quoi ?


Une paume recourbée derrière son oreille, il peine à réprimer cet insupportable amusement qui ne demande qu’à coloniser sa bouche.


— Joue pas avec ta vie, Soltani ! je grogne tandis qu’il approche.


Son sourire ne s’estompe pas, pas même un peu alors qu’il s’accroupit à hauteur de visage et me tend la bouillotte à laquelle je n’aurais même pas songé.


— Sans vouloir te vexer, j’crois pas que tu sois en état de te lancer dans un homicide volontaire, lance-t-il en même temps que son index sur le bout de mon nez, le tout ponctué d’un “poup” des plus insupportables.

— J’ai conditionné Harry. Un mot de ma part et il te lacère la jugulaire avec une seule griffe.


Du regard, il cherche le chat, se dévissant la tête jusqu’à repérer la boule de poil avachie dans le fauteuil, pattes écartées et virilité jamais sacrifiée largement apparente. Clairement pas une menace. Tu parles d’un complice.


— Ouais, ok, me répondit-il peu impressionné. T’as besoin de quelque chose ? Un médoc, un truc à manger ?


Je lui indique le paquet bleu dans la boîte à pharmacie, et il s’empresse de m’apporter deux comprimés et un grand verre d’eau. Par habitude, je sais que la molécule agira sous une petite trentaine de minute, anesthésiant partiellement le mal avec autant d’efficacité qu’un coton tige sur une plaie béante. Et lorsque ce petit phénomène se produit, je passe en phase deux : une boulimie temporaire.


Comme s’il lisait dans mes pensées, Idris revient à la charge.


— Tu veux que je te commande quelque chose à manger ?


Immobile, les deux mains dans ses poches, il ne semble pas savoir quoi faire de son grand corps.


— Un McDo bien gras, le menu Maxi Best Off McChicken mais avec les frites de chez BK.


Idris qui notait sur son téléphone relève une grimace d’incompréhension en ma direction.


— J’aime pas les frites du McDo, elles sont trop molles, souvent mal cuites voire pas cuites du tout, et pas assez salées, alors que chez Burger King, leurs frites elles sont absolument parfaites ! Bonne épaisseur, excellente fermeté, elles tiennent en bouche sans ballotter dans tous les sens…

— On parle toujours des frites, hein ?


Mon regard se fait meurtrier, et mes mains s’extraient de sous le plaid pour mieux mimer la mort que je m’apprête à lui offrir. Enfin, lorsque j’aurais la force de bouger mes fesses du sofa. Mon voisin saisit le message, non sans m’épargner un éclat de rire témoin de la bien maigre menace que je représente à ses yeux. L’instant suivant, il claque la porte derrière lui, et le silence se fait. Il n’est rompu que par Harry quittant l’assise du fauteuil pour s’en venir se lover dans mon dos contre mes reins. La chaleur qui irradie de la boule de poil et ses ronrons apaisants m’attirent vers une forme de torpeur. Les limbes m'appellent, et je crois que je m’endors.


Ce sont les effluves de frites qui me tirent vers un état semi conscient, ou moitié comateux, au choix. J’ouvre un œil sur deux énormes sachets en papier brun. L’un orné d’un gros “M”, l’autre de deux pains encerclant un “Burger King” bien rouge. Mon estomac grogne sa bonne surprise, et je me redresse tout aussitôt.


— T’as été dans les deux ? je laisse entendre ma surprise en ouvrant le premier sachet.

— Après ton étude de marché de la frite ? Tu m’as convaincu, évidemment.


Il se moque, cet idiot, mais je n’y prête pas la moindre attention tant l’appel de la malbouffe est puissant. Et c’est encore chaud. Les deux sachets. Comment est-ce possible alors que les établissements sont à l’opposé et qu’il y avait forcément de l’attente dans les deux ?


— Y a trop, j’annonce après un rapide coup d'œil dans le sac estampillé du M.

— Y a pour moi aussi, rétorque-t-il en rejoignant le tapis au sol, son dos en appui contre mon sofa.


Mon regard s’attarde sur cette présence à mes pieds, répartissant le butin en deux avant de délester un énorme burger de son papier de protection pour le porter à ses lèvres.


— Pourquoi tu fais ça ?

— Quoi ça ? Manger ? demande-t-il en suspendant son geste.

— Non, ça, tout ça, je m’agace en désignant le plaid, la bouillotte, la bouffe et même le chat.


Son attention s’arrête sur le chat sans comprendre.


— Oui, non, pas le chat, mais toute cette attention, la liquidation du rayon hygiène intime, les deux fastfood, la…

— J’ai deux sœurs, Rita, me coupe-t-il simplement dans un haussement d’épaules.


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5 commentaires

Gottesmann Pascal

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Il y a 3 mois

Il est parfait Idris, complètement à l'écoute. Bref Rita a de la chance de l'avoir. J'aime bien l'excuse des deux sœurs pour dire qu'il connait bien la psychologie féminine. Par contre, pour la commande j'aurais pris l'inverse, j'aime bien les frites de Mac do mais, pour les sandwiches, B K ou KFC sont bien meilleurs.

Laetitia B

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Il y a 3 mois

🩷🥰

MarionH

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Il y a 3 mois

Mouai...l'excuse des 2 sœurs..mais bon, au moins, il a de bons réflexes

Renée Vignal

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Il y a 3 mois

🥰🧸🎉
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