Fyctia
La musique est un remède.
Si aux États-Unis, les lycéens avaient déjà le permis et une voiture – aller savoir comment – mes amies et moi étions abonnées aux bus et métros. En plus de ne pas avoir le droit de conduire à dix-sept ans, il était préférable de ne pas prendre la voiture sur Paris.
Nous descendîmes toutes les quatre dans la bouche du métro 10 qui nous ramena chez nous, enfin plutôt chez Laura. Nous avions décidé d’y aller directement, au cas où son père serait déjà arrivé.
Toutes les quatre debout au milieu du wagon, Laura exposait sa première hypothèse. Mes amies avaient réellement passé le cours à chercher comment ce jeune inconnu, qui n’avait pas quitté mes pensées, avait eu vent de mon prénom.
- Je pense qu’il est tombé amoureux de tes écrits et qu’il a cherché à savoir qui tu étais. Il n’est pas de notre Lycée mais étudie à Nôtre Dame. Il a mené son enquête pour te retrouver.
- Non ! C’était mon histoire celle-ci. Et d’abord si il est pas à « Jean’ » comment a t-il lu les écrit de Alicia ?
Camille grogna sur Laura tout en attachant difficilement ses cheveux brun en queue de cheval basse. Elle avait les cheveux trop court pour la faire haute. Camille était une réplique potelet de Blanche neige. Ses cheveux était brun presque noir, sa peau pâle et la bouche toujours maquillée de rouge. Elle était bien plus jolie que celle du dessin animé. Moins plate et moins naïve aussi.
- Nos écrits sont allés jusqu’à la concurrence, voyons. Je pense qu’il va chercher à te séduire pour que tu écrives dans leur journal à eux plutôt que le nôtre.
C’était l’hypothèse d’Emma qui replaçait ses cheveux blonds en se regardant dans la vitre noir du métro. Mes amies voyaient toutes une histoire d’amour. Je ne pouvais pas leur reprocher, j’en faisais de même. Nous regardions trop de film à l’eau de rose.
Une histoire d’amour comme celle que les filles me racontaient était digne d’un film. Je voyais déjà le scénario.
Un conflit entre deux lycées. C’était d’ailleurs le cas, le lycéen de Nôtre-Dames de Paris et le nôtre n’étaient pas amis. L’inconnu essayerait de séduire la meilleure rédactrice pour l’avoir dans son journal mais en tomberait amoureux et il finirait par apaiser les tensions avec son aide. Super film pour ados je trouve.
- J’adore vos idées même si je doute qu’elles soient réelles, j'avouais.
- Tu voulais des hypothèses, on t'a trouvé les meilleures.
Je ris. Nos hypothèses étaient surtout des histoires d’amour assez inversables.
Le métro s’arrêta à Mabillon. Une voix robotisée rappelait au voyageur de faire attention en descendant, il y avait une marche. Laura répéta la phrases en Anglais et en espagnol. Nous l’entendions tout les jours. Nous la connaissions par cœur comme chaque stations de cette ligne.
Nous descendîmes à la prochaine.
Pas besoin de rentrer à l’intérieur de la maison pour comprendre que le père de Laura y était déjà. Du perron nous entendions les hurlement. J’avais mal au cœur pour mon amie qui ne semblait pas aller bien. Je lui pris la main.
Emma nous contourna pour entrer la première accompagné de Camille.
- Tu as le culot demander ça !! C’est ma maison connard !! Je l’ai payée moi-même enculé. Non tu n’auras rien ! Et je te signale que les papiers sont à mon nom mais tiens je te rend ta putain de machine à café.
Un bruit de plastique brisé nous fit sursauter toutes les quatre. Ils étaient dans la cuisine. Marie la mère de Laura entendit nos bruits de pas, elle se figea.
J’avais honte de pénétrer dans une telle intimité. Elle avait des taches marrons sur le visage. Les cheveux décoiffés. Du marc de café avait repeint toute la cuisine. Son futur ex mari avait les bras croisés sur son torse, son costume était froissé, son visage tendu. Il n’avait plus rien du solide entrepreneur que je connaissais.
Leur divorce les épuisaient tous les deux. Je le ressentait.
Laura se détacha de moi pour aller voir sa mère et son père. Elle était au milieux de tout ce désordre. Elle se sentait obligée de faire tampon au moins pour son petit frère. Camille, Emma et moi avions le même regard désolé pour elle. C’était assez horrible d’y assister, alors être coincée au milieux devait être bien pire.
- Nous allons dans ma chambre, faites comme si je n’étais pas là. Vous savez si bien le faire.
Elle ne dit rien d’autre. Marie ouvrit la bouche pour se défendre mais Laura avait déjà fuit. J’avais vu son regard brillant de larme. Elle souffrait c’était évident. Mal à l’aise, nous saluions toutes les trois Monsieur et Madame Roy avant de filer rejoindre Laura. Pas besoin de guide nous connaissions la maison comme si c’était la nôtre.
- Non mais, regarde l’image que tu donnes aux amies de ta fille !
- Que je donne ?! Si tu avais gardé ta queue dans ton pantalon peut être que nous en serions pas là.
J’espérais que Laura n’avait pas entendu. Emma me jeta un coup d’œil, pensant la même chose que moi.
Nous retrouvions notre amie assise dans son lit tenant son petit frère de sept ans dans ses bras. Elle nous sourit mais le cœur n’y était pas. Camille prit place au côté de Théo pour l’envelopper lui et Laura. Emma ferma la porte derrière elle pour ne plus entendre les insultes que se lançaient les adultes au rez-de-chaussé. J’allais m’asseoir sur le lit à côté de mon amie. Emma quand à elle posa ses fesses sur la chaise du bureau qu’elle fit glisser jusqu’au pied du lit.
- Je pense que de la musique serait pas une mauvaise idée.
Emma cherchait à détendre l’atmosphère en parlant. Je l’en remerciais silencieusement.
- D’accords mais pas la tienne, lança Théo.
J’avais parfois l’impression qu’il faisait partie de ma famille comme toutes les personnes de cette pièce. Il se comportait avec nous comme il le faisait avec sa sœur. Emma posa ses poings sur ses hanches en le regardant faussement outrée ce qui le fit rire.
- Comment ça pas la mienne ?! Tu as de meilleurs goûts peut être ?
Le petit brun au yeux bridés, comme sa sœur il avait les yeux en amande de son père, il hocha la tête avant de se précipiter sur l’ordinateur de Laura déjà ouvert et allumé.
- Je te préviens Théo, si tu mets Jul je te met à la porte.
A en voir la tête boudeuse de son petite frère, Laura avait vu juste sur la chanson qu’il comptait nous infliger. Je remerciais mon amie pour se sauvetage. J'avais déjà vaguement entendu une chanson de Jul, et je ne voulais jamais retenter l'expérience. A la place Théo mit Soprano. Il ne devait pas comprendre tout le sens des paroles, ce qui ne l’empêchait pas d’aimer.
- Mes chanteurs sont mieux, lui lança Emma en tirant la langue comme une enfant.
Théo rit une nouvelle fois en faisant de même. Il ne semblait plus prêter attention à ce qui se passait en bas tout comme Laura qui souriait. Mission accomplie.
- Alors qui veut entendre mon prochain article ?
- Laisse nous, nous préparer mentalement s’il te plaît, se moqua gentiment Camille en retirant sa veste.
J'en fis de même avant de chercher dans mon sac l'article sur le réchauffement climatique.
3 commentaires
GlassKiller
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Il y a 7 ans
Fyctia
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Il y a 7 ans
Fyctia
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Il y a 7 ans