Fyctia
11 Décembre
07h30. Ma nuit se termine et mes rêves avec. Pourtant, un sourire s'étend toujours de chaque côtés de ma bouille potelée. Le cœur battant, je tends la main vers ma table de chevet. Pour une fois, ce n'est pas pour éteindre mon réveil, qui a l'habitude de sonner dans le vide durant de longues minutes. Ce matin, je m'empare avec plaisir de cette mystérieuse missive avec laquelle je me suis endormie. Celle découverte hier, dans mon sac. L'enveloppe est bleutée et une fragrance envoûtante s'en émane. Quant à son contenu, il m'emporte bien plus encore...
"Alice,
Il n'y a pas que toi qui est tombée sur le défi des messages sexy à remettre en tout anonymat. Alors voilà mon aveu : J'aimerais qu'on se donne rdv dans un bar, qu'on fasse comme si on était deux inconnus qui se plaisent beaucoup trop, et terminer les heures de ce moment à en faire ce que tu voudras…
Signé : X (évidemment)"
Le problème est que j'ai menti. La patience n'est pas une de mes qualités. Le contenu de mon C.V n'est qu'un tissu de mensonges. Et là, je bouillonne de l'intérieur ! Pire, je me consume.
— Qui es tu, X ?
Clara ?
Elle était présente sur les lieux du crime et au moment des faits. Elle m'a vu plonger la main dans mon sac pour en sortir cette enveloppe. Elle avait l'air surprise par la couleur du papier. Sincèrement surprise, et semblait encore plus excitée que moi d'en découvrir le contenu. Je dirais même, presque jalouse. J'écarte donc cette première possibilité.
Mathieu ?
The boss... Qui me propose un plan Fake dating en dehors de l'établissement ? Ça me paraît un peu gros. Ou très osé. Bien plus que de me lire un poème de Maupassant ou de se laisser masser le cuir chevelu ! J'écarte aussi cette hypothèse de mon esprit, misant plus sur mes trois autres collègues encore en lice.
Amir ?
Lui d'apparence si prude. Est-il ce "genre d'homme", comme il dit ? Du genre, capable de surprises spicy sur fond de relations épistolaires sulfureuses ? Oooh que la "nouvelle moi" a hâte de le taquiner avec ça !
Margot ? Lilian ?
Ces deux là sont officiellement au courant de ce qui me fait craquer chez eux. Ils sont également tout à fait capables de me proposer ce genre de "défis dans le défis" !
Je me donne la journée pour percer ce mystère mais avant d'y arriver, la liste est longue. Le plus dur est de sortir de mon lit ; chaud et douillet. En second, il faut que j'arrive à dompter mes boucles. Et enfin, que j'affronte le froid sur le kilomètre qui me sépare de l'Espérance...
Tente cinq minutes plus tard, me voilà en train de courir afin d'arriver à l'heure pour mon onzième jour de travail. Les deux cents derniers mètres me filent un tel point de côté que je perds tous les bénéfices de ce sprint matinal sur l'une des chaises de l'accueil.
— Hello Darling, j'ai du chasser ta féline détestée ce matin. Elle essayait d'escalader ton chef d'œuvre !
— Bonjour Margot, je ne sais pas comment je ferai sans toi ! Mais laisse moi mourir quelques instants en paix, s'il te plait.
— Ne me remercie pas, arrêtes tes conneries et paie moi juste un café ! Je suis en dèche.
— Ça va, j'arrive, je l'informe après avoir réuni l'équivalent d'un euro en pièces de cinq et de dix centimes.
Puis dans un effort surhumain, je me relève et l'invite à me rejoindre près du distributeur de boissons.
— Alors ? me demande-t-il avec des paillettes dans le regard.
— Je vais mieux merci, lui réponds-je tout en tâtant mon aine droite.
— Super, mais rien de plus croustillant ?
— Je... Il se peut que si. Tu ne serais pas au courant, par hasard, d'un mot doux glissé dans mon sac, hier entre 08h30 et 10h30 ? je le questionne sans détour, comme toujours.
— Négatif. Je n'ai vu que des vieux entrer dans le vestiaire.
Je manque alors de m'étouffer avec une gorgée de café brûlant. Et ça fait mal !
— Tu te fiches de moi, avoues ?
— Même pas. C'est le défilé ces derniers jours. Je ne te fais pas de dessin, si ?
— Non ! Rappel moi juste de ne plus jamais m'asseoir sur le banc des vestiaires ! je lui lâche tout en notant mentalement qu'il n'est probablement pas, l'auteur du fameux billet.
Notre conversation n'a pas le temps de dégénérer d'avantage car Mathieu surgit à cet instant du bout du couloir. Endimanché dans une chemise blanche, il entame à son tour un sprint vers nous.
— Réunion exceptionnelle, maintenant ! Pour tout le monde ! nous annonce-t-il très sérieusement.
Merde...
— Je suis en congés après demain, tu crois que c'est mort ? je souffle à mon co-détenu sur le chemin de la salle de réunion.
— Possible !
— Je mise sur un défi un brin trop osé et qui aurait mal tourné, se greffe Clara à notre conversation.
— Mon dieu non, je suis en PLS... je leur avoue tout en prenant place autour de la grande table.
Il me faut un chocolat !
Mais par peur des critiques, je refrène ma pulsion. La salle se remplie petit à petit avec le reste des soignants suivit par Amir et l'administratif. Brimé et gorgé d'adrénaline, mon cœur s'embarque dans une course effrénée. Il n'y a plus assez de places assises pour accueillir le personnel de cuisine. En bon prince charmant, Lilian laisse la sienne à une infirmière intérimaire. J'ai beau être polie et la plus jeune, je suis incapable de me lever pour offrir ma chaise à un ainé sans risquer le malaise vagal. Mon pied droit se met à marteler le sol si énergiquement que Margot, pris de pitié, viens poser sa main sur ma jambe pour l'immobiliser. Après une dernière minute interminable, Mathieu nous rejoint dans la salle. J'attend qu'il soit installé et qu'il démarre son annonce, avant d'oser lever le nez de mes ongles aux cuticules intégralement exterminées.
— Bien, démarre-t-il solennellement tout en faisant remonter ses lunettes par le milieu. Comme vous le savez... Un souffle... particulier, sévit sur l'Espérance cet hiver.
Margot me gratifie d'un coup de genoux, sûrement tout autant subjugué que moi par la classe de notre Boss... Je suis toujours en train de décortiquer son visage à la recherche d'un indice émotionnel, quand son regard azuré vient s'accrocher au mien. Malgré mon pull, un frisson remonte le long de mes bras qui se parent instantanément d'une belle chaire de poule.
Cela devrait être interdit de naître avec des yeux comme ça !
— Depuis la parution de la gazette de décembre, j'ai reçu trois plaintes de familles mécontentes... commence-t-il.
Ça y est, je meurs...
— Ainsi qu'une cinquantaine de félicitations ! L'ARS compte même venir nous visiter afin qu'on leur expose notre expérience novatrice !
Oh-bor-del.
— Nous en rediscuterons plus longuement lors du staff de lundi matin mais, merci à tous pour votre implication ! je perçois après m'être enfin raccrochée au fil du discours... Alice, complète-t-il alors que je peine à me relever. Tu pourras passer me voir demain, avant ton congé ?
... Et je nage dans un grand bain de paillettes...
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Natia Kowalski
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Mily Black
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Debbie Chapiro
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Soäl
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Mayana Mayana
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Il y a 11 jours