Fyctia
07 Décembre
08h26. Je suis de bonne humeur. Le poids du secret et de la culpabilité en moins, sûrement. Ou bien c'est ce job par défaut, qui me plait de plus en plus ?
— Huuum que ça sent bon ! On devrait faire Noël toute l'année ici ! je réalise en entrant dans le hall.
— Mon beau sapin, roi des sapins... Que j'aime ta cambrure... se moque Margot, qui a tout entendu.
— Laisse mon sapin tranquille ! Il est où le rouquin ?
— Qui ça ? Et bonjour, darling ! T'as oublié ta politesse au lit ? J'espère que ce n'est pas moi le rouquin ? Mes mèches sont rouges d'abord, pas rousses !
— Détends toi, je n'ai rien contre les roux, je parle du chat !
— Ah, Maryline. Aucune idée. Mais pour info, c'est une chatte.
— C'est pareil.
— Techniquement, non. Ne me dis pas que tu es ce genre de filles à touffes poilues ?
— Absolument pas. Mais d'habitude il, enfin elle du coup, est toujours là à cette heure, avec sa tête de sadique. Tu devrais le savoir mieux que personne !
— Et pourquoi ça ? J'ai une tête de mec à chatte velues, moi ?
— Margot, t'es le phare de cet établissement ! La vigie ! Du moins, la mienne en tout cas...
— Et qu'est-ce-que tu lui veux à cette pauvre bête ? Ce n'est pas pour un Xtreme défi, rassure moi ?
— Beurk... Évidemment que non ! Juste, tu me préviens si tu la vois dans les parages, promis ? Que je me fasse un malin plaisir de la virer loin de mon beau sapin !
— Je vois que l'esprit de Noël t'as contaminé ! Au secours. Donnez-moi une corde, mime-t-il avec toujours autant de théâtralité.
— Non plus, je te rassure !
— Alors, t'es juste féroce ? J'adore ! D'ailleurs, je n'ai peut-être pas vu de chatte, mais je t'ai vu toi, coquine, sortir tard du bureau de Mathieu, hier soir. Raconte !
— Il sait tout. Ça y est. Je suis comme... Libérée, délivrée... lui réponds-je tout en chantant à mon tour.
Il m'a contaminé !
— Et ? cherche-t-il à creuser.
— Et nous avons réalisé nos défis, ensemble.
— Et ? s'accroche-t-il.
— Et il n'est pas si con... Finalement.
— Sauf quand il est stressé. Tu verras.
— Oh, j'ai déjà vu.
— Et c'est tout ? semble-t-il à moitié convaincu par mon apparente innocence.
— Bon ok, il a les cheveux doux, il aime Maupassant et il est ouvert.
— Par ouvert, tu veux dire quoi ? me demande-t-il en chuchotant. Maupassant était un homme à femme, pour info...
— Si tu le dis. Mais, j'ai comme l'impression que Mathieu est... Assez libre. Tente, on ne sait jamais. Qui sait, ton fantasme numéro 1 va peut-être pouvoir se réaliser... Sur ce, j'ai des chaussettes à garnir de sucreries et de dessins issus du Kamasutra !
— Quoi ! Obligé tu m'en mets une de côté ! Ma préférée c'est la Médiatrice ou non, l'Abandon lascif...
— Mais tu les connais toutes ou quoi ?
— En fait, ramène moi celle de l'Embrasement, tu sais c'est quand la nana s'assied à califourchon sur le mec, un peu de côté, et qu'elle relève la jambe droite sur l'épaule de son amant en laissant sa jambe gauche tendue derrière. Tu peux à la fois savourer la profondeur de la pénétration, mais aussi la sensation des deux peaux l'une contre l'autre...
— Ok. Ok. Stop ! Je file !
Deux heures plus tard, je suis presque aussi calée que Margot sur les soixante quatre positions du recueil érotique le plus célèbre au monde. Du moins en théorie. Ce livre souffre vraiment d'une mauvaise com. Toutes les propositions ne ressemblent pas à une partie de Twister ! Je pense que certaines sont même tout à fait jouables, sans risquer l’aller-retour aux urgences, même pour les plus vieux de ce bâtiment. Je crois que Margot a raison, le Kamasutra est vraiment sous-coté ! Notamment toutes les parties où la femme domine. Le Cheval Renversé par exemple ; permet une multitude de variantes. La femme contrôle presque tout et a aussi la possibilité de libérer l’une de ses mains afin de caresser ce qu'elle désire. C'est dingue, j'espère avoir la chance de tester ça un jour...
Avec les séniors de mon groupe, nous accrochons ensuite nos chaussettes de Noël, fourrées de gourmandises et de luxure, un peu partout dans les parties communes du bâtiment. Tous, chacun leur tour ou en privé, sont venus me raconter des anecdotes plus ou moins graveleuses et que j'aimerai pouvoir effacer de ma mémoire. Mais malgré tout, cette matinée fut sympathique.
— Je peux te parler en privé, m'interpelle Clara, la diet, un peu avant l'entrée du réfectoire.
Son avis de parfaite frigide n'aura aucun effet sur ta bonne humeur, je pactise alors avec moi même.
— Vas-y, j'écoute, je l'accueille aussi gracieusement qu'une ourse à l'entrée de sa grotte.
— Voilà, j'ai un petit souci avec mon défi d'hier... démarre-t-elle tout en m'entrainant en direction du vestiaire.
— Je ne connais pas les défis proposés par les résidents, et je ne peux pas les échanger. Si tu ne te sens pas capable de l'assumer, tu ne le fais pas. Ce n'est pas plus dur que ça, je contre-attaque sans réfléchir.
— Je sais bien, et je m'en sens capable mais... Tu es la seule fille du bâtiment que j'ai envie d'embrasser...
— Quoi ?!
— "Embrassez une personne du même sexe (et consentante)", c'est écrit ça, regarde, m'explique-t-elle en me mettant le post-it sous le nez.
J'explose de rire. Je suis fière et soulagée. Fière de mon groupe pour son imagination et sa motivation sans faille ! Soulagée, qu'ils aient écouté et appliqué ma consigne sur le consentement et la légalité... Un sentiment étrange s'immisce également en moi... Quelque chose liée au fait que Clara m'ai choisi moi... Puis la pression ensevelit tout le reste.
— Je... Je n'ai jamais fait ça, lui avoues-je alors.
— Si ça peut te rassurer, moi non plus.
Clara est la dernière personne que j'ai envie d'embrasser mais en même temps... Je ne sais pas quand pourra se représenter cette chance de tester une nouvelle expérience...
— Tu veux faire ça maintenant ?
— Pourquoi pas... On a encore quelques minutes avant le début du déjeuner.
— Ok, alors viens, je l'entraîne à mon tour dans ce qui nous sert de vestiaires.
La pièce humide et sans fenêtre nous accueille dans la pénombre. Et cela me convient bien.
— Ça te dérange si on laisse la lumière éteinte ? m'interroge t-elle également.
— Ce sera parfait...
Clara est certes plus grande que moi mais bien plus frêle. Moi qui n'ai connu que des partenaires bien plus hauts et costauds ; la configuration me désarçonne. Puis je l'entends inspirer profondément et me surprend à faire de même. Sa main vient alors à tâtons chercher mon bras et Clara se rapproche de moi. Étrangement, son parfum m'attire un peu plus près d'elle. C'est sensuel, floral et doux à la fois. Je sens également son souffle, se rapprocher du mien, puis délicatement, ses lèvres entrent en contact avec ma bouche. La finesse et la douceur de sa peau viennent flirter avec mes joues charnues. Notre baiser est paisible, délicat et plein de possibilités... Incroyables...
C'est ainsi qu'en ce 07 décembre à l'EHPAD, ma vie sexuelle a en quelques heures, fait un bon intersidéral !
Et Clara n’est pas si frigide…
41 commentaires
Ady Regan
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Il y a 14 jours
Mayana Mayana
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Il y a 14 jours
Debbie Chapiro
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Il y a 15 jours
Mayana Mayana
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Il y a 14 jours
Natia Kowalski
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Il y a 15 jours
Mayana Mayana
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Il y a 14 jours
Soäl
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Il y a 15 jours
Mayana Mayana
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Il y a 15 jours
illusiona
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Il y a 16 jours
Mayana Mayana
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Il y a 16 jours