Jessica Goudy Chiche d'être heureux ? Chapitre 20

Chapitre 20

"L'Homme qui apprend à maîtriser son hamster et son hypersensibilité a trouvé la paix"

Sophie


Toute excitée par cette nouvelle vie, même si j'ai peur de prendre l'avion, le vol me semble aussi palpitant que ce nouveau départ. Dans l’avion, bien installée devant mon petit écran, je sors le bouquin recommandé par ma cousine et que je me suis promis de lire : « On est foutu, on pense trop » du Dr Serge Marquis. Je le pose sur mon adaptable lorsque je remarque la tête à moitié dégarnie et pelliculeuse de mon voisin ronflant déjà comme un moteur de voiture se rapprocher dangereusement de mon épaule.

Je plisse le nez et fronce les yeux dégoûtée, mon cœur s'emballe, j'ai envie de fuir. Je ne vais pas réussir à passer une vingtaine d'heures à côté du pouilleux qui essaie de se taper l'incruste contre mon épaule.

Je panique, il faut que je change de place. Je passe alors la tête dans l'allée centrale à la recherche d'une place libre salvatrice mais je remarque avec déception que tous les sièges sont occupés.

Je n'ai pas d'autre choix que de rester ici. Comment vais-je faire ? Je repense à l'histoire du singe et de la noix de coco. « Lâche le riz, Sophie ! ». J'inspire alors profondément et expire en ne pensant à rien d'autre qu'à ma respiration. C'est difficile car j'entends les sonnettes des passagers et les discussions des hôtesses de l'air. Je refais une tentative mais impossible de me concentrer. Mes pensées bouillonnent et surenchérissent absolument tout « Mais pourquoi les gens sonnent-ils les hôtesses alors qu'ils viennent juste de s’asseoir ? Ils se prennent pour des rois, ça m'énerve. Si mon voisin met des pellicules sur mon chemisier, je vais faire une crise d'angoisse, en plus il sent l'appartement qui n'a pas été aéré depuis des lustres, je vais puer en arrivant en Australie et je vais m'asphyxier pendant le voyage ». Impossible de faire taire mes pensées. J'attrape alors le bouquin de ma cousine pour me changer les idées. Je monte le son de mon casque au maximum pour camoufler les grognements de mon voisin et plonge la main frénétiquement dans le paquet de grignotes salées de façon compulsive. Le sel ayant déjà attaqué mes lèvres, je me venge sur la boisson sucrée offerte par les hôtesses de l’air et entame un nouveau sachet de chips.


Le Dr Serge Marquis compare nos pensées incessantes et notre égo à un hamster qui tourne sans cesse dans une roue. Ce hamster passe son temps à polluer notre l'esprit avec des pensées parasites et nous empêche de profiter de l'instant présent. Cette métaphore me parle. Je viens de le vivre il y a quelques minutes dans l'avion. Je me plonge alors dans son livre avec intérêt.

Ce hamster qui a l'impression d'avancer avec ses pensées parasites fait en fait du sur place dans sa roue et il est malheureusement inépuisable.

Pour faire disparaître ce hamster, il y a 3 étapes à suivre :

1) Écouter et reconnaître le bruit de son hamster.

Quand les pensées apparaissent et que vous sur enchérissez sans cesse, soyez juste conscient que c'est le hamster qui s'excite dans sa roue. Soyez patient, ça fonctionne !

2) Observer

Observer le hamster (les pensées parasites) et ne laisser pas le mouvement de la roue reprendre le dessus sur votre conscience. Au début c'est difficile, il suffit d'une seule rotation pour que le hamster reprennent les commandes. Par exemple, au travail, à la machine à café, votre regard croise celui d'un collègue et vlan, le hamster repart au quart de tour ! « Il m'énerve celui-là avec ses airs de Monsieur je sais tout ! Ou encore, à l'anniversaire d'une amie « Elle est si belle dans sa robe noire, de quoi j'ai l'air moi avec mes vieux chiffons ? » Les pensées parasites envahissent l'esprit en une seconde et si vous n'y prenez pas garde, votre existence se retrouve prise au piège dans une cage à hamster, ballottée entre angoisse et culpabilité, entre déprime et hostilité. Rester donc en conscience pour le maîtriser et observez le. Pour ce faire, RESPIREZ PAR LE NEZ !

3) Apprendre à respirer par le nez.

La respiration est cruciale, il s'agit de sentir l'air, le sentir vraiment, qui traverse les narines et gonfle l'abdomen, n'éprouvez rien d'autre que cela. Votre respiration devient votre fil d’Ariane. Dés que le hamster commence à repointer le bout de son nez, rattrapez votre fil d’Ariane et respirez en conscience et le hamster disparaîtra.


J'ai compris ! C'est donc ce fameux hamster qui pourrit ma vie depuis si longtemps ! Je vais m'atteler à suivre scrupuleusement les conseils du Dr Marquis pour le faire disparaître. Je ferme alors son bouquin contente de cette prise de conscience lorsque saisie d’impatience par plusieurs heures d'immobilité, je ne sais plus où placer mes jambes. Je m’étire un peu et plante mes pieds dans le fauteuil du voisin d’en face. Sa tête dépasse du fauteuil dans l’allée centrale et il me lance un regard noir. Je me sens mal, coupable de quelque chose d'effroyable alors que j'ai juste tenté de me mettre à mon aise, ce n'est pas juste, il m'agace sérieusement. Tiens, le hamster apparaît déjà ! Je lève alors la main et hausse les épaules en signe de paix et regarde mes pensées parasites s’évanouir, sans surenchérir tout en me concentrant sur ma respiration. Adieu le hamster ! J'ai réussi ! J'allonge alors mon siège pour refaire une tentative d’étirement. Mais mon voisin de derrière n’est pas plus consentent à mon bien être. Dans un mélange d’exaspération et de grognements, il repousse mon fauteuil avec son pied pour me forcer à me redresser et me lance un « quelle conne celle là ! ». Je digère très mal cette insulte qui m'est injustement destinée sans oser lui répondre. Stressée et touchée par la négativité que cet homme, je reste donc assise sans ne plus oser bouger.


La lettre de ma cousine tombe du livre Du Dr Marquis :


Ma Sophie adorée,

Là tu es dans l'avion et tu dois sûrement être stressée. Ne t'inquiète pas, je suis avec toi et je vais continuer de t'envoyer des lettres avec du travail pour que tu continues d'avancer sereinement sur le joli chemin que tu t'es tracé.

Tu es quelqu'un d'hypersensible et d'empathe, ce n'est pas le cas de tout le monde et c'est une qualité merveilleuse ma Sophie.

L'empathie c'est la capacité de comprendre et de partager les émotions d'autrui. C'est quelque chose que tu as de façon naturelle, ainsi tu peux créer des liens profonds et authentiques avec l'autre. Tu peux ressentir les émotions de l'autre sans même avoir accès à la parole.

C'est une qualité merveilleuse mais elle peut aussi présenter certaines difficultés. Il faut juste apprendre à la connaître pour n'en révéler que le meilleur.

Puisque tu es née comme ça, tu penses que tout le monde possède cette grande ouverture de cœur et te sens du coup très souvent déçue, malmenée et dans l'incompréhension auprès des gens.


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17 commentaires

Judith | Fyctia

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Il y a 9 mois

Bonjour Jessica Goudy ! Je m’arrête sur ton 20ème chapitre pour te faire quelques retours :

Judith | Fyctia

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Il y a 9 mois

On distingue assez clairement deux histoires, ce qui est un pari audacieux et qui incite le lecteur à poursuivre la lecture pour voir comment tu vas réussir à les entremêler. Néanmoins, après ces 20 premiers chapitres, j’ai le sentiment que le lien entre les deux histoires n’est pas suffisamment établi. Je te conseille de semer quelques indices très tôt pour faire avancer les deux intrigues vers une même direction. Individuellement, les deux histoires abordent des sujets très intéressants, qui créent une base plus ou moins originale pour chaque intrigue. En effet, j’ai le sentiment que l’hôpital psychiatrique est moins abordé dans la littérature contemporaine que le burnout, ce qui pourrait créer un certain déséquilibre dans l’engagement des lecteurs. Peut-être qu’il serait pertinent d’ajouter un élément un peu plus surprenant à l’histoire de Sophie pour que les lecteurs soient autant investis dans les deux points de vue.

Judith | Fyctia

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Il y a 9 mois

Le personnage de Sophie est pertinent car il permet à un grand nombre de lectrices de s’identifier à ce qu’elle subit. En effet, tu abordes la question du bien-être psychologique des femmes au travail, ce qui est un sujet d’actualité que beaucoup s’approprient sur les réseaux sociaux. Pour gagner en crédibilité, notamment dans les scènes entre Sophie et son patron, je te conseille de jeter un œil à ces témoignages et de t’en inspirer afin de créer des échanges encore plus réalistes. Par ailleurs, je pense que tu pourrais approfondir la psychologie de Sophie en contextualisant davantage son mal-être : comment et quand ses crises d’angoisse ont-elles commencé à se manifester ? Son hypersensibilité a-t-elle était diagnostiquée ? Qu’est-ce qu’elle implique concrètement ? En effet, même si tu mentionnes brièvement que Sophie n’apprécie pas particulièrement la foule, tu peux aller beaucoup plus loin. As-tu pensé à effectuer des recherches approfondies sur cette condition psychologique ?

Judith | Fyctia

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Il y a 9 mois

Vincent est un personnage très touchant, sa sensibilité constitue son point fort. J’ai tout de même le sentiment qu’elle ne se manifeste pas toujours très subtilement. Par exemple, certaines scènes sont un peu trop souvent interrompues par les souvenir de sa grand-mère et de son enfance sans que tu ne le justifies jusqu’au bout. Je pense notamment au fait qu’il fasse une crise de panique lors de son premier jour à l’hôpital à cause de son traumatisme lié à l’abandon de ses parents. Dans ce passage, il faudrait que tu ailles un peu plus loin en expliquant clairement en quoi ce traumatisme impacte son travail, pour que ce moment de récit soit pertinent.

Judith | Fyctia

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Il y a 9 mois

Dans les deux histoires, j’ai parfois eu l’impression que certains éléments pouvaient gagner en réalisme. Tout d’abord, je me demande s’il n’y a pas un conflit d’intérêt à ce qu’Amélie assure le suivi psychologique de Sophie. Je te conseille vivement d’ajouter des précisions quant à la relation des deux cousines pour que ce genre d’éléments soit davantage justifié. Ensuite, je ne sais pas si les infirmiers en hôpital psychiatrique peuvent se confier autant sur leur vie personnelle à des patients. Des recherches approfondies sur les pratiques en hôpital psychiatrique pourraient donc enrichir ton récit et le rendre encore plus immersif. Par exemple, dans beaucoup d’hôpitaux, la distribution des médicaments ne se fait plus dans un espace commun : les infirmiers vont de chambre en chambre.

Judith | Fyctia

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Il y a 9 mois

Enfin, j’ai bien ressenti ta capacité à dépeindre les émotions de tes personnages. C’est un atout lorsqu’on aborde des sujets qui touchent à la psychologie. Ainsi, tu peux te concentrer davantage sur la structure de tes chapitres. Je te conseille d’aérer ces derniers pour éviter d’avoir trop de gros passages de récits. Par exemple, tu peux utiliser des dialogues pour faire passer certains messages.

Judith | Fyctia

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Il y a 9 mois

J’espère que ces commentaires t’aideront pour la suite ! Judith de l’équipe Fyctia

Jessica Goudy

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Il y a 9 mois

Merci beaucoup pour tous ces commentaires très constructifs 🙏 J'ai hâte d'avoir ton avis sur la suite de ma story 🙏

La Plume d'Ellen

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Il y a 10 mois

Franchement pas facile de calmer le hamster 😉

EdeneMontagnol

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Il y a un an

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