Fyctia
Chapitre 8 (1/3)
Je sors de chez moi, encore embrumée par la quantité d’alcool ingurgitée la veille. L’air glacial me cueille aussitôt, et je manque de m’étaler sur une montagne de neige fraîche juste à l’entrée de mon immeuble. Visiblement, la tempête a eu lieu dans la nuit. Mais heureusement, à New York, tout reste fonctionnel et dégagé, même quand quarante centimètres de neige sont tombés. Je frissonne sous une rafale et serre mon porte-documents contre moi, pressant le pas vers les bureaux d’Adam.
J’y arrive quelques minutes plus tard. L’ascenseur me semble à la fois trop lent et trop rapide. Mon cœur bat bien trop fort pour un simple rendez-vous professionnel. Cette fois, je suis préparée. Mes idées sont claires et structurées. Mais je ne suis pas prête à affronter Adam, et surtout la honte phénoménale qui me hante depuis la veille. J’ai beau essayer, impossible de me sortir de la tête le moment où j’ai cru qu’il me proposait un vrai rendez-vous. Que j’ai accepté. Mais Anna et Kat n’ont peut-être pas tort. Son intérêt pour mon projet n’exclue pas… un autre genre d’intérêt. Bon sang, pourquoi cette histoire devient-elle si importante pour moi ? Sans pression, Isla. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent et la réceptionniste m’accueille.
— Bonjour, madame Winthrop, me salue-t-elle avec le même sourire professionnel que la veille.
— Bonjour… Helena, c’est bien ça ?
Elle acquiesce, visiblement flattée que je me souvienne de son prénom, puis m’invite à la suivre.
— Monsieur Pembroke vous attend.
Je la suis dans l’espace ouvert jusqu’à une porte sur laquelle elle toque avant de l’ouvrir et m’annoncer. La pièce dans laquelle j’entre n’a rien à voir avec la salle de réunion vitrée de la veille. Les tons sont clairs, boisés, chaleureux. L’ambiance est apaisante, cosy, bien loin de l’image moderne que je m’étais faite du bureau d'Adam. Il se lève en m’apercevant.
— Bonjour, Isla. Asseyez-vous, je vous en prie.
Je m’exécute et dépose mon porte-documents sur le coin du bureau. Il se rassied face à moi, semblant parfaitement dans son élément. Ce qui est le cas, quand j’y pense. C’est moi qui ai du mal à me sentir à ma place. Je tente de dépasser mon malaise. Courage Isla, ça ne peut pas être pire que les exposés devant tout le monde au lycée.
— Comment vous portez-vous ? demande-t-il avec un intérêt qui semble sincère.
— Bien, merci. Et vous ?
— Très bien également.
Un léger sourire étire ses lèvres alors qu’il pousse un gobelet vers moi.
— Je me suis permis de vous inclure dans la commande de cafés de ce matin.
Deux pensées s’affrontent aussitôt dans ma tête. La première : il a pensé à moi. Mon cœur bat plus fort à l’idée de cette attention. La seconde : j’espère de tout cœur qu’il s’agit bien d’une attention et non d’une blague douteuse et d’un mauvais café. La seconde doit l’emporter et se lire sur mon visage car il ajoute, amusé :
— Je vous devais un café, n’est-ce pas ?
Je lui adresse un sourire méfiant et prends une gorgée avant de le remercier. J’aime autant effectuer ma propre vérification avant. Je me fige en avalant. J’identifie nettement le goût de… sucre d’orge. J’écarquille les yeux sous la surprise.
— M… Merci, je balbutie. Vous avez pris…
Je suis incapable de terminer ma phrase. Je n’ai mentionné cette préférence qu’une seule fois. Au marché de Noël. Il est peut-être bien plus attentif au monde qui l’entoure que je ne l’avais supposé.
— Pour être honnête, je n’avais aucune idée que ce parfum existait avant que vous ne le mentionniez. J’aurais pu croire à une plaisanterie s’il n’avait pas effectivement été inscrit sur la carte du coffee shop ce matin.
— Et bien de mon côté, j'ignorais l’existence du café à l’œuf. Et, entre nous, je reste persuadée que cette… chose… ne devrait pas exister.
Adam éclate de rire. Un rire si franc et doux qu’il me réchauffe immédiatement. Je souris en réponse. Un vrai sourire, large et sincère.
— Je ne vais pas vous contredire. Mais, pour ma part, le plus simple est souvent ce que je préfère.
J’ai l’étrange impression qu’il ne parle pas que de café. Je préfère en venir au sujet de notre rendez-vous avant que mon esprit ne divague trop. Je me racle légèrement la gorge et saisis le dossier devant moi. Je décide d’être franche d’emblée.
— Je dois vous avouer que j’ai fabriqué ces chaussettes uniquement pour cette occasion. Mais votre proposition m’a fait penser que peut-être… Que ces créations pourraient devenir plus.
— Je vois. Il faudra simplement partir de zéro, dessiner tout le business model. Je peux vous accompagner pour ça.
— J’imagine que vos honoraires…
Je rougis, mais je préfère aborder ce point au plus vite. Hors de question de me lancer dans un projet que je ne pourrais pas assumer.
— Ne vous en faites pas pour ça, répond-il d’un ton calme et rassurant. Dans ce cas de figure, je vous accompagne jusqu’à ce que votre entreprise atteigne le seuil de rentabilité que nous aurons défini ensemble. A partir de là seulement, je prendrai un pourcentage des bénéfices. Entre quinze et vingt-cinq pourcents, généralement. Tout sera contractualisé. Mais parlons d’abord de votre produit. J’ai été impressionné par la qualité des chaussettes, et…
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Charlyemorand
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Il y a 2 jours
Hello_Darling
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Il y a 6 jours
Angel Guyot
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Il y a 6 jours
mima77
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Scriptosunny
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Angel Guyot
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Il y a 10 jours