Fyctia
Chapitre 2
Flavie
Mes talons martèlent le sol au rythme soutenu de mes pas et ma jupe longue se froisse à chacun de mes pas sur le chemin du cinéma. Je m’y rends toujours à pied, ça me permet de me perdre dans mes pensées l’espace de quinze minutes et au retour, ça me permet de me raccrocher au film que je viens de voir et rester plus longtemps dans l’univers de celui-ci. J’en profite en général pour mettre mes idées au clair dans ma tête afin d’écrire ma première critique, celle à chaud, le soir même.
Aujourd’hui il fait plutôt beau et j’en profite pour nouer mon foulard fétiche dans mes cheveux châtains tout en faisant attention à ne pas détruire la tresse élaborée que j’ai finalement réussi à faire après plus d’une bonne heure devant mon miroir. Mes bras n’en pouvaient plus à force de faire et défaire cette natte et à présent, ils me remercient de les ménager. J’expose mon visage aux rares rayons de soleil qui percent les nuages et profite de l’air frais avant d’entrer dans ma deuxième maison : La Pellicule Dorée. Ce cinéma que je côtoie maintenant depuis trois bonnes années et ce quasiment tous les jours de la semaine.
La chaleur m’enveloppe à mes premiers pas dans le hall et je me dirige directement vers les caisses pour me prendre à boire pour la séance. Le hall bien que simple est pour moi chaleureux, je sais qu’à chaque fois que j’y entre je vais passer un bon moment. Des sièges en cuir sont disposés dans un coin aux côtés de tables basses tandis qu’à l’opposé les bornes où l’on peut prendre nos tickets sont embellis par de jolies guirlandes de lierre artificiel. Les murs sont bordeaux tirant vers une couleur sombre et rendent le tout cosy et vintage à la fois, ce qui nous fait nous dire qu’une chose quand on y entre : Aah ce qu’on est bien ici !
Un fois ma boisson acquise, je me dirige vers les salles et on m’indique la salle où je dois me rendre, la numéro quatre. Ça tombe bien, c’est ma préférée ! Je m’y rends sans attendre et entre discrètement avant de m’assoir non loin du centre mais vers l’arrière. Je préfère qu’on ne sache pas que je suis une critique lors des avant-premières pour ne pas avoir de premier contact déstabilisant avant la séance et avant mon avis fondé. En général, les réalisateurs ainsi que les acteurs se placent vers l’avant et certains critiques font de même, ici je vois une brochette d’hommes et de femmes s’étalant sur les trois premiers rangs, ils ne m’ont pas remarqué et tant mieux. Je leur jette des coups d’œil réguliers, essayant de savoir lequel est le réalisateur mais ils sont trop nombreux pour que je devine.
D’autres personnes s’installent dont certains sur la même rangée que moi. Je souris intérieurement en en voyant certains euphoriques, certainement des fans de cinéma qui sont plus qu’heureux d’assister à des avant-premières avec l’équipe même du film. Je les comprends, moi aussi je suis euphorique. De plus en plus de monde afflue, décidément, toute la terre veut le voir ce film. La personne qui se trouvait à un siège d’écart de moi doit même se décaler pour laisser un groupe s’installer, il se retrouve donc à côté de moi et s’excuse poliment. Je lui adresse un hochement de tête, ayant l’habitude de parfois me retrouver en plein milieu d’inconnus.
En revanche je n’ai pas l’habitude que l’on continue à m’adresser la parole :
- Vous venez souvent au cinéma ? Me demande gentiment l’homme qui est maintenant à côté de moi.
- Plutôt, oui, et vous ? je réponds poliment même si j’ai tout, sauf envie de faire ami-ami avec lui.
Je ne lui adresse d’ailleurs qu’un simple coup d’œil sans m’attarder sur son visage ou même sa silhouette.
- De même… C’est bizarre que ce soit la première fois où nous nous croisons alors ! Vous aimez le cinéma ? me demande-t-il.
Il m’adresse un petit sourire que je lui rends poliment.
- Oui, beaucoup ! Et depuis que je suis enfant, et vous ?
Je lui retourne la question alors même que je n’en ai pas grand-chose à faire, je veux juste que le film commence et que je puisse me noyer dedans et bien sûr, l’analyser !
- Pas depuis que je suis enfant mais j’ai développé un lien très fort avec le cinéma, la scénographie, les plans. Je pense que vous voyez de quoi je parle si vous êtes une passionnée !
Son sourire se fait plus grand et inévitablement le mien également. Je me tourne de plus en plus vers lui, la conversation devient vraiment intéressante. De ce fait, les dix minutes qui ont suivies ont été animées par nos coups de cœur respectifs, nos déceptions, nos découvertes. Bref, une discussion vraiment passionnée.
J’en profite cette fois-ci pour m’attarder sur son faciès, et je regrette de ne pas l’avoir fait depuis le début ! Ses cheveux noirs lui retombent légèrement sur le front, juste au-dessus de ses yeux gris. Enfin je crois qu’ils sont gris, l’éclairage n’est pas optimal ici. J’analyse son visage fin, ses traits sont légèrement anguleux et sa mâchoire marquée est dissimulée par une barbe de quelques jours. Je remonte vers ses yeux et croise donc fatalement son regard que je n’arrive plus à lâcher, et pourtant je me concentre ! Au même moment, les lumières s’éteignent, je détourne mes yeux et nous nous taisons pour apprécier le long-métrage qui commence tout juste.
7 commentaires
Alyrianna
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Il y a 5 mois
Elsa Carat
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Elise R.
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Il y a 5 mois
Samantha Beltrami
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Emma Sofia
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Il y a 5 mois