Fyctia

Il faisait nuit. Peut-être trois heures du matin.

Des bouteilles de verre jonchaient le sol du salon, une odeur de cigarette froide, d’alcool et de sueur imbibait la pièce. Les restes d’un gâteau d’anniversaire à peine entamé trônaient au milieu d’une petite table basse, la cire des bougies complètement consumées se mélangeaient avec le glaçage blanc.

Alex s’était écroulée sur son fauteuil. Elle dormait si profondément qu’elle laissait échapper un léger ronflement.

Un bruit s’éleva légèrement dans les escaliers, quelqu’un descendait les marches. L’ombre marqua un court arrêt une fois arrivée en bas, comme si elle prenait le temps d’observer la jeune fille endormie, laissant son regard invisible se balader sur sa peau.

Alex se mit à grogner légèrement. On venait de s’assoir près d’elle.

– Théo, souffla-t-elle d’une voix rocailleuse, je suis déchirée…

Complètement inhibée d’alcool, la jeune fille ne réalisa pas immédiatement que le poids de tout un corps venait de s’écraser contre elle. Elle peinait à respirer. Reprenant doucement ses esprits, elle se mit à gesticuler et à essayer de rassembler ses esprits. Le visage Théo vient se plaquer contre le sien, venant la priver d’une bouffée d’air supplémentaire. Les bras de l’adolescente s’affolaient, créant une barrière entre son corps et les mains baladeuses se promenant sur ses courbes.

Reprenant son souffle d’un coup, elle s’exclama faiblement :

– Non, non… Je suis morte… Je peux vraiment pas…

– Arrête un peu, on s’est chauffés pendant toute la soirée… Je sais ce que tu veux.

Perdue au milieu du flux de ses pensées, dans lesquelles une peur aigüe et un désir étrange se mélangeaient, Alex pouvait sentir son short glisser sur ses cuisses. D’un geste réflexe, ses doigts vinrent se cramponner au tissu pour ne pas le laisser descendre plus bas.

– J’ai menti Théo… Je l’ai jamais fait. J’ai trop bu, j’ai envie de vomir.

Le poids sur elle libéra son emprise un court instant.

– Sérieux ?

Alex hocha maladroitement de la tête.

– T’en fais pas… J’irai doucement…

Les caresses reprirent de plus belle, donnant l’impression à la jeune fille de suffoquer. C’est à cet instant qu’elle pu aligner des mots dans sa tête et réaliser que non, elle n’avait pas envie d’être là. Elle était mal à l’aise, inconfortable. C’était trop brutal.

Rassemblant son courage à deux mains, elle parvint à dire distinctement :

– Non ! Je ne suis pas prête.

Ses mots ne provoquèrent aucune réaction. Cherchant à le repousser, elle souffla :

– S’il te plaît, est-ce que tu peux…

– T’as dix-huit ans, coupa-t-il, il serait vraiment temps que tu t’y mettes. T’as pas à allumer un mec si c’est pour bégayer après.

La pression sur ses bras s’intensifia, immobilisant complètement l’adolescente. Son souffle accéléra, elle se mit à serrer les dents si fort qu’elle en eu mal à la mâchoire. Son esprit était brouillé. Que fallait-il dire ? Que fallait-il faire ?

Les yeux rivés au plafond, les minutes qui s’en suivirent lui semblaient avoir duré des heures. Les grognements de Théo se mélangeant à ses sanglots étouffés.

Mais au milieu de ses larmes, Alex savait qu’elle méritait ce qui était en train de lui arriver. Que c’était quelque chose qui n’arrivait qu’aux filles comme elle.

Quand le silence vient l’accueillir de nouveau et que ses pleurs s’éteignirent à l’arrivée de son sommeil, elle s’était fait une raison. C’était ce que les mauvaises filles méritaient.