Fyctia
Chapitre 2
Il n’a pas réfléchi lorsqu’elle s’est approchée, il a tendu ses mains et elle les a prises, il a laissé leurs corps s’attirer, leurs regards poursuivre leur dialogue silencieux, il avait la sensation de reconnaître ces yeux qu’il n’avait vu qu’en photo mais lui semblaient si familiers.
Il a ressenti ce courant passer par ses mains, a senti leurs corps se coller, a bu son souffle si doux, si chaud, si proche, mais avant que leurs lèvres ne s’attirent il a entouré son corps de ses bras car il avait besoin de se rassurer sur cette présence magique, voulait confirmer qu’il ne vivait pas un rêve mais qu’ELLE était là, contre lui, il emplissait ses poumons du parfum de ses cheveux qui l’étourdissait, la serrait contre lui et cherchait à l’enlever à ce monde qui leur avait injustement interdit cette rencontre jusqu’à présent.
Elle souhaitait que cette étreinte qui la rassurait et la réchauffait jusqu’au plus profond d’elle-même dure éternellement, mais elle voulait de nouveau goûter la brûlure rassurante de ce regard qui les tenait liés, se plonger dans ces yeux qui lui donnaient tant de chaleur… Elle quitta presque à regret la douceur de l’odeur de son corps pour lever la tête vers son visage et partager son bonheur ; elle noya son regard dans le sien, et il reçut cette chaleur, ce bien-être qui n’appartenait qu’à eux, isolés au milieu de la foule qui les frôlait dans ce parc bondé en cette fin d’après-midi.
Ils prennent alors conscience de ces passants qu’ils doivent déranger, à la fois par la place qu’ils occupent au milieu de l’allée mais aussi par le bonheur qui rayonne de leur étreinte, ils se disent qu’il faut peut-être quitter cet endroit qui leur restera magique, et c’est elle qui propose « Si on marchait un peu ? ». Il lui répond par un sourire, desserre leur étreinte et prend son bras pour entamer leur cheminement dans le parc.
Elle passe son bras autour de sa taille, du sien il entoure ses épaules, et ils marchent tous deux soudés, toujours aussi isolés au milieu de ces passants qui se promènent ou rentrent chez eux.
Ils avancent lentement, en silence, le contact de leurs corps suffit à créer ce dialogue qu’ils partagent.
Sans s’être concertés ils sortent du parc, marchent lentement sans se parler, les mots sont superflus, ils ne pourraient que détourner leur cœur et leur esprit de ce moment partagé où leurs corps se reconnaissent lentement, où leurs chaleurs les réchauffent, où leurs flancs s’épousent en ondulant au rythme de leurs pas ; ils déambulent le long des rues de ce centre-ville animé en cette fin d’après-midi, et, passant devant une terrasse déjà bien remplie, il propose : « On prend un verre ? »
« Cela ne va pas te retarder, pour ton train ? » s’inquiète-t-elle
« Non, le prochain est dans trois quarts d’heure ...et le suivant est une heure plus tard »
« D’accord ! Profitons du soleil ! »
Ils s’assirent en terrasse, et prirent le temps de consommer leurs boissons en poursuivant les échanges qu’ils avaient déjà bien avancés lors de leurs discussions en ligne, mais cette fois-ci, était-ce le fait d’être en tête-à-tête, dans un face à face plus intime, libérateur, ils abordèrent des thèmes plus personnels, et c’est elle qui commença, en lui demandant de lui parler de sa vie.
Ils n’avaient pas beaucoup échangé sur leurs vies professionnelles lors de leurs discussions en ligne, elle apprit alors qu’il travaillait dans le domaine bancaire, qu’il était en charge des dossiers de plusieurs grosses entreprises de la région, et qu’il était arrivé dans cet emploi et en même temps dans cette ville il y avait deux ans, et qu’il n’avait pas trouvé facilement de logement en centre-ville, il s’était rabattu au départ sur un bourg proche avec une liaison ferroviaire, mais qu’en fait il ne regrettait pas, s’y trouvait bien et avait finalement cessé rapidement ses recherches pour rester dans ce village à la fois calme et proche de la ville.
Il lui rendit la politesse en lui demandant à son tour de lui décrire son travail, ses hobbies, elle amorça la description de sa situation professionnelle (prof de biologie en lycée en centre-ville, en poste depuis la rentrée précédente), évoqua ses loisirs (peinture, fitness et aquagym, lecture, ciné) mais lui rappela que les aiguilles tournaient et que son train n’allait pas l’attendre...
Ils se lèvent et repartent, en se tenant par la taille, naturellement, comme en sortant du parc,
et se dirigent sans qu’elle le veuille, sans qu’il le sache, vers sa rue, vers son domicile qu’elle a quitté tout à l’heure le cœur en chamade, ils viennent de tourner dans la rue et s’approchent lentement de sa porte, qu’ils atteignent bientôt… Elle s’arrête et lui dit, simplement, sans y réfléchir davantage : « J’habite ici, tu veux entrer ? » ; elle sent passer un éclair d’émotion dans ses yeux, il lui répond « Bien sûr, avec plaisir ! Mais je dois te rappeler que j’ai un train à prendre pour rentrer, et le dernier est dans moins d’une heure, je ne vais pas pouvoir beaucoup m’attarder...». Elle ressent à cette annonce un mélange de déception, car le temps leur est compté, mais aussi une sensation de confiance, il n’a pas l’intention manifestement de brûler les étapes, elle en retient une forme de retenue, en quelque sorte de respect, cela la touche… Elle sort ses clefs et leur ouvre la porte vers le calme d’un intérieur douillet.
11 commentaires
Elvira_Lyre
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Il y a 9 mois
M.B.Auzil
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Il y a 9 mois
M.B.Auzil
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Il y a 9 mois
Irma Ladousse
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Il y a 9 mois
Jehan Calu de Autegaure
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Il y a 10 mois
Amphitrite
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Il y a un an
Irma Ladousse
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Amphitrite
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Renosaki
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Il y a un an
Irma Ladousse
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Il y a un an