Elona&Marina Cannelle, Pain d’épices et Noël British 04.2 | Riche, sexy et … con

04.2 | Riche, sexy et … con

Le jeune homme, qui doit avoisiner la trentaine, passe ses mains dans ses cheveux en laissant échapper un soupir, puis s’assoit, les yeux dans le vide. Bien qu’il soit contraire aux recommandations, je pose ma paume sur son épaule comme pour lui apporter mon soutien.


— Ce n’est pas aussi grave que vous pouvez l’imaginer, seulement, je crains que nous devions la garder encore quelque temps à l’hôpital.


Il hoche la tête et relève finalement ses iris dans ma direction. Aussi verts que ceux de sa fille, les siens ont, en revanche, une intensité troublante qui me pousse aussitôt à retirer ma main.

Il humidifie ses lèvres et acquiesce en hochant la tête.


— Est-ce que je peux rester avec elle cette nuit ?


— Évidemment, si l’idée de dormir sur un fauteuil ne vous rebute pas ?!


— Je devrais survivre à ça, ironise-t-il avant d’esquisser un bref sourire et de se relever.


— Est-ce qu’avant de vous laisser la rejoindre, je peux vous demander un autographe juste ici ? Ce n’est pas tous les jours que j’ai affaire à un super héros, raillé-je pour tenter de détendre l’atmosphère.

Je lui tends un stylo, et indique de mon index l’endroit à couvrir de sa griffe. Debout, il se place à mes côtés et me jette un regard en coin.


— Maintenant que ma fille n’est plus dans la pièce, il est inutile de s’adonner à ce genre de blague, Mademoiselle, Evangeline, c’est ça ? reprend-il d’un ton cassant en saisissant le stylo.


— C’est ça. Bien. Dans ce cas, merci de signer ici, votre nom sera amplement suffisant, lancé-je plus brusquement.


Il se saisit du stylo sans prendre la peine de répondre et lit le document rapidement.Pas d’arnaque sur le papier, M’sieur. On se détend.

Il signe rapidement avant de me tendre la feuille.


— Autre chose ? lâche-t-il d’un ton las.

Riche célibataire, sexy et … con !


Mais feignant l’indifférence face à son comportement, je réponds dans un sourire :

— Je n’oserai pas vous en demander trop, donc pour vous, ça sera tout. Mais puisqu’Evergreen est mineure, il me faudra également la signature de sa maman.


L’homme qui s’apprêtait à partir se fige à l’instant où je prononce ces dernières paroles, son visage se rembrunit aussitôt. Je remarque que ses paupières se ferment un court instant avant qu’un souffle ne lui échappe. Il pose finalement le stylo sur le bureau dans un geste lourd et se redresse pour me fixer d’un air contrarié, qui me laisse confuse.


— Elle est décédée, m’apprend-il d’un ton froid.


Sa voix reflète une douleur évidente, et quasi immédiatement, mes lèvres se resserrent l’une contre l’autre, comme pour m’empêcher de parler.

Putain la bourde ! Sans un mot, il fait volte-face et se dirige vers la sortie de la pièce.

— Je suis désolée, je…


— Vous ne pouviez pas savoir, prononce-t-il en pivotant vers moi dans un bref regard.


Le père d’Evergreen quitte finalement mon bureau et je l’observe impuissante. Sa démarche assurée et son allure gentleman me font réaliser que cette apparence n’est que le reflet d’une image qu’il tente peut-être de renvoyer. Loin de celle d’un jeune père luttant face à la perte de la mère de son enfant.

Un coup d’œil à l’horloge et le soulagement m’envahit lorsque je comprends qu’il me reste à peine quelques minutes avant la fin de cette première journée au St Thomas Hospital. Dan me rejoint et, dans un soupir exagéré, s’affale sur l’un des fauteuils disponibles.


— Et voilà, tu as survécu à ta première garde ! Alors, verdict ? m’interroge-t-il tandis que je range les dossiers médicaux qui traînent encore sur la table.


— C’est moi qui devrais t’interroger ! Comment s’en est sortie la frenchie ? Tu comptes me renvoyer au pays plus tôt que prévu ? l’interrogé-je.


Il fait mine de réfléchir en frottant son pouce et son index sur son menton tout en me toisant.

— Tu casses le cliché de la française feignante, je pense que je vais te garder encore un peu avec moi.


Je suis incapable de me retenir de rire, et dans un geste vengeur, je lance une boulette de papier dans sa direction, mais il parvient à l’éviter de justesse.

— Abruti ! lancé-je amusé en français.


Abrouti ! m’imite-t-il grossièrement de son accent anglais.


Je m’esclaffe avant de libérer un soupir épuisé.

— Demain deuxième garde, tu te sens prête ?


— Oui ! Mais j’avoue que je suis épuisée de cette journée, donc seulement après une bonne nuit.


— Pour ton premier jour de repos, ça t’intéresse de déjeuner avec Jeff et moi ? On connaît un très bon restaurant au centre-ville de Londres, et on pourrait en profiter pour te faire visiter.


L’idée de me faire de nouveaux amis ici, et d’avoir le plaisir de rencontrer l’homme qui partage la vie de Dan m’enchante. Un sourire en coin, je fais à mon tour mine de réfléchir.

— Tu m’invites ?


L’air espiègle, il me répond avec désinvolture :

— Évidemment, c’est bien connu que, vous les Français, vous êtes radins !


Cette fois, mon lancé est une réussite, ma boulette ne manque pas ma cible et atterrit directement sur son front. Une plainte exagérément bruyante lui échappe et je lève les yeux au ciel.


Un bruit nous interrompt, je pivote lorsque les soignants de nuit arrivent dans le bureau. Dan me présente à l’équipe qui semble ravie de me compter parmi eux. Nous transmettons les informations nécessaires aux infirmiers avant d’emprunter enfin les couloirs. Mon collègue me salue, et me félicite une dernière fois, puis quitte les locaux pour retrouver son cher et tendre mari qui l’attend patiemment chez lui.


Je mords l’intérieur de ma joue lorsqu’une pointe de jalousie s’éveille en moi. C’est probablement seule que je passerai la plupart de mes jours off. Et Noël. Une terrible habitude. Bien qu’initialement, cette année devait changer de toutes les autres.

L’image de ma meilleure amie me parvient, et j’attrape mon téléphone pour lui écrire un texto alors que je marche vers les ascenseurs. Une fois arrivée au niveau de la chambre d’Evergreen, je suis interpellée par son rire, puis s’ensuit un autre, plus grave. Dans une réaction qui me surprend moi-même, je décide de prévenir ma jeune patiente de mon départ, et toque contre le bois de la porte. Les éclats qui résonnaient encore, il y a peu, s’estompent aussitôt et laissent place à la voix masculine de Mr Whitford qui m’autorise à entrer.


— Evangeline ! s’écrit Evergreen allongée sur son lit.


Son teint pâle ne la quitte pas, tout comme son sourire, mais qui lui, au moins, arrive à rassurer son père. Ce dernier lève son regard sur moi, et pose sur la table les cartes qu’il tient en main. Il semblerait qu’ils aient trouvé de quoi s’occuper depuis le départ de la grand-mère de l'enfant.

— J’ai fini ma journée de travail, alors je voulais passer te voir et être sûre que tout allait bien avant que je ne parte.


— Oh non ! Est-ce que tu peux rester encore un peu ? s’exclame-t-elle d’une voix chevrotante.


— Tu sais, l’équipe de ce soir est vraiment super ! déclaré-je d’un ton rassurant.

— Oui mais…


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Nos Insta : Elona_mitis & Marina.m.l_



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11 commentaires

Sunny NDV

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Il y a 3 jours

Ah, les horaires de travail dans l'esprit d'un enfant, c'est contraignant et mal toléré ;-)

soulixxxxx

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Il y a 25 jours

Incroyable comme à chaque fois hâte de pouvoir lire la suite 🫶🏻🫶🏻

Tite_Audreey

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Il y a 25 jours

J'aime beaucoup Evangeline. Pétillante et attachante comme en témoigne la réaction de la petite Evergreen.

Elona&Marina

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Il y a 24 jours

Une petite étoile ♥
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