Fyctia
LG - Hecto 100 pouces
J'ai toujours cru que je pouvais me fier à mon instinct, que j'avais ce don de cerner les gens. C'est un talent nécessaire pour les tromper, pour les distraire pendant qu'on leur subtilise un objet, pour capter leur attention...
Depuis que je suis gamine, j'ai un sens développé de l'observation. Je remarque tous les détails qui échappent au commun des mortels. Quand, petite, mes parents m'ont annoncé la maladie grave de maman, je n'ai pas été surprise. Je le savais. Je l'avais senti. Ce qui m'a vraiment étonnée c'est que personne d'autre ne l'ait remarqué.
Après sa mort, j'ai essayé de repousser mes capacités. J'ai gagné en confiance jusqu'à me rendre compte qu'analyser quelqu'un en quelques secondes et anticiper ses réactions pouvaient s'avérer très utile. Il ne s'agissait plus simplement de constater que ma mère n'allait pas bien et de ne rien pouvoir faire. Non, dorénavant, j'avais le contrôle et j'étais fermement décidée à en jouer. J'avais perdu ma mère, j'avais bien le droit de m'amuser un peu.
J'ai commencé par des petits coups classiques qui ne portaient pas à conséquence.
Une fois, j'ai fait croire à des passants que l'homme qui m'accompagnait n'était pas mon père et qu'il m'avait kidnappée. Je me suis bien plue au commissariat (on m'a donné des bonbons et un soda). Mais mon père tirait la tronche. Il ne sait pas s'amuser.
Plus tard, j'ai fait croire à l'intégralité du corps professoral et de mes camarades de classe que j'avais une jumelle. La moitié du temps, je m'appelais Keyah. L'autre, j'étais Karol. J'ai eu deux groupes d'amis bien distincts, deux casiers et deux passages à la cantine pendant quelques semaines. Puis, j'ai tué Karol. Double ration de devoirs, non merci. Adieu, Karol. Le collège a été particulièrement attentionné avec moi après ça. Rien de tel que le décès brutal d'une jumelle pour mettre tout le monde dans sa poche. Je recommande la rupture d'anévrisme. Personne ne pose de questions sur les circonstances de la mort dans ce cas.
Une autre fois, j'ai dérobé du matériel informatique très onéreux au C.D.I. Un projecteur dernier cri pour l'époque, de marque LG ( Hecto de 100 pouces d'une valeur de 8000 euros). Je ne l'ai pas revendu, je l'ai mis dans le casier du gars qui s'amusait à sortir avec deux de mes copines en même temps ( évidemment, j'étais la seule à m'en être rendu compte). Pour le coup, c'était un service rendu à la patrie. Je l'ai dénoncé anonymement et il a été expulsé trois semaines. A son retour, les filles étaient passées à autre chose. "Autre chose" s'appelait Mathieu et était promis à une grande carrière de basketteur.
Peut-être que c'est ce que je devrais faire. Dénoncer l'Ombre. Sortir de cette chambre d'hôtel, prendre mon téléphone, signaler à la Police que le voleur qu'ils recherchent est ici. Mais ce ne serait pas aussi passionnant. Pour être honnête (ça m'arrive de temps à autre), ce que je préfère dans les combines, les coups de bluff et les vols que je pratique, c'est l'excitation qui précède.
Passer un coup de fil, ce serait trop facile. Pas digne de moi.
Et puis, mon instinct m'a poussé dans ses bras. Jusqu'ici, j'ai toujours pu me fier à mon instinct. Je n'arrive pas à croire que j'ai pu me tromper à ce point sur cet homme. C'est perturbant. Mon ego refuse de le croire. Mon coeur aussi.
Pourtant, les faits sont là. Il m'a manipulée. Tout le temps. Ça a même commencé bien avant notre rencontre. Il m'a repérée, étudiée, testée.
Je me dégage de sa poigne, recule de deux pas. J'ai besoin de mettre de la distance entre nous, même si ce n'est que symbolique.
Qu'à cela ne tienne, il fait deux pas en avant pour reprendre d'autorité la place qu'il occupait comme si elle lui appartenait de droit. Il sent le savon. Une odeur boisée et musquée enivrante. Il sort de la douche. Ce qui explique son torse nu et ses cheveux légèrement humides. Je me rends compte que je ne le regarde plus dans les yeux et rectifie cette erreur. Mon trouble ne lui a pas échappé. Il me caresse la joue. Je savoure une fraction de seconde cette sensation délicate sur la peau fine de mon visage.
Il murmure dans mon oreille :
— Je sais que tu en as envie autant que moi.
Je ne sais plus très bien s'il parle de notre potentielle collaboration ou de sexe. Il le fait exprès. Je commence à le connaître. L'Ombre aime l'ambiguïté.
Je secoue la tête en repoussant sa main. A ce moment précis, je n'ai envie ni de l'un, ni de l'autre.
Il ne s'avoue pas vaincu et insiste :
— Toi et moi, on est pareils. Je sais que tu meurs d'envie de savoir ce que j'ai à te proposer... Au moins autant que je meurs d'envie de savoir ce que tu caches là-dessous.
Cette fois sa main se pose sur le bas de ma robe. Je me recule, le défie du regard et remonte moi-même l'ourlet à hauteur de mon ventre. Dans mon porte-jarretelles, j'ai coincé un taser. Je l'ai volé à Omar quand on était encore sur la péniche. Avec mon père dans les parages, je n'ai pas pu m'adonner à mes activités de pickpocket alors que ça me démangeait. Je me suis rabattue sur l'équipement de l'agent de sécurité. J'ai pensé à la Berline noire qui nous avait suivie jusqu'ici et je me suis dit qu'un taser pourrait toujours servir. Pauvre Omar, il va encore se faire engueuler par son boss. J'honorerai ma promesse de lui payer un verre un de ces quatre.
Je profite que l'Ombre soit hypnotisé par ma lingerie et mon porte-jarretelles pour dégainer le taser. Il a à peine le temps de comprendre ce que je tiens dans la main qu'il reçoit un choc électrique. Il s'étale par terre et convulse. J'ai rarement autant jubilé devant un spectacle. Ces machins sont plus puissants que je ne le pensais ! J'attends qu'il est terminé de s'agiter comme un ver pour capter son attention.
Je me penche au-dessus de lui, triomphante :
— C'est vrai que le courant passe bien entre nous ! Mais je vais quand même refuser ton offre.
Il a du mal à soutenir mon regard sans ciller. Tous ses muscles semblent ramollis, à bout de force mais au moment où je m'y attends le moins, il m'agrippe fermement par la taille, à l'endroit où ma robe est toujours retroussée et me fait basculer sur lui. Il nous fait rouler sur la moquette jusqu'à ce que nos positions soient inversées. Moi en-dessous, lui au-dessus. Dans cette posture, nos bassins soudés l'un à l'autre, il me paraît évident que tous ses muscles, jusqu'au dernier, fonctionnent parfaitement. A croire que la décharge lui a donné de l'énergie sexuelle.
Je ne peux m'empêcher de lui sourire :
— On dirait que tu as aimé ça. Tu veux qu'on retente l'expérience ?
Je brandis le taser bien en évidence sous ses yeux.
Il gronde :
— Lâche ce truc.
Je secoue la tête.
— S'il te plaît, Keyah. Pose-moi ça. Je ne voudrais pas que tu te prennes une décharge en pleine action.
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Océane Ginot
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Elsa Carat
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JULIA S. GRANT
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