Fyctia
Chapitre 5 (1/3)
Je me sèche et enfile mon pyjama, direction mon lit. Je m’engouffre dans mes couvertures, j’ai hâte de dormir en espérant que demain soit, un jour, meilleur. Soudain, on frappe à ma porte :
– Uhé, c’est Shelby, je peux entrer ?
Elle ne pouvait pas mieux tomber.
— Voui, entre.
Elle referme la porte derrière elle et s’assoit à côté de moi. Elle m’observe avec un regard tendre et remet une mèche de mes cheveux noirs derrière mon oreille.
— Je voulais voir comment tu allais après cette dispute avec ta mère. Je sais que c’est dur pour toi. Mais laisse moi te dire quelque chose. Est-ce que tu te rappelles de toi lorsque tu étais petite ?
— Co-comment ça ? demandé-je interloquée. Ai-je fait quelque chose de mal lorsque j’étais petite ? C’est pour ça que ma mère m’en veut autant ?
Une multitude de questions s’entrechoquent dans mon cerveau.
— Mais non, ma puce, me rassure-t-elle en souriant. Tu sais quand tu étais petite. Ta mère pensait que tu avais des troubles autistiques. Parce que tu as toujours été dans ton monde, à l’écart, et elle a toujours eu du mal à te comprendre. Tu parlais peu, seulement avec ton ami imaginaire … Argh. Je ne sais plus comment il s’appelait, tu t’en souviens ?
Je dis non de la tête. Shelby opine du chef et continue ses explications :
— Bref, je me souviens que tu pensais que tous les contes de fées étaient vrais. Les seules fois où tu t’adressais à ta mère, tu lui disais que la magie existait, car tu voyais des fées, des animaux parlants, et j’en passe. Tu étais vraiment une petite fille qui débordait d’imagination. Je pense qu’elle réagit comme cela, car elle ne sait pas comment faire autrement. S’occuper d’un enfant, toute seule est très dur. Ta mère a eu du courage et elle a réussi avec brio, tu es devenue une jeune fille bien élevée et tu as le cœur sur la main en faisant passer les autres avant toi. Tu sais, je n’approuve pas son comportement, mais essaye de la comprendre même si je sais que c’est très compliqué…
Avec cette multitude d’informations à assimiler, je mets un peu de temps à répondre, mais je poursuis :
— C’est stupide à dire, mais… pourtant, j’ai l’impression qu’elle me déteste et qu’elle regrette que je sois née, dis-je la voix nouée.
— Allons, allons, répond-elle en me prenant dans ses bras. Ne te mets pas de mauvaises idées en tête. Je suis sûre que tout peut s’arranger.
Je commence à sangloter dans ses bras.
— Vraiment, ne dis pas ça Uhé. Ta mère t’aime. Tu es sa fille. Je pense qu’elle doit voir le reflet de ton père en te voyant. L’amour est proche de la haine. Elle a dû aimer passionnément ton père et n’a sans doute pas accepté son abandon. Ce n’est pas contre toi. C’est seulement son cœur brisé qui parle. Ça ira mieux avec le temps, j’en suis sûre.
Je me couche l’esprit embrumé.
*
Arrivée au lycée, je me dirige vers mon casier afin de déposer certaines de mes affaires dedans et me dirige vers mon prochain cours. Direction le cours de sciences politiques dans la salle Athéna.
Je me dirige vers un bureau. Je décide de ne pas me mettre au premier rang ni au dernier. Je choisis l’entre-deux pour être tranquille. Kate arrive, me salue, me sourit et s'assoit à côté de moi. Les minutes passent. Mon esprit est complètement ailleurs et n’écoute pas vraiment la professeure expliquer sa matière.
Je repense à ma trouvaille de la veille. Cette mystérieuse langue, ces voix et ce cristal. Pourquoi cacher un objet de valeur dans une lampe ? Ne serait-il pas judicieux de le mettre dans un coffre-fort comme toute personne normale ? Peut-être trouverais-je quelques explications à la bibliothèque du lycée ? C’est vrai en y pensant, ce n’est pas stupide.
C’est décidé à la pause méridienne, j’irai à la bibliothèque pour y faire quelques recherches sur les créatures magiques et sur le Grec ancien. Je pense que tous ces nouveaux phénomènes, qui m’entourent, sont liés. Pourquoi ? Tout simplement, car je le ressens au plus profond de mon être. Vous savez, ce sentiment que vous avez au plus profond de votre âme. Cette petite voix intérieure, qui vous rassure, vous aide à vous guider dans la vie afin de réaliser votre destinée. Et je pense qu’il est judicieux d’écouter ses pressentiments. Je sens que je ne suis pas loin de résoudre ce mystère.
Un bruit assourdissant me ramène à la réalité : la cloche. Je n’ai pas vu le temps passé que le cours est déjà terminé.
Je me lève et Kate me parle un peu :
— Comment ça va ? Je t’ai observé et tu étais complètement à l’ouest, lance-t-elle en rigolant.
Cette remarque me fait sourire.
— Oui, ça va, réponds-je en souriant. Je suis juste fatiguée, car j’ai mal dormi hier, mens-je.
Je me déteste, d'inventer un mensonge, qui n’en est pas vraiment un en y pensant, car il est vrai qu’un cauchemar me hante depuis plusieurs jours, me rassuré-je intérieurement.
— Oh d’accord. Ça m'arrive fréquemment d’être fatiguée. Il m’arrive très souvent de lire jusqu’à tard la nuit. Je suis un véritable oiseau de nuit, lorsque je suis plongée dans un bouquin, répond-elle en souriant et en étant dans ses pensées. Je vais chercher mon manuel pour le prochain cours et on se retrouve devant la salle ?
— Bien sûr. Tu lis dans mes pensées, j’allais exactement te dire la même chose, ajouté-je.
Sur ce, nos chemins se séparent. Lors de la pause inter-cours, je balaie du regard le couloir, car j’ai l’espoir de voir Jakob. Je ne l’ai pas encore vu ce matin et j’ai dû partir toute seule à l’école. C’est bête de se rattacher à lui. Je pensais que nous partirions tous les deux au lycée, mais en soit, je ne suis qu’une employée. Hier, c’était différent, car on lui avait demandé de me faire visiter. C’était simplement un acte de politesse, me lamanté-je dans mon for intérieur. Toutefois, je ne le vois nulle part. De ce fait, je replonge mon nez dans mon casier pour prendre le livre dont j’ai besoin pour mon prochain cours.
— Uhé ? m’interpelle une voix suave.
Ce son. Je le reconnais entre mille. Des frissons me parcourent tout le long de l’échine, me faisant ainsi sursauter et entraînant mon livre par terre. Je m’accroupis pour récupérer mon bouquin, mais l’autre personne a été plus rapide que moi. En nous relevant, nos têtes se cognent. J’aperçois enfin mon sauveur de livre et ses magnifiques yeux bleus : Jakob.
— Ohlala, pardon Jakob ! Ça va ? Qu’est-ce que je peux être maladroite parfois, dis-je en rougissant.
Il frotte son front avec sa main et il rigole.
— Y’a pas de casse. Ce n’est rien, justifie-t-il avec un sourire en coin.
Une question me taraude depuis ce matin. Je suis tellement curieuse. Ma langue me picote à un point, car cela me démange de savoir.
Je ferme les yeux et ose :
— Dis-moi Jakob, je ne t’ai pas vu ce matin au petit-déjeuner, as-tu eu une panne de réveil ?
Sa mâchoire tressaute, il serre ses poings d’une telle force que les jointures de ses phalanges sont blanches. Un éclair traverse son regard et après quelques micros-secondes, il redevient normal. Le Jakob que je connais.
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