Fyctia

Je m’affale sur le siège désespérée. Je n’y comprends rien. Qu’est-ce qu’elles voulaient me dire ces voix à la fin ! Je regarde par la fenêtre, et il commence à faire sombre. Il faut que je fasse vite avant l’heure du dîner. Car si j’arrive en retard, ma mère ne va pas me louper. Pour y voir plus clair, je décide d’allumer la lampe ornant le bureau. J’essaye de l’allumer, mais avec difficulté. Après quelques essais peu concluants, j’y parviens enfin. Lorsqu’elle s’allume, j’observe la lampe attentivement. Je la trouve très jolie et sa lumière est apaisante. Elle a la forme d’un sceptre orné de trois dents. Il s’agit d’une magnifique lampe en or en forme d’un trident. Je ne sais pas pourquoi, mais cette lampe m’attire, je la prends dans mes mains. J’effleure du doigt toutes ces moulures pour l’analyser de plus près. Des écritures sont visibles sur le long de celle-ci. Je les trace de la pulpe de mon index. On dirait des sortes de dessins, comme des hiéroglyphes. Cette écriture est très belle esthétiquement parlant. Je la prends en photo, cela sera toujours utile pour mes recherches.

Je la repose et observe sa magnifique couleur étincelante. Je rêvasse et observe le plafond. C’est étrange, le plafond est orné d’une multitute de petits points de différentes nuances. Il y a plein de petites paillettes qui y sont reflétées. Cela m’interpelle. Je regarde les trois ampoules ornant les pointes du trident. Elles n’ont rien de particulier. Soudain, me vient une idée, cela peut parvenir de l’intérieur de la lampe. Je la retourne et j’aperçois que sous cet objet,il y a un cache. C’est étonnant pour une lampe qui est branchée à l’électricité. Cela ne peut pas être le cache pour y insérer les piles. Je décide de l’ouvrir et j’y découvre un bouton.

J’appuie dessus et là…

Le long manche s’ouvre en deux. À l’intérieur s’y trouve un magnifique collier serti d’un magnifique cristal. Voilà ce que voulait me dire les voix !

Soudain j’entends des pas arrivés. Vite, je remets tout en place, il n’y a pas une minute à perdre.

Les pas s’intensifient.

Uhé, trouve une excuse, vite, vite. La poignée se tourne. Vite, je prends la pose.

— Uhé, tu es enfin là. Je te cherchais de partout. Qu’est-ce que tu fais ici ? C’est l’heure du dîner, dépêche toi, dit ma mère.

— Oui, Maman. J’étais en train de faire des recherches pour un devoir d’histoire.

— Dépêche-toi, ne m’embarrasse pas encore une fois, répond-elle me regardant suspicieusement.

Je referme le livre et vérifie que le cristal est bien caché dans ma poche avant de me diriger vers la salle à manger. Shelby nous a encore concocté un merveilleux repas, mais je suis trop chamboulée par tout ce qui se trame et je n’arrive pas à savourer mon dîner.

Lorsque je débarrasse mon assiette, Shelby m’interpelle.

— Uhé, est ce que ça va ? Tu avais l’air d’être ailleurs pendant le repas. Ça ne s’est pas arrangé avec Jakob ?

Ah oui Jakob, je l’avais oublié avec toutes ces recherches.

— Pour être honnête, je ne sais pas trop. Je vais le laisser tranquille, ça ira peut-être mieux demain, dis-je d’un air contrit.

La cheffe cuistot analyse ma réponse et me sourit, on dirait un ange. D’un ton bienveillant, elle me répond :

— Mon petit doigt me dit que tu ne me racontes pas tout.

Elle me relève le menton pour que je la regarde droit dans les yeux et poursuit sa phrase :

— Uhé, tu sais que tu peux tout me dire. Je ne te jugerai jamais. Est-ce que cette première journée s’est réellement bien passé comme tu le prétends ? On dirait que quelque chose te rend très soucieuse.

Ma mère arrive et nous interrompt :

— Uhaina, la table ne va pas se débarrasser toute seule. Tu as déjà l’honneur d’être la seule enfant à vivre ici grâce à moi, donc trêve de bavardage. Ne procrastine pas et ensuite, tu pourras aller dans ta chambre, somme-t-elle froidement. D’ailleurs as-tu fait tes devoirs ?

Ma mère dans toute sa splendeur…

— Oui, maman, réponds-je en soupirant. Je n’ai pas eu beaucoup de devoirs, car aujourd'hui, c’était la rentrée. Par contre, j’ai un gros devoir en histoire et je ne sais pas comment je pourrais le mener à bien, dis-je en regardant mes pieds.

— Et pourquoi cela ? Tu penses que vu que tu as un passe-droit grâce au Chester, tu peux te permettre de ne pas rendre tes devoirs ? vocifère-t-elle.

Les larmes me montent peu à peu. Son tempérament et ce devoir qui m'a turlupiné toute la journée, s'en ai trop ! Je sens que mon corps veut exploser.

— Non, ce n’est pas ça. Mais je dois faire mon arbre généalogique…. et je ne connais personne à part toi.

— Et alors ? C’est suffisant non ? Ta famille, c’est moi, un point c’est tout.

— Mais peut-être que je pourrais en savoir plus sur mon père…

Elle me coupe la parole :

— Ton géniteur, tu veux dire. Il n’y a rien à savoir. Il t’a abandonné. Pourquoi voudrais-tu en savoir plus sur un lâche ? La discussion est close. Termine ce que tu as à faire, sur ce, elle s’en va.

Je me retrouve encore bredouille. Je n’arrive jamais à avoir une discussion calme et posée sur ce sujet. Je me rends compte que Shelby a assisté à toute la scène.

Je l’esquive du regard morte de honte et je continue à débarrasser la table.

Dès que je termine ma corvée, je file tout droit dans ma chambre. Je fonce et me jette sur mon lit, me mets un oreiller sur la bouche et je crie. Je crie de toutes mes forces afin d’évacuer tant de rage accumulée, car je suis complètement bridée par ma mère, toutefois, elle seule peut m’apporter des réponses. Le tout mélangé par des pleurs, je souhaiterais tellement qu’on s’entende avec ma mère, mais cela est juste impossible. Malheureusement.

Ensuite, je me dirige sous la douche. J’ouvre le robinet en mettant l’eau bien chaude. Le jet d’eau brûle mon corps, néanmoins, cela détend mes muscles noués par la colère.

Plus je grandis et plus je me pose des questions. Je me rends compte de certaines choses et actions que je ne remarquais pas auparavant. Mon objectif : découvrir la vérité. Je pense que c’est la seule chose qui pourrait apaiser mon esprit.

Mais revenons à ma mère. Le centre de mes préoccupations. Parfois, je me demande si ma mère n’est pas dénuée de tout sentiment ? Elle parle comme un vrai robot, comme si on lui avait lavé le cerveau. Que se passe-t-il dans ce manoir ?