Fyctia

I moíra sas periménei. Gínete mélos ton anthrópon sas. I moíra sas periménei. Gínete mélos ton anthrópon sas…*

Cette ombre s’approche de moi, m’appelle et m’hypnotise. Je n’arrive pas à la distinguer. Elle me tend la main, mais pourquoi ? Dois-je la lui tendre ? Ou non ? Cette lumière vive derrière elle, m’éblouit. Ce bleu vif est tellement aveuglant que je n’arrive pas à bien regarder la personne qui s’y cache. Je couvre mes yeux derrière mes bras et…

Je me réveille en sursaut. Encore ce cauchemar, il devient de plus en plus fréquent ces dernières semaines. Je regarde mon réveil, c’est l’aube. Je décide d’ouvrir mes rideaux et de regarder tranquillement le soleil se lever. Cela m’aidera à me changer les idées, car demain est un grand jour, c’est la rentrée. Je vais entrer dans un tout nouveau lycée : le Peckforton High School. L’établissement le plus réputé du Comté de Chester où se trouve la majorité de l’aristocratie britannique. À qui dois-je cet honneur ? Aux employeurs de ma mère : le Comte et la Comtesse de Chester. Ce généreux couple, nous a accueilli à bras ouverts lorsque ma mère était à la recherche d’un emploi. Edward et Lilibeth Chester n’ont pas réussi à avoir d’enfants, par conséquent, ils sont très proches de ma mère et de moi. Ils sont adorables, ils sont comme de la famille pour moi, comme des grands-parents que je n’ai jamais eus.

Ma mère, quant à elle, cette femme forte m’a élevé seule et le Comte Edward lui a permis de devenir la l’intendante de son magnifique manoir. Elle est d’apparence froide et stricte, mais elle en a bavé dans sa vie, c’est pour cela qu’elle est ... comme elle est.

Moi, Uhaina, fille d’une simple employée de maison, je vais entrer dans un tout nouvel établissement dont je ne connais pas grand monde.

Argh ! Cette rentrée m’angoisse tellement !

Bon, Uhaina, on se ressaisit, il s’agit simplement d’un lycée. Allez, on s’habille et on va prendre le petit déjeuner. En septembre, dans le Comté, il fait assez frisquet le matin. Je décide donc de mettre un sweat et un pantalon de yoga. Je sors de ma chambre et je me dirige vers la cuisine. Le manoir est très grand et très somptueux. On pourrait même croire que je vis dans un film ou une série. C’est vrai, car pas tout le monde a la chance de vivre dans un tel environnement. Pourtant, je ne suis pas une gosse de riche, seulement la fille d’une employée. Alors imaginez-vous dans un manoir typiquement britannique tout de pierre vêtu, entouré d'hectares de forêt et de verdure. Et ne parlons pas de l'intérieur, il est tout aussi chic, il pourrait faire concurrence au château de la Reine d’Angleterre.

Je longe les longs couloirs, et j'entends le parquet craquer sous le poids de chacun de mes pas. Les murs sont blancs ornés de portraits de la famille du Comte, avec de somptueux lustres noirs sur les murs et au plafond. J’effleure de mes doigts les ornements d’un de ces cadres dorés. J’ai toujours admiré tous ces tableaux. Ils représentent tous les aïeux de la famille Chester. Je me sens si petite lorsque je vois la longue lignée de cette famille aristocratique. Alors que moi, je ne connais rien de la mienne. Je m’adosse sur l’une des arches du couloir en étant pleine de nostalgie. Je voudrais tellement connaître mon père, enfin mon géniteur. J’ai tellement de questions à lui poser, mais ma mère a toujours refusé d’aborder le sujet.

Est-ce trop douloureux pour elle ? Que me cache-t-elle ? Pourquoi ce sujet est-il si tabou ? Tant de questions demeurant sans réponses.

Hélas.

Je me dirige vers les escaliers et je salue les membres du personnel que je croise sur mon chemin. Ils ont tous des uniformes en fonction de leur poste. Les femmes de chambre, par exemple, sont habillées avec une robe couleur bleu océan qui leur arrive juste sous les genoux, ayant des manches courtes disposant d’ourlets blancs, d’un col claudine et de trois gros boutons blancs au niveau de la poitrine. Tandis que les hommes, plus précisément les valets de chambre ont des costumes blancs et d'une cravate avec des motifs de vagues. Il y a également d’autres tenues pour les jardiniers, les cuisiniers et j’en passe. Dans ce manoir tous les habits ont une référence à l’océan. C’est assez drôle quand on y pense. Cette idée vient de la Comtesse qui souhaite que son personnel soit habillé sous ce thème. Parce que les Chester sont passionnés par la mer. Pour eux, la vie n’existerait pas sans l’eau, et il faut respecter cette ressource si précieuse.

Je continue mon chemin et me dirige au rez-de-chaussée, je descends l’un des deux énormes escaliers rejoignant le hall d’entrée. Je sens une merveilleuse odeur sucrée, ce qui réveille de suite mon estomac. Je vois la cuisinière s’agiter derrière les fourneaux pour raviver les papilles des habitants du manoir.

— Coucou, Shelby, dis-moi qu’as-tu fait de bon ce matin ?

— Uhé, mais que fais-tu debout de si bon matin ?

— Oh, c’est rien. J’ai encore fait un cauchemar. Cela doit sûrement être dû à la rentrée qui approche à grand pas.

— Ma puce, ne t’inquiète pas, tu vas te faire de nouveaux amis. Je suis sûre que ce nouveau lycée va te plaire. La Comtesse m’a dit qu’il y aura leur neveu, Jakob, tu ne seras pas seule.

— On verra bien, mais je ne suis pas du même standing qu’eux, tu sais.

Eh oui, cette année je change d’établissement scolaire. En guise de cadeau pour les vingt-cinq années de bons et loyaux service de ma mère chez les Chester, le Comte et la Comtesse m’ont permis de rejoindre la meilleure équipe de natation du Comté qui se trouve dans le lycée élitiste de Peckforton High School.

— Tiens, mange un peu. Ma délicieuse nourriture va te réconforter. Au menu ce matin, des viennoiseries françaises. Des pains au chocolat, des croissants et des brioches parisiennes, accompagnés d’un chocolat chaud, tu vas te régaler.

— Mmmh ça a l’air délicieux, merci ! Je m’en lèche déjà les babines.

J’allais commencer à manger lorsque j’entends des bruits de pas se rapprocher de la cuisine.

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* Ta destinée t’attend. Rejoins ton peuple.