Fyctia

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

— J’ai menti en prétendant que les origines anglaises de la famille princière n’avaient aucun lien avec mes théories. C’est tout le contraire.

Liam pâlit. Il ne s’attendait absolument pas à une telle révélation de la part de son ex-amant. Lors de ses séjours en Angleterre, le jeune homme n’avait jamais entendu Julian évoquer cette hypothèse. Il songea alors à sa situation personnelle :

— Est-ce que je dois m’inquiéter ? Je veux dire…je participe à la rénovation d’une serre du palais, s’inquiéta-t-il.

— Rien à voir. Même si je suis soulagé que c’est avec une jardinerie que tu as un contrat. Si tu bossais par exemple pour Barisciani, là on aurait clairement un problème. Mais dieu merci ce n’est pas le cas. Sans vouloir te vexer. Bref, oui pour continuer sur l’enquête, elle nous amène, d’une certaine manière, à Andalia.

— Comment cela ?

— Au départ, et jusqu’à hier soir, nous pensions que le lien entre les différents tableaux était la société de vente aux enchères. Qui a toujours été la même jusqu’à présent. Mais, cette nuit, j’ai repris toutes les notes du dossier au sujet des différents propriétaires des œuvres que nous avons attribuées à notre faussaire.

— Ne me dit pas que c’est…la famille princière ?

— Presque.

— Comment ça, presque ?

— L’une des sœurs de la princesse Davina, Anya, est mariée à un riche designer, Jefferson Maxell. Il a un frère, Joshua. Ce dernier a fait fortune dans le commerce du luxe. Sa société brasse des milliards. Pour chaque tableau, j’ai listé les différents propriétaires et les lieux où nous les avons trouvés. Chaque personne ayant un jour possédé l’une des peintures de notre faussaire a, un jour, côtoyé Joshua Maxell. Soit parce qu’elle a fait appel aux services de sa société, soit parce qu’elle a acheté un bien par son intermédiaire, soit parce qu’ils font partie du même cercle d’amis. J’ignore pourquoi le lien avec Andalia ne m’a pas sauté aux yeux.

— Je ne comprends pas. Est-ce que c’est ce Maxell qui a organisé les ventes de tableaux ? Parce que si ce n’est pas le cas, je ne vois pas vraiment en quoi ce serait ce fameux lien que tu cherches depuis des années.

Julian Enfield esquissa un sourire :

— Voilà pourquoi tu n’es pas flic. Et ce n’est pas un reproche, Liam. Si tu es un analyste de tableaux brillant, tu n’as pas tous les réflexes d’un enquêteur. Joshua Maxell est la connexion entre tous nos propriétaires de tableaux. C’est un fait. Et ce n’est pas un détail à négliger dans une enquête. De plus, il a déjà officié comme acheteur d’œuvres d’art pour d’autres clients.

— Et donc ? insista Liam, qui ne voyait toujours pas où voulait en venir son ami.

— Soit Joshua joue le rôle d’intermédiaire pour notre faussaire, soit…

— Ce serait lui ? compléta le jeune homme, un brin sceptique néanmoins.

Liam dévisagea Julian, cherchant à découvrir s’il plaisantait. Son air grave lui fit comprendre qu’il était tout à fait sérieux. Le policier anglais décida de faire travailler son ancien compagnon :

— Allez Liam, montre-moi ce que tu sais faire. Imagine que nous sommes de retour à Londres et que nous effectuons un briefing avec les autres membres de l’équipe.

L’étudiant hocha la tête et se mit à réfléchir à haute voix :

— Ok. Joshua Maxell fréquente le monde de l’art puisqu’il a acheté des œuvres pour ses clients. Nous pouvons imaginer qu’il a une assez bonne connaissance de ce milieu, sinon il n’y mettrait pas le pied.

— En effet. Ensuite ? l’encouragea Julian.

— Si nous n’avons jamais trouvé son nom dans les différentes transactions de vente des tableaux, cela ne signifie pas nécessairement qu’il n’y est pas lié. Il utilise peut-être une fausse identité. Et donc, il pourrait en effet agir comme intermédiaire entre les propriétaires et la société de vente aux enchères sans laisser la moindre trace. Je suppose également que le choix de cette entreprise n’est pas anodin. Il doit y avoir des contacts ou il travaille avec des personnes qui y ont des relations. Si je me rappelle bien, la maison de vente aux enchères ne fait pas partir du top 5 mondial. Un choix sans doute réfléchi pour ne pas trop attirer l’attention.

Liam fit une pause avant de dévisager le policier :

— Mais je manque d’informations. Je n’avais encore jamais entendu le nom de Joshua Maxell.

— C’est normal. Après ton départ, enfin après ton dernier séjour en Angleterre, j’ai décidé de creuser plus loin, de fouiller encore plus le passé des différents proprios des tableaux. C’est comme ça que l’autre est apparu. Une fois, deux fois…ça reste de la coïncidence. Quand le chiffre grimpe à quatre puis cinq et qu’ensuite tu le vois dans toutes les fiches de chaque personne, tu comprends que tu ne peux plus négliger ce détail. Ce que j’ai pourtant fait en ne creusant pas très loin au sujet de sa famille. Maintenant que je possède ces renseignements et que tu as découvert une nouvelle œuvre de notre faussaire ici à Andalia, nous allons, je le crains, devoir tout reprendre à zéro.

Julian Enfield grimaça. S’il avait un nouvel élément à ajouter à son dossier, celui-ci le complexifiait un peu plus.

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Début des explications de Julian. Qui est donc ce Joshua Maxell ? Est-ce notre faussaire ? Est-il lié aux faux tableaux ?