Fyctia
Duo de choc (1)
Liam jeta un coup d’œil vers Julian. Ce dernier semblait parfaitement à l’aise. Comme toujours. L’enquêteur avait ce don de pouvoir évoluer dans n’importe quel milieu sans y faire tache. Une qualité que lui enviait beaucoup Liam. Sur l’invitation du prince Matthew, Julian prit la parole :
— J’ai examiné le tableau, grâce à la photo que Liam m’a envoyée. Je confirme qu’en effet, nous nous trouvons en présence d’une œuvre qu’il est strictement impossible d’attribuer à Raphaël. Bien entendu, il faudra quand même que je la vois réellement avant de demander une expertise au laboratoire qui travaille avec mon équipe. L’homme, ou la femme, qui se trouve derrière la réalisation de cette peinture, est un véritable artiste.
Le prince fronça les sourcils, lâcha un profond soupir puis il interrogea l’Anglais :
— Qu’est-ce que vous voulez dire par « une expertise au laboratoire » ?
— Je vais devoir transférer le tableau à Londres. J’en suis profondément désolé, Votre Altesse, mais je n’ai pas le choix. Il doit être examiné par l’ensemble des membres de la cellule d’enquête et ensuite comparé aux autres œuvres de notre faussaire.
— Que dois-je faire par rapport à l’exposition ?
— Oh, je suggère un petit mensonge pour que personne ne s’étonne de la disparition soudaine d’une œuvre.
— C’est-à-dire ?
— Mettre une simple affiche qui indique que le tableau a été vendu et que son nouveau propriétaire, qui souhaite garder l’anonymat, a demandé de le retirer de l’exposition. Il a été retrouvé chez un particulier. Personne ne s’étonnera que cette personne ait cherché à le vendre au plus vite et surtout au plus offrant. C’est ainsi que cela fonctionne dans ce milieu.
— Si c’est un faux, pensez-vous qu’il existe quelque part un original ?
— Dans ce cas-ci, je ne peux pas encore me prononcer. Jusqu’à présent, notre faussaire réalisait toujours des copies d’œuvres connues. Or, jamais personne n’avait mentionné qu’il existait un tableau inspiré de la fresque qui se trouve au Vatican. Je vais devoir procéder à des recherches approfondies à ce sujet.
Liam, oubliant qu’il n’était pas seul avec Julian, intervint :
— Donc il, ou elle, a changé de schéma. Peut-être que tu te rapproches et qu’il a paniqué ?
— Peut-être. Mêle si cela fait plus de deux ans que nous piétinons. Cependant, cette découverte signifie plus de complications dans l’enquête. D’ailleurs, il faudra qu’on en discute tous les deux. Mais d’abord…Votre Altesse, pardonnez-moi de vous demander cela. Il y a dans ce palais de nombreuses œuvres d’art. Dont des tableaux de prix.
Le prince Matthew acquiesça, sans comprendre où l’Anglais voulait en venir. Ce dernier s’empressa d’expliquer le fond de sa pensée :
— J’aimerais examiner chaque peinture de ce palais. Ceci afin de vérifier l’une de mes théories. Monsieur Barisciani, y a-t-il des tableaux qui se trouvent actuellement dans vos ateliers ?
— Il y en a trois. Un Monet, un Thomas Gainsborough et un Rembrandt. Naturellement, vous pourrez les voir eux aussi. Quel est donc votre théorie ?
— Oh, je préfère ne pas m’avancer. Cependant, connaissez-vous Han van Meegeren ?
— Qui n’en a jamais entendu parler !
— Saviez-vous qu’il lui avait fallu plus de six ans pour perfectionner son utilisation des matériaux ainsi que la technique des peintres ? Il achetait même des toiles authentiques du XVIIe siècle pour créer ses contrefaçons. Eh bien, le faussaire que nous recherchons actuellement est de sa trempe. Même meilleur. Je peux, en outre, affirmer qu’il est extrêmement riche.
Le prince Matthew, qui avait suivi l’échange avec intérêt, interrogea alors l’enquêteur sans pouvoir dissimuler l’inquiétude dans sa voix :
— Pensez-vous qu’il pourrait y avoir des copies dans nos collections ?
— Je n’en sais rien. C’est pour cela que j’aimerais le vérifier. Et ainsi également pouvoir écarter certaines de mes théories. Voyez-vous, Votre Altesse, et Liam pourra vous le confirmer, il y a des liens entre tous les « œuvres » de notre faussaire invisible. C’est pourquoi je suis perplexe. Pourquoi votre exposition ? Pourquoi Andalia ? Après dix longues années d’enquêtes, nous commencions seulement à trouver une logique à tous les tableaux que nous avons retrouvés. Ici, nous sortons du schéma classique. Cela m’intrigue. Ai-je raté un détail depuis que je travaille sur ce dossier ? Je l’ignore. Ou, au contraire, nous sommes-nous rapprochés au point que notre inconnu ait décidé de changer de stratégie ? Tout ce que je peux vous dire c’est que, jusqu’à présent, l’Angleterre constituait un dénominateur commun aux huit tableaux déjà découverts.
— Une partie de ma famille est anglaise.
— Oui, je le sais mais cela n’a rien à voir… enfin, je me comprends. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous donner plus de détails.
Julian Enfield se tourna vers Liam :
— Ta collaboration me sera précieuse. C’est bien la première fois que je coince autant sur cette affaire.
L’étudiant sourit. Puis, il se rappela qu’il avait ses cours, son mémoire et son job. Il secoua la tête :
— Je ne vais pas avoir beaucoup de temps. Je termine mon master à l’université de Charnia et j’ai un travail à temps plein dans une jardinerie de la ville. Et puis…cela va prendre plusieurs jours pour examiner tous les tableaux du palais ! Je suis en congé cet après-midi mais c’est exceptionnel.
— Hum…je vois. Je m’arrangerai. Je vais contacter tes patrons. J’ai besoin de toi, Liam. Inutile que je te rappelle les enjeux. Bien. Votre Altesse, combien y a-t-il exactement d’œuvres dans le palais ?
— Oh…euh…attendez.
Le prince Matthew consulta rapidement son ordinateur avant de répondre :
— Nous possédons deux cent quatorze tableaux. Ils sont répartis dans toutes les pièces. Celles accessibles à nos visiteurs mais également dans les appartements privés.
— Je vois. Pourrais-je déjà examiner une partie de vos tableaux cette après-midi ? Ceux de la galerie où se trouve votre bureau ?
Le prince Matthew, qui ne pouvait pas refuser la requête, acquiesça de la tête. Il composa un numéro sur son smartphone pour demander à ce qu’un membre de la sécurité les rejoigne. Puis, il conduisit Liam et Julian Enfield dans le vaste couloir qui menait au bureau du prince Filippo III. La galerie contenait une dizaine de tableaux prestigieux.
Ils croisèrent une jeune femme à l’allure sophistiquée. Le prince Matthew la présenta comme était son amie d’enfance, Katharina de Steyrling. Cette dernière les salua avant d’entrer dans le bureau qu’ils venaient de quitter.
Liam fut ravi de voir que c’était Gisella qui avait été désignée pour les accompagner. Professionnelle, la jeune femme resta éloignée de l’étudiant et de l’enquêteur, tout en restant dans leur champ de vision.
-------------
Liam et Julian vont à nouveau travailler ensemble. Que vont-ils découvrir à votre avis ?
7 commentaires
Laryna
-
Il y a un an
Célia Moreau
-
Il y a un an
Gottesmann Pascal
-
Il y a un an
Cirkannah
-
Il y a un an
MONTENOT Florence
-
Il y a un an
chiara.frmt
-
Il y a un an
Diane Of Seas
-
Il y a un an