Raëlfar Bleu de Minuit Coup de tonnerre (2)

Coup de tonnerre (2)

Gaetano Barisciani contempla Liam avec stupeur. Le jeune homme se mordit les lèvres. Il aurait dû avancer ses théories de manière plus modérées. Qui était-il pour prétendre une telle chose ?

Le conservateur se demandait si l’étudiant avait tenté une blague de mauvais goût.

Mais son air embarrassé alerta le professionnel. Il toussota avant de choisir ses mots avec prudence :

— C’est une accusation très grave, Liam. En avez-vous conscience ?

— Je le sais, Monsieur. Cependant, je suis certain de ce que j’avance. Ce tableau est un faux. Existe-t-il une toile authentique, je l’ignore, mais je dispose d’une expérience de consultant auprès de la police britannique qui me permet d’affirmer que cette peinture n’a pas été réalisée par Raphaël. Je suis désolé, je ne peux pas vous en dire plus, je…je suis lié par le secret professionnel. D’ailleurs, hum…il faudrait que je puisse en discuter avec l’organisateur de l’exposition. Mais j’ignore de qui il s’agit.

— C’est le prince Matthew. Venez, je vais vous présenter à lui et nous pourrons discuter à l’abri des oreilles indiscrètes. J’espère que ce n’est pas une plaisanterie, Liam.


Le jeune homme secoua la tête :

— Je vous assure que non, Monsieur. Je ne me permettrais pas !

— Bien, voyons si nous pouvons requérir l’attention de son Altesse. Attendez-moi ici.


Le conservateur revint quelques minutes plus tard et invita Liam à le suivre dans le bureau de la directrice de la galerie. Cette dernière s’y trouvait et discutait âprement avec un inconnu que l’étudiant reconnut comme étant le prince Matthew d’Andalia. L’étudiant eut du mal à faire le rapprochement entre l’homme vêtu d’une simple veste et d’un jeans qu’il avait aperçu au foyer et celui qui se tenait devant lui.

Il avait pourtant toujours les mêmes cheveux indisciplinés, la même barbe taillée à la perfection. Comment un smoking pouvait-il à ce point le transformer ? À cet instant précis, il ne peut s’empêcher de trouver le prince très attirant.

Liam se sentit rougir. Mais il se reconcentra très vite en sentant trois paires d’yeux posés sur lui.

Gaetano Barisciani le présenta brièvement avant de lui céder la parole.


Liam se râcla la gorge avant d’intervenir. Il prit soin de peser soigneusement ses mots :

— Durant mes études, j’ai eu l’occasion d’officier comme consultant pour la police à Londres. Dans la brigade chargée de résoudre les vols d’œuvres d’art. Le restaurateur, chez qui j’ai travaillé, effectué plusieurs stages et jobs étudiants, fait partie de leurs experts attitrés. Il a estimé qu’il s’agirait d’une expérience intéressante pour moi que de tester mes connaissances d’une manière moins conventionnelle. Je ne peux rien révéler au sujet de l’enquête mais la personne qui a réalisé cette fausse toile de Raphaël n’en est pas à sa première tentative.


Le prince Matthew interrompit Liam. Sa voix rauque surprit le jeune homme.

— Comment cela ?

— Le… la police a identifié un certain nombre de tableaux. C’est un dossier qui est ouvert depuis dix ans.

— Dix ans !

Le prince se tourna ensuite vers le conservateur :

— Comment se fait-il que les experts n’ont pas été fichus de découvrir cette supercherie ?


Liam se permit d’intervenir :

— En réalité, seules les personnes qui travaillent sur ce dossier en sont capables. La cellule, pour laquelle j’ai été consultant, a mis sur pied un protocole très complet pour permettre d’identifier les tableaux réalisés par ce faussaire.

— Et c’est ce qui vous a permis d’établir la supercherie ?

— Oui, votre Altesse.

— Auriez-vous le nom et le numéro de téléphone d’une personne que je pourrais contacter à Londres ?

— Oui. Julian Enfield, l’homme qui était mon superviseur.

— Bien. Carine, Gaetano, pourriez-vous nous laisser ?


Le jeune homme crut qu’il avait mal entendu. Le prince Matthew souhaitait-il réellement qu’il reste à ses côtés ?

Liam resta planté au beau milieu de la pièce, ne sachant que faire.

— Liam ?

— Oui, euuuh pardonnez-moi Votre Altesse.

— Est-ce bien le fameux Julian Enfield qui a retrouvé ces tableaux de Paul Cézanne que l’on croyait perdus au beau milieu de l’Atlantique ?

— C’est lui, en effet.

— Comme je ne le connais pas personnellement, je préfère que vous soyez présent pendant l’appel. Je mettrai mon téléphone sur haut-parleur.


Le jeune homme communiqua ensuite le numéro de l’enquêteur et attendit avec une certaine appréhension. Il ne put s’empêcher de sourire lorsque l’Anglais imagina avoir affaire à un plaisantin. Il préféra se manifester avant que ce dernier ne raccroche.

— Julian, c’est Liam. Je vous assure, ce n’est pas une blague. C’est moi qui ai identifié le tableau.

— Liam ? Liam, mon ami, quelle bonne surprise ! Mais, comment es-tu arrivé à Andalia ?

— C’est une longue histoire.

— Tu me raconteras, j’espère. Bon, nous n’allons évidemment pas discuter de l’affaire au téléphone. Votre Altesse, je peux encore avoir une place sur un vol demain qui décolle à six heures du matin pour Venise. Je louerai ensuite une voiture. Pourriez-vous me conseiller un hôtel à Charnia ?


Le prince Matthew secoua la tête :

— Pas d’hôtel, Monsieur Enfield. Vous logerez au palais princier. Il vaut peut-être mieux éviter que vous soyez vu en ville. Vous êtes très connu et mon père va être furieux en apprenant que l’exposition que j’ai moi-même organisée comporte, au moins une œuvre qui est fausse.

— Hum…oui, vous avez sans doute raison. Vous vous trouvez toujours sur place ?

— En effet.

— Liam, puis-je te demander d’examiner l’ensemble des tableaux et de me transmettre les noms des œuvres que tu aurais identifié comme étant celles de tu sais qui.


L’étudiant acquiesça :

— Certainement. Pensez-vous que le schéma puisse avoir changé ?

— Je l’ignore.


Le prince Matthew clôtura sa discussion avec l’Anglais par les détails pratiques pour son arrivée au palais princier. Puis, il se tourna vers Liam :

— Acceptez-vous que je vous accompagne pour vérifier les tableaux ? Je sais que vous ne me donnerez aucune information mais…

— Bien entendu, Votre Altesse.


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Voilà voilà la surprise. Liam est consultant pour la police anglaise...

Vous l'aviez vu venir ???


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7 commentaires

Gottesmann Pascal

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Il y a un an

Ce passage avec le faux tableau me rappelle une histoire qui m'a été tenue pour vraie. Un marchand d'art découvre chez des paysans italien une superbe vierge peinte du XVème qui est présentée comme un héritage familial. Les vieux paysans semblent avoir aucune conscience de la valeur de leur chef d'œuvre et il achète le tableau un bon prix mais rien du tout par rapport à sa valeur. Il envoie le tableau à son homologue à Paris mais, pour passer la douane, il demande à un peintre de ses amis de réaliser une nature morte par dessus la vierge et envoie le message "Grattez". La réponse arrive un mois plus tard "J'ai découvert une nature morte, j'ai gratté. j'ai découvert une vierge dans le style du XVeme siècle, j'ai gratté. J'ai découvert un portrait de Mussolini.

Raëlfar

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Il y a un an

ha écoute je connaissais pas cette histoire ! donc non je ne me suis pas du tout basée la dessus. Tout est sorti de mon imagination débridée haha

Gottesmann Pascal

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Il y a un an

Bien sur que non...ça me l'a juste rappelée.

Diane Of Seas

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Il y a un an

💚

Cirkannah

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Il y a un an

non je n'avais pas vu venir Liam en consultant. Par contre j'avais deviné que le beau jeune homme du foyer était un Prince!! cest ce qui est bien avec toi, une surprise de taille à chaque chapitre!!
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