Fyctia
Déception (1)
Le conservateur commanda une bouteille de vin puis il s’adressa à Liam avec une franchise qui le mit très mal à l’aise :
— Je vais être honnête avec vous, Liam. Je n’ai accepté la demande de la princesse Davina que par pure politesse. On ne peut rien refuser à la famille princière si leurs requêtes n’ont rien d’illégal. Cependant, je reconnais être curieux. Tobias n’est pas homme à faire des compliments. Pourtant, il m’a déjà demandé à trois reprises de vous intégrer à mon équipe. Alors qu’il me connait depuis des années et qu’il n’ignore pas comment je choisis mes assistants. Son obstination m’intrigue. Parlez-moi de vous, quel est votre parcours ?
Liam hésita. Mais il n’ignorait pas que mentir au conservateur sonnerait le glas de ses ambitions professionnelles. Barisciani s’était montré franc avec lui. Il n’avait pas d’autre choix que d’en faire autant. Afin de ne pas démarrer sur une note négative, le jeune homme décrit ses premiers jours à l’université, il parla sans détour de sa soif d’apprendre, de son amour pour les arts et la peinture en particulier. Il mentionna du bout des lèvres l’indifférence de ses parents puis leurs critiques au sujet de son parcours académique et de ses choix professionnels. Il ne put dissimuler sa tristesse face à cet état de fait. Il crut déceler un éclat de compassion dans le regard du conservateur mais Liam préféra ne pas s’attarder sur cette impression furtive.
Ensuite, avec précaution, il évoqua le terrible geste commis par sa mère. Ému, il expliqua son exclusion, injuste à ses yeux, de l’université, son départ de Paris, son errance en Italie et sa recherche ininterrompue d’un emploi. Il termina par son arrivée à Andalia. Honteux, il décrit son séjour forcé au foyer pour sans-abris et sa pénible expérience dans la rue. Il fut heureux de terminer sur des notes plus positives en mentionnant son contrat à la jardinerie, la demande de la princesse Davina, la réussite du concours d’entrée à l’université de Charnia et son emménagement dans le studio.
Barisciani fronça les sourcils à plusieurs reprises mais ne dit rien. Lorsque Liam eut terminé son récit, le conservateur but une gorgée de vin avant de prendre la parole :
— La vie ne vous a pas fait de cadeau. Vous êtes très courageux, c’est indéniable. Peu de gens feraient preuve d’autant de volonté que vous. J’aime beaucoup votre mentalité. Vous irez loin, c’est une certitude. Vous avez accepté des emplois qui ne correspondent pas à vos aspirations professionnelles, c’est tout à votre honneur et montre votre détermination. Je suis sincèrement désolé pour cette arrivée peu évidente à Andalia. J’espère que vous n’avez pas une image trop négative de la principauté à présent.
Gaetano Barisciani se tut un bref instant. Liam eut le sentiment qu’il cherchait ses mots et que ce qui allait suivre n’allait sans doute pas lui plaire. Pour dissimuler son trouble, il préféra répondre avec un sourire :
— Non, rassurez-vous. J’ai rencontré des personnes formidables. Et je leur suis reconnaissant pour toute l’aide qu’elles m’ont apporté.
— J’en suis ravi. Néanmoins…Liam, je tiens vraiment à ce que vous sachiez que je n’ai rien contre vous. J’ignore si vous en aviez connaissance mais j’embauche très peu dans mon équipe. Le dernier assistant est arrivé dans mon équipe, il y a six ans. Le parcours de recrutement est exigeant. Il y a quatre épreuves, toutes éliminatoires. Je ne prends que les meilleurs pour débuter ce parcours. Les candidats doivent avoir obtenu leur diplôme avec une moyenne de minimum seize sur vingt. Naturellement, l’expérience professionnelle est vivement souhaitée. De plus, vous n’ignorez sans doute pas qu’à Andalia, tout employeur se doit, à compétences égales, de proposer en premier lieu ses postes vacants à un natif de la principauté. Notre métier étant très spécifique, je sais qu’il n’y a que quatre étudiants en dernière années actuellement qui possèdent la nationalité andalienne. À compétences égales, ils passeront avant vous. C’est une loi à laquelle je ne peux déroger. Ce qui ne signifie pas que je refuse de vous accorder la moindre chance. Ce que je vous suggère, Liam, c’est de terminer vos études, d’obtenir votre diplôme avec les meilleurs résultats possibles et de retourner en Italie, afin de vous aguerrir. Ou en France ou n’importe où dans le monde. N’hésitez pas à accepter quelques stages non rémunérés, il s’agit d’une expérience tout à fait valable à mes yeux. Mon travail, le travail de l’équipe est compliqué. Nous n’avons pas le droit à l’erreur. Les œuvres qui passent dans nos ateliers sont anciennes et fragiles. Elles coûtent des millions d’euros.
----------------
Oui c'est moche de couper ainsi mais le chapitre fait 1600 mots en word environ donc j'ai dû faire une coupure qui matchait avec fyctia...Désolée les gens.
Bon, après le coup de pouce, Liam va très vite redescendre sur terre.
Malheureusement Gaetan Barisciani n'a pas l'intention de lui accorder une chance...
Tsss vilaine auteure sadique...
5 commentaires
Cirkannah
-
Il y a un an
lea.morel
-
Il y a un an
Diane Of Seas
-
Il y a un an
Emma Eichen
-
Il y a un an
Gottesmann Pascal
-
Il y a un an