s'may Blacksilverstone Chapitre 7 : Samir (2/3)

Chapitre 7 : Samir (2/3)


Elle a croisé les bras, les doigts crispés sur ses coudes.- Je suis l’un des premiers à lui avoir parlé. La première nuit où on l’a sortie de là, c’est moi qui l’ai couverte, c’est moi qui lui ai dit qu’elle était en sécurité. Je ne suis peut-être pas de sa famille, mais je veux l’aider.


Un silence. Puis Jo a soupiré et s’est frotté le front.


- Elle a besoin de beaucoup de médicaments, à cause de… de ce qu’elle a subi. Elle a marqué une pause, cherchant ses mots. Des infections, des MST… Elle doit suivre un traitement lourd, et au début, elle le prenait. Mais depuis deux jours, elle refuse.


- Pourquoi ?


Jo a fermé les yeux une seconde, comme si elle essayait d’atténuer l’impact de ce qu’elle allait dire.


- Sa famille a mis Djibril à l’adoption.


Le sol s’est dérobé sous mes pieds.


Je l’ai regardée, cherchant à comprendre, à me convaincre que j’avais mal entendu. Mais non. Son expression disait tout.


- Ils… ils l’ont abandonné ?


Ma propre voix sonnait étrangère, déformée par la colère qui montait en moi comme une vague prête à tout balayer.


- Ils pensent que c’est mieux pour lui et pour elle, a dit Jo, la voix prudente, comme si elle marchait sur un champ de mines.


J’ai passé une main sur mon visage, essayant de contenir le tremblement dans mes doigts.


- Si elle réagit comme ça, c’est parce que Djibril est la seule raison qui la fait tenir.


Jo n’a rien répondu. Mais elle n’avait pas besoin. Son silence en disait long.


Jo hésita un instant avant de reprendre, mais son bipeur se mit à sonner brusquement. Son visage se décomposa en voyant le numéro affiché.


- Merde… C’est sa chambre.


Sans attendre, elle s’élança dans le couloir. Je n’avais pas besoin de plus d’explications. Mon corps réagit avant même que mon cerveau n’analyse la situation, et je me mis à courir derrière elle.


Arrivée devant la porte, Jo pila net. Trop tard pour moi. Je lui rentrai dedans de plein fouet et reculai d’un pas, prêt à m’excuser, mais mon regard fut aussitôt happé par la scène dans la chambre.


Samia.


Elle était recroquevillée dans un coin, les yeux fous, le souffle erratique, complètement dissociée. Deux infirmiers tentaient de l’approcher tandis qu’un médecin, un homme d’une cinquantaine d’années à l’air sévère, leur donnait des instructions d’un ton sec.


- Tenez-la bien, il faut lui administrer son traitement.


Samia se débattait comme un animal pris au piège. Ses bras fusaient, cherchant à repousser les mains qui tentaient de l’attraper. Son souffle saccadé ressemblait à un râle. Ses pupilles, dilatées, semblaient fixer un vide où nous n’existions pas.


Mon cœur se serra. J’avais déjà vu ce genre de détresse. Mais à l’époque je n’avais pas compris.


Jo explosa :


- Sortez ! Tout le monde, dehors ! Vous n’avez pas à être ici contre son gré !


Silence.


Le médecin haussa un sourcil, l’air exaspéré par son intervention.


- Jo, je vous rappelle que la santé du patient prime sur son consentement. Cette jeune fille est en état de détresse et refuse les soins. Nous devons intervenir.


Je serrai la mâchoire, ma patience s’effilochant à vue d’œil. Sans réfléchir, j’entrai dans la chambre et me plaçai entre Jo et lui, le dominant légèrement.


- Elle a dit de sortir, répétai-je, ma voix plus froide que je ne l’aurais voulu.


Un silence pesant s’installa.


Je n’étais pas médecin, mais je savais une chose : la force ne ferait qu’empirer l’état de Samia. Et s’ils insistaient, je ne répondais plus de moi.


Mon regard croisa celui du médecin. Il hésita, jaugeant la situation, puis soupira avant de lever les mains en signe d’abandon.


- Très bien, mais si elle fait un malaise ou aggrave son état, ce sera sur vous


- C’est ça, grognai-je, les dents serrées.


Les infirmiers commencèrent à reculer, hésitants, puis quittèrent la chambre à contrecœur. La porte se referma, nous enfermant dans un silence lourd.


Je soufflai un coup, cherchant à calmer la tension qui me vrillait les nerfs, avant de m’accroupir lentement face à Samia. Je réduisis la distance entre nous, mais pas trop. Juste assez pour qu’elle sente ma présence sans se sentir acculée.


Elle tremblait toujours.


Je pris une inspiration et, d’une voix plus douce que je ne l’aurais cru possible, je murmurai :


- Tu te souviens de moi ?


Un frémissement.


Samia releva légèrement la tête. Son regard, embué et fuyant, accrocha enfin le mien.


Une seconde. Puis une autre.


Enfin, elle hocha doucement la tête. Pas un mot. Juste ce simple geste fragile.


Un poids que je ne savais même pas porter quitta mes épaules.


Elle était là.


Et je ne comptais pas la laisser sombrer.


Je devais la ramener. Lui donner une ancre.


- Qu’est-ce que tu veux, Samia ? demandai-je doucement.


Elle ne leva pas les yeux, ne bougea même pas. Mais sa réponse fusa, tranchante, sans hésitation.


- Djibril.


Ce seul mot me frappa de plein fouet. Comme une évidence, et pourtant, l’entendre ainsi me coupa le souffle.


Je hochai lentement la tête. Je m’y attendais. Mais là, maintenant, c’était autre chose.


- D’accord. Je te ramène Djibril. Mais en échange, tu prends tes médicaments.


Jo s’agita immédiatement à côté de moi.


- Samir, ce n’est pas une négociation ! protesta-t-elle. Tu ne peux pas lui poser des conditions comme ça !


Je tournai la tête vers elle, haussant un sourcil.


- Ah bon ? Pourtant, votre médecin a bien dit que la santé du patient prime. Cette jeune fille est en état de détresse et refuse les soins. Nous devons intervenir, non ?


Je repris presque mot pour mot la phrase que le médecin avait balancée quelques minutes plus tôt. Un sourire en coin, je jetai un regard à Samia et lui fis un clin d’œil. Discret, mais assumé. Juste pour qu’elle comprenne que j’étais de son côté.


Jo croisa les bras, exaspérée.


- Tu es infernal, lâcha-t-elle avant de quitter la pièce.


La porte se referma derrière elle, nous laissant seuls.


Le silence retomba, pesant. Samia ne bougeait pas. Son regard était toujours figé sur ce foutu mur, comme si elle voulait disparaître à l’intérieur.


Puis, lentement, elle s’allongea au sol, repliant ses jambes contre elle. Je pris juste place à une petite distance, assez proche pour qu’elle sente ma présence, mais pas trop pour ne pas l’étouffer.


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1 commentaire

Alpha815

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Il y a 2 mois

excellent chapitre avec beaucoup de tension
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